Avec son sens de la formule et son franc-parler, Bart De Wever, 40 ans, détonne dans un paysage politique belge habitué aux échanges plus consensuels. Le président du parti nationaliste flamand (N-VA pour « Nieuw-Vlaamse Alliantie ») se trouve à la tête de la plus grande formation politique de Belgique puisque son parti compte 27 députés au Parlement fédéral depuis les élections du 13 juin 2010. Grand gagnant de ce scrutin en Flandre, Bart De Wever tente de négocier un accord avec l'autre vainqueur des dernières élections : le socialiste Elio Di Rupo. Or tout oppose ces deux hommes - sur le fond comme sur la forme. En matière de réforme de l'État, les nationalistes flamands posent des exigences que les partis francophones jugent « imbuvables ». La N-VA réclame, en particulier, que, sur le territoire de la Flandre, les politiques de l'emploi et de la justice deviennent des compétences flamandes. En outre, elle entend mener, au niveau fédéral, une politique de centre droit, ce qui ne correspond évidemment pas au projet de Di Rupo. Bart De Wever, qui jongle avec les médias en fin stratège politique, n'a pour l'heure pas pu concrétiser ses promesses électorales, tant les positions des Francophones et des Flamands demeurent aux antipodes les unes des autres après plus d'un an de négociations. Ce nationaliste qui veut promouvoir une idée « positive, inclusive et non raciste de la Nation » combat l'extrémisme de droite du Vlaams Belang - un parti qui exige la fin immédiate de la Belgique. Il demeure cependant persuadé que les années de la Belgique sont comptées... Ce pays, dit-il, s'évaporera entre le niveau flamand et le niveau européen, « les deux démocraties qui importeront, pour moi, dans le futur ». M. B.
Martin Buxant - Vous êtes issu d'une famille flamande modeste. Comment êtes-vous devenu ce que vous êtes ?
Bart De Wever - Sauf erreur, le président français, Nicolas Sarkozy, est lui aussi issu d'une famille modeste ; mais à force de conviction, d'intelligence et de travail, il a su devenir le premier personnage de l'État. Personnellement, j'ai beaucoup d'admiration pour Cicéron - un homme qui ne comptait aucun patricien, aucun sénateur, dans sa famille. De ce point de vue, nous sommes comparables ! La vraie explication de mon succès, c'est la démocratie. Le fait que j'aie pu parvenir à ce niveau prouve que la démocratie fonctionne. Mon avantage, c'est que je viens de la classe moyenne : je sais donc parfaitement comment celle-ci pense. Je connais la vie « normale » des gens, je ne suis pas le rejeton d'une famille qui livre des hommes politiques au pays depuis des générations ou qui aurait eu beaucoup d'argent.
M. B. - Est-ce que ces origines modestes signifient que vous avez dû énormément travailler durant votre scolarité ?
B. D. W. - J'ai étudié le latin et le grec au lycée, une filière classique. Ensuite, je suis devenu historien : j'ai étudié à l'université d'Anvers et de Louvain. J'ai été diplômé avec la plus grande distinction, ce qui m'a permis de devenir chercheur à l'université de Louvain. J'ai suivi le chemin de mon frère qui était déjà professeur à l'université. J'ai travaillé en tant que chercheur durant cinq ans ; mais l'attrait de la vie académique s'est progressivement étiolé. Le penseur Edmund Burke a dit un jour : « La vie universitaire est comparable à celle d'un bateau qui est perpétuellement en cale sèche et ne prend jamais la mer. » J'ai été gagné par ce sentiment. Reste que ce poste m'a permis d'étudier des concepts qui sont encore très importants pour moi comme la nation, l'identité, les nationalismes. C'était ma spécialité. Ma thèse de doctorat était consacrée au mouvement flamand, mais je ne l'ai jamais terminée. En tout cas, les années que j'ai passées à l'université ont forgé ma pensée. Ce que j'ai appris à l'université, je l'ai mis en pratique à la N-VA, puisque j'ai présidé le Congrès fondateur qui a adopté les statuts de notre formation.
M. B. - À quand votre engagement nationaliste flamand remonte-t-il ?
B. D. W. - Il m'est impossible de répondre à cette question. Certaines personnes peuvent dire précisément quand est née leur conscience politique ; pas moi. Cet engagement a toujours été présent dans ma famille. Ma carte de membre du parti flamand - la Volksunie -, c'est mon père qui me l'a offerte... à ma naissance ! À la maison, on ne parlait que de politique. On ne parlait même pas de football ! Vers l'âge de seize ans, je suis devenu militant actif du parti, mais je suis vraiment entré en politique après avoir terminé mes études universitaires. De simple militant, je suis devenu membre des comités de gestion. Puis, en …
Bart De Wever - Sauf erreur, le président français, Nicolas Sarkozy, est lui aussi issu d'une famille modeste ; mais à force de conviction, d'intelligence et de travail, il a su devenir le premier personnage de l'État. Personnellement, j'ai beaucoup d'admiration pour Cicéron - un homme qui ne comptait aucun patricien, aucun sénateur, dans sa famille. De ce point de vue, nous sommes comparables ! La vraie explication de mon succès, c'est la démocratie. Le fait que j'aie pu parvenir à ce niveau prouve que la démocratie fonctionne. Mon avantage, c'est que je viens de la classe moyenne : je sais donc parfaitement comment celle-ci pense. Je connais la vie « normale » des gens, je ne suis pas le rejeton d'une famille qui livre des hommes politiques au pays depuis des générations ou qui aurait eu beaucoup d'argent.
M. B. - Est-ce que ces origines modestes signifient que vous avez dû énormément travailler durant votre scolarité ?
B. D. W. - J'ai étudié le latin et le grec au lycée, une filière classique. Ensuite, je suis devenu historien : j'ai étudié à l'université d'Anvers et de Louvain. J'ai été diplômé avec la plus grande distinction, ce qui m'a permis de devenir chercheur à l'université de Louvain. J'ai suivi le chemin de mon frère qui était déjà professeur à l'université. J'ai travaillé en tant que chercheur durant cinq ans ; mais l'attrait de la vie académique s'est progressivement étiolé. Le penseur Edmund Burke a dit un jour : « La vie universitaire est comparable à celle d'un bateau qui est perpétuellement en cale sèche et ne prend jamais la mer. » J'ai été gagné par ce sentiment. Reste que ce poste m'a permis d'étudier des concepts qui sont encore très importants pour moi comme la nation, l'identité, les nationalismes. C'était ma spécialité. Ma thèse de doctorat était consacrée au mouvement flamand, mais je ne l'ai jamais terminée. En tout cas, les années que j'ai passées à l'université ont forgé ma pensée. Ce que j'ai appris à l'université, je l'ai mis en pratique à la N-VA, puisque j'ai présidé le Congrès fondateur qui a adopté les statuts de notre formation.
M. B. - À quand votre engagement nationaliste flamand remonte-t-il ?
B. D. W. - Il m'est impossible de répondre à cette question. Certaines personnes peuvent dire précisément quand est née leur conscience politique ; pas moi. Cet engagement a toujours été présent dans ma famille. Ma carte de membre du parti flamand - la Volksunie -, c'est mon père qui me l'a offerte... à ma naissance ! À la maison, on ne parlait que de politique. On ne parlait même pas de football ! Vers l'âge de seize ans, je suis devenu militant actif du parti, mais je suis vraiment entré en politique après avoir terminé mes études universitaires. De simple militant, je suis devenu membre des comités de gestion. Puis, en …
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