La menace de frappes militaires israéliennes contre l'Iran a-t-elle atteint un paroxysme avant de perdre subitement en intensité ? À la tribune de l'ONU, le 27 septembre, Benjamin Netanyahou a semblé écarter un scénario militaire imminent. Brandissant un croquis, il explique ce jour-là que l'Iran aura amassé, « d'ici le printemps, au plus tard d'ici l'été » 2013, « suffisamment d'uranium enrichi à un niveau moyen » pour pouvoir, « en l'espace de quelques mois ou de quelques semaines », se doter de la quantité de matière fissile nécessaire à la fabrication d'une arme atomique. L'année 2012 a été celle des mises en garde stridentes du premier ministre israélien, créant un sentiment d'urgence nouveau. M. Netanyahou, qui n'hésite pas à comparer le régime iranien à la menace nazie des années 1930, continue de constater une série d'impasses. L'échec des tentatives visant à démarrer des pourparlers avec l'Iran et l'effet, selon lui limité, des sanctions internationales sur l'économie iranienne n'ont pas conduit la République islamique à « changer son comportement ». Se référant aux avancées du programme nucléaire décrites par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le bras d'inspection de l'ONU, il évoque le risque de voir l'Iran entrer dans une « zone d'immunité». On s'approche, selon le gouvernement israélien, du moment où l'enfouissement des activités litigieuses iraniennes, ainsi que leur éparpillement, rendront impossible une action militaire israélienne autonome et efficace. M. Netanyahou redoute que ses options s'amenuisent face à un danger jugé « existentiel » pour son pays. Mais quelle est la part de bluff ? La crise autour de l'atome iranien ressemble à une politique du bord du gouffre. Chaque acteur veut sauver la face, ne pas apparaître faible, « tenir » jusqu'à l'extrême limite, en calculant au plus près de ses intérêts stratégiques et sécuritaires. C'est précisément de ce dosage dangereux que naît le risque de guerre. Mais c'est aussi de la peur collective d'un engrenage aux conséquences dévastatrices que peut surgir un réflexe d'apaisement. Une bonne dose d'opportunisme politique se glisse assurément dans les propos alarmistes de M. Netanyahou. Excellent connaisseur de la scène politique des États-Unis, pays où il a grandi, il n'a cessé de jouer sur le calendrier de l'élection présidentielle du 6 novembre, cherchant à obtenir un maximum d'assurances de la part de l'administration Obama : dans le cas contraire, laissait-il entendre, ses avions bombardiers pourraient décoller avant la tenue du scrutin. Or une action militaire occasionnerait immanquablement une flambée des prix du pétrole et, donc, du prix de l'essence à la pompe pour le consommateur américain - un scénario cauchemardesque pour un Barack Obama en campagne électorale. M. Netanyahou exige de Washington qu'il fixe une « ligne rouge claire » à l'Iran, au-delà de laquelle une intervention militaire américaine deviendrait inéluctable. Fort du soutien du Parti républicain, le chef du gouvernement israélien faisait le calcul que ses menaces contraindraient l'équipe Obama à lui concéder toujours plus d'équipement militaire, comme des bombes anti-bunker ou des avions ravitailleurs et que, en cas d'opération armée israélienne, …
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