La question de la sortie de guerre en Afghanistan est d'une brûlante actualité. Le retrait de la coalition internationale, en effet, est prévu pour 2014 (1). Or, curieusement, depuis 2012 ce dossier a quasiment disparu des écrans. Peut-être, après tout, est-ce parce que la crise afghane est devenue une « patate chaude » dont personne ne veut plus s'occuper.
Cet échec s'explique par de multiples erreurs. On peut tenter d'en dresser un premier bilan. Engluée au « pays de l'insolence » sans avoir emporté de décision politique ou militaire, la coalition sait que pour mettre fin à cette longue guerre (qui a déjà duré plus que celles d'Algérie, du Vietnam ou d'Irak), elle devra trouver une solution diplomatique. En mode majeur, les Américains et leurs alliés sont en quête d'une issue globale qui permettrait de sortir par le haut de la crise afghane en garantissant la sécurité du pays et de la planète face au terrorisme islamique. En mode mineur, dans un contexte de guerre civile renaissante, des discussions avec les taliban (2) ont démarré. La coalition espère que ces négociations permettront d'éviter le pire lors du retrait final (à savoir le retour en force d'Al-Qaïda dans un Afghanistan de nouveau incontrôlable) et prie pour que l'administration mise en place à Kaboul ne fonde pas comme neige au soleil une fois le dernier militaire occidental reparti...
Les erreurs initiales
Entre 2010 et 2013, la guerre est allée crescendo pour un résultat nul ou même négatif si l'on tient compte du terrain regagné par les taliban qui, à la fin de 2012, contrôlaient entièrement 152 des 398 districts afghans. Résultat : d'une « non-victoire annoncée », on est passé à une « guerre inachevée » - pas encore perdue, certes, tant que l'administration Karzaï tient et tant que la coalition évite que les puissances voisines comme le Pakistan, l'Iran, la Chine ou l'Inde s'impliquent dans les affaires intérieures du pays (3).
Le paradoxe légal
Les conditions de l'engagement initial constituent la première erreur. Suite aux attentats du 11 Septembre, les États-Unis déclenchent à partir du 7 octobre 2001 l'opération Enduring Freedom (OEF ou « Liberté immuable »), au nom de l'article 51 de la charte des Nations unies sur la légitime défense. Aucune déclaration de guerre n'est faite à l'Émirat islamique d'Afghanistan, reconnu seulement par une poignée d'États. L'objectif est de détruire les camps d'Al-Qaïda et de balayer le régime des taliban qui les a laissés s'installer. Pour la première fois dans l'Histoire, une grande puissance fait la guerre à un homme, Ben Laden, et à son organisation ! Au nom des principes de la « guerre à la terreur » et de la guerre préventive contre les terroristes, les Américains frappent d'abord seuls, appuyés par des avions de leur allié inconditionnel britannique. Les bombes des B-52 et des B-2, puis les Tomahawk et autres missiles de croisière et missiles « délivrés » par des drones de type Predator s'abattent sur les villes afghanes et les sanctuaires d'Al-Qaïda repérés par satellite. …
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