L'Arctique est en train de se libérer de son carcan de glace. Depuis plusieurs années déjà, la durée de dégel estival des océans s'allonge et la glace qui se forme l'hiver s'affine. Conséquence : la région, vraisemblablement très riche en hydrocarbures, est devenue l'objet de toutes les attentions. Les grandes puissances s'intéressent comme jamais auparavant à ces contrées septentrionales. En mai 2013, la Chine et quatre autres pays asiatiques ont fait leur entrée officielle, certes encore modeste, dans la zone : ils sont devenus observateurs au Conseil de l'Arctique (1). Face à l'appétit que la région suscite, certains analystes sont allés jusqu'à évoquer des risques de conflits. Mais, en réalité, les huit pays bordés par l'océan Arctique sont en passe de se partager juridiquement la souveraineté sur la zone. Si tensions internationales il doit y avoir, elles seront plutôt liées à la question du statut de la navigation dans les eaux libérées des glaces. Et les crises éventuelles seront probablement plus environnementales et plus sociétales que politiques. Les perspectives liées à la fonte des glaces En septembre 2012, la surface couverte de glace en Arctique était la plus réduite de ces trente dernières années (2). Le phénomène paraît irrésistible : de nombreuses études annoncent que l'Arctique sera libre de toute glace en été d'ici à 80, 40 voire 25 ans. La fonte a des effets très concrets. Cette zone autrefois difficilement accessible et apparemment stérile ouvre désormais des perspectives notables en matière de circulation maritime, de tourisme et, bien sûr, d'exploitation d'hydrocarbures et de ressources halieutiques et minières. Augmentation rapide de la circulation maritime Deux voies de navigation prennent leur essor : l'une le long de la côte canadienne, appelée « voie du Nord-Ouest » ; l'autre le long de la côte russe, surnommée en français « voie du Nord-Est » et en russe « voie maritime du Nord ». Certes, cette circulation n'est ouverte aux bateaux commerciaux classiques que pendant une courte période de l'année ; et elle est très dangereuse en raison de la présence potentielle d'icebergs, d'une cartographie souvent lacunaire, de conditions météorologiques capricieuses, de l'éloignement des ports et des services d'assistance... Mais elle offre, aussi, d'énormes avantages. Le trajet d'un bateau entre Yokohama et Rotterdam est, en moyenne, 40 % plus court s'il passe par le Nord que s'il emprunte le canal de Suez, à vitesse égale. Un navire de la compagnie minière russe Norilsk Nickel, parti en septembre 2010 de Mourmansk, est arrivé à Shanghai 41 jours plus tard. Le même voyage par le canal de Suez aurait duré 84 jours ! Naturellement, ce raccourcissement des trajets entraîne une forte réduction des coûts d'essence et de maintenance des cargos - même si certains nouveaux coûts apparaissent puisque sur la voie du nord-est les autorités russes imposent la présence, payante, d'un brise-glace officiel. Du coup, le trafic augmente rapidement. En tout, cinq bateaux avaient suivi la route trans-arctique en 2010 ; ils étaient déjà plus de trente en 2011 et quarante-six en 2012. Quant à la …
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