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COREE DU SUD : UNE FEMME AUX COMMANDES

Pascal Dayez-Burgeon - Madame la Présidente, à qui est allée votre première pensée lorsque vous avez pris vos nouvelles fonctions à la Maison Bleue, que vous aviez quittée trente-quatre ans auparavant ? On se souvient, en effet, que votre père Park Chung-hee fut lui-même président de 1961 à 1979 et que vous avez joué un rôle important auprès de lui - surtout après la disparition prématurée de votre mère en 1974... Park Geun-hye - J'ai été submergée par une très profonde émotion mais aussi par le poids des responsabilités. Lorsque la Corée a pris le tournant de l'industrialisation - une période au cours de laquelle les Coréens ont travaillé dur -, j'ai dû remplir le rôle de première dame (1). Plus tard, quand la démocratie coréenne s'est véritablement installée, j'étais à la tête du premier parti d'opposition (2). J'ai réfléchi aux raisons pour lesquelles les Coréens m'ont choisie pour être leur présidente. Ma mission est de contribuer à cicatriser les plaies de notre histoire récente et de faire de la Corée un pays où les citoyens puissent éprouver un bonheur à la hauteur des efforts consentis. Des citoyens pleinement heureux à nouveau, où qu'ils soient et quelle que soit la profession qu'ils exercent. Je fais tout mon possible pour y parvenir. P. D.-B. - Depuis le 25 février 2013, vous êtes devenue la première femme chef d'État de l'Asie du Nord-Est. Estimez-vous que le fait d'être une femme a joué en votre faveur ? P. G. - En 2007 (3), le fait d'être une femme était un handicap majeur. Ce n'était plus le cas en 2012. Le sexe n'a pas été un critère de choix pour les Coréens. Leurs voix se sont portées sur le candidat le plus digne de confiance à leurs yeux et sur ses propositions pour construire un nouveau pays totalement engagé dans le XXIe siècle. P. D.-B. - De quelle personnalité politique étrangère vous sentez-vous proche, intellectuellement et personnellement ? P. G. - Je pense à une personnalité en particulier, une femme avec laquelle j'ai eu l'occasion de renforcer une réelle confiance. Il s'agit de la chancelière allemande, madame Angela Merkel. Nous avons, l'une et l'autre, une formation d'ingénieur. J'ai fait sa connaissance en 2000 lors d'un voyage en Allemagne. Depuis, nous nous sommes rencontrées à plusieurs reprises au cours de mes déplacements en Allemagne ou lors des visites de la chancelière en Corée et nous continuons à entretenir d'excellentes relations de proximité. J'ai aussi de très bonnes relations avec le président chinois, Xi Jinping, que j'ai rencontré en 2005. Je me suis entretenue récemment avec le président Barack Obama et je me suis sentie en confiance avec lui. P. D.-B. - Depuis le mois de mars, votre pays a été vivement pris à partie par la Corée du Nord. Comment interprétez-vous cette agressivité ? P. G. - La Corée du Nord poursuit ses provocations, notamment à travers ses essais nucléaires - ce qui, à l'évidence, renforce la tension dans la péninsule coréenne. C'est un véritable …