Depuis le 1er juillet, l'Union européenne compte 28 membres. Longtemps attendue, patiemment négociée, l'adhésion de la Croatie intervient dans un contexte économique difficile : un peu partout sur le Vieux Continent, la validité même du projet européen est souvent mise en doute. Les Croates n'espèrent plus que cette adhésion entraînera une amélioration nette et rapide de leurs conditions de vie. Au contraire, ils sont nombreux à redouter que leur pays - où le chômage frappe plus de 22 % de la population active et un tiers des jeunes - rejoigne une « Europe méridionale de seconde zone », cet arc de crise qui s'étend du Portugal à la Grèce via l'Espagne et l'Italie. Alors que les élites politiques et économiques croates demeurent très europhiles, l'opinion publique n'éprouve plus un enthousiasme débordant pour l'UE, même si le sentiment « naturel » d'appartenance européenne reste vif. Dans ces conditions, est-il encore réaliste d'espérer que l'intégration de la Croatie relancera l'élargissement de l'Union aux Balkans occidentaux ? Tous les États de la région (1) sont engagés, en effet, à des stades divers d'avancement, dans ce processus dont l'issue semble parfois bien incertaine... Radioscopie du 28e État de l'Union Un pays mal connu Même si des centaines de milliers de touristes européens la visitent chaque année, la Croatie demeure, politiquement parlant, une « terre inconnue ». Certains se souviennent tout au plus qu'elle a fait partie de l'ancienne Yougoslavie, d'autres ont conservé en mémoire des épisodes tragiques comme le siège de Vukovar (automne 1991) ou la reconquête de la Krajina (août 1995). Quant à son passé plus ancien, il est généralement présenté d'une façon quelque peu caricaturale : un stéréotype répandu veut que, durant la Seconde Guerre mondiale, les Croates auraient été « tous pro-nazis », par contraste avec les Serbes, « tous résistants ». C'est oublier un peu vite que si les oustachis ont détenu le pouvoir à Zagreb entre 1941 et 1945, la Serbie connut elle aussi, à la même période, un régime collaborationniste. C'est également oublier que le mouvement des partisans fut particulièrement bien implanté en Croatie. Tito lui-même, chef de la résistance communiste puis fondateur de la Yougoslavie socialiste, était d'origine croate... Aujourd'hui encore, certaines voix, surtout en France, reprochent aux Croates d'avoir précipité l'éclatement de la Yougoslavie fédérale en obtenant leur indépendance grâce au soutien d'« apprentis sorciers » comme l'Allemagne et le Vatican. Pourtant, ce que l'on sait moins, c'est que l'idée yougoslave - c'est-à-dire celle d'une union des peuples « slaves du Sud » - fut forgée par des intellectuels croates au XIXe siècle. Peuplée de 4,3 millions d'habitants, la Croatie forme un étrange croissant qui enserre en son sein les montagnes de Bosnie-Herzégovine. Au nord-est, les plaines céréalières de la Slavonie bordent la Hongrie et descendent jusqu'au Danube. Au sud, la côte karstique de la mer Adriatique est protégée par un chapelet d'îles et d'îlots, jusqu'au golfe des bouches de Kotor qui marque l'entrée en territoire monténégrin. Zagreb, capitale économique et politique du pays, qui compte …
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