D'après ses communicants, le royaume du Maroc aurait surmonté le « printemps arabe » grâce à l'habileté de son roi, à sa réforme constitutionnelle de 2011 et à l'arrivée des islamistes au gouvernement à la fin de cette même année. Mais si le Mouvement du 20 février (M20) - un mouvement contestataire national né durant l'hiver 2011 - qui a fait trembler l'État sur ses bases semble s'être volatilisé, on aurait tort de croire que la situation est revenue à l'état ante. Depuis les législatives du 25 novembre 2011, plusieurs événements ont fait bouger les lignes en interne comme au plan international. La crise économique et financière qui frappe l'Europe et les pays du printemps arabe n'épargne nullement le Maroc. Elle s'est au contraire intensifiée depuis 2012. Cette donnée externe a des répercussions intérieures. Elle explique la poursuite ponctuelle d'émeutes urbaines et régionales, en particulier au Sahara. Elle cristallise, en outre, une tension permanente à la tête du gouvernement de coalition, obligé de mettre en oeuvre des réformes et des économies massives, alors qu'il ne maîtrise ni les tenants ni les aboutissants de la politique d'investissements qui est avant tout l'affaire des conseillers du palais royal. Au niveau international, l'insécurité que doit braver la monarchie n'est pas moins réelle. En mai 2012, le retour des socialistes français au pouvoir a été d'autant plus mal perçu qu'ils ont annoncé une réconciliation avec l'Algérie ennemie. Très méfiant envers la gauche française depuis 1981, le pouvoir marocain entretient en effet une relation particulièrement étroite avec la droite, et l'amitié entre le roi et Nicolas Sarkozy était devenue réelle. Le Maroc et l'Algérie font partie, à leur corps défendant, des pays de la ligne de front face à l'offensive islamo-démocratique. Mais la crise de succession amorcée en Algérie complique singulièrement les choses pour Rabat. Par surcroît, la guerre du Mali a renforcé le rôle d'Alger et accru les tensions dans l'ex-Sahara occidental, forçant le royaume chérifien à multiplier les efforts pour conserver la maîtrise du processus politique dans ses « provinces du Sud ». Or les réconforts que le Maroc trouve au sein du monde arabe sont devenus aléatoires. La Syrie et la Libye sont à terre ; la Tunisie, engagée dans une dynamique qui hérisse Rabat ; l'Égypte est aux mains des Frères musulmans ; quant aux monarchies wahhabites (Qatar et Arabie saoudite), en dépit de leurs proclamations d'amitié et de leurs dollars, elles présentent un réel danger dans la mesure où elles attisent les feux du djihadisme international. Le système marocain est mis à rude épreuve... Une gouvernance hyper-centralisée Une réforme constitutionnelle qui ne change rien Bien qu'il ait traversé sans grands dommages la séquence historique du « printemps arabe », le royaume du Maroc a conservé un système politique figé, non sans l'avoir fait agréer précipitamment par le peuple le 1er juillet 2011, dans le cadre d'un référendum-plébiscite proche de l'allégeance. La réforme de la Constitution, tant louée, n'a que marginalement modifié l'organisation des pouvoirs, se gardant bien de rogner les …
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