Politique Internationale - Monsieur le Président, vous êtes au pouvoir depuis 2010. À l'orée de ce second mandat, quels sont vos motifs de satisfaction et de déception ?
Juan Manuel Santos - Ma satisfaction, d'abord, c'est d'avoir réussi à réduire le chômage et d'avoir ramené le taux d'extrême pauvreté sous la barre des 10 %. Nous avons également amélioré les indicateurs de sécurité ; nous avons fait de la Colombie un pays plus respecté au niveau international ; et nous sommes plus proches que jamais de la possibilité de mettre fin au conflit armé par la négociation et le dialogue. C'est ma plus grande satisfaction : avoir mené le processus de paix jusqu'à un point jamais atteint dans l'histoire du conflit armé en Colombie.
Ma plus grande frustration est de voir de nombreux leaders politiques agir contre ce processus de paix et tenter de le délégitimer, mais sans apporter la moindre idée neuve qui permettrait de construire un pays sans guerre.
P. I. - Vous avez fait de la paix avec les FARC, que l'on sait très affaiblies militairement, une priorité absolue. Pourquoi ?
J. M. S. - La paix est ma priorité tout simplement parce que, après plusieurs décennies de conflit, la Colombie mérite de vivre sans peur ni guerre. Année après année, gouvernement après gouvernement, les dépenses sociales ont été limitées à cause du coût de la guerre. Nous avons été obligés d'allouer des ressources énormes à une situation anachronique et sans issue. Il est vrai que, malgré le conflit, la Colombie a réalisé des progrès à tous les niveaux. Alors, imaginez ce que nous pourrions faire de plus si nous parvenions à nous débarrasser de cet obstacle ! Les experts estiment que si nous parvenons à mettre fin au conflit, l'économie colombienne verrait son PIB croître de 6 à 7 %. Mais il ne s'agit pas seulement d'économie. En libérant les ressources aujourd'hui allouées à la guerre, nous pourrions travailler de façon plus efficace à la réduction de la fracture sociale. Cela nous permettrait de construire un pays où l'égalité des chances et la prospérité seraient une réalité pour tous.
P. I. - Précisément, vos détracteurs vous reprochent de ne pas avoir fait assez dans le domaine social - et cela, malgré le poids de la guerre...
J. M. S. - J'ai évoqué, il y a un instant, la baisse ininterrompue du chômage pendant 44 mois ; la réduction de la pauvreté au profit de 2,5 millions de Colombiens ; la plus forte baisse des indicateurs de l'inégalité depuis des décennies; l'inflation la plus basse de ces 60 dernières années. N'oublions pas, non plus, la construction de presque 1 million de logements (dont 100 000 gratuits pour les plus pauvres) ; la gratuité de l'éducation dans les collèges publics... J'ajoute que, dans les années à venir, nous allons réaliser la plus grande révolution des infrastructures de notre histoire grâce à des projets que nous avons élaborés et que nous avons commencé à mettre en oeuvre durant mon …
Ce site est en accès libre. Pour lire la suite, il vous suffit de vous inscrire.
J'ai déjà un compte
M'inscrire
Celui-ci sera votre espace privilégié où vous pourrez consulter à tout moment :
- Historiques de commandes
- Liens vers les revues, articles ou entretiens achetés
- Informations personnelles