Les Grands de ce monde s'expriment dans

Le gaz, énergie de demain

Politique Internationale - Les réseaux, qui font transiter l'énergie pour tous les opérateurs, sont devenus l'un des premiers vecteurs de la concurrence. Ce mouvement de libéralisation qui s'appliquera d'ici à 2016 à tous les professionnels - avec la disparition progressive des tarifs réglementés du gaz et de l'électricité - est-il parfaitement identifié aujourd'hui ? Sandra Lagumina - L'ensemble des consommateurs - professionnels et ménages - sait aujourd'hui relativement bien que la possibilité existe de choisir son fournisseur d'énergie. Le mouvement est enclenché depuis plusieurs années déjà. Cela ne veut pas dire que les procédures soient parfaitement maîtrisées par tout le monde, loin s'en faut. Par exemple, beaucoup ignorent qu'après avoir quitté les tarifs réglementés on peut y revenir. Donc le choix est forcément plus difficile à faire. Cette méconnaissance est-elle très étonnante ? Sans doute pas. En quelques années, l'énergie a basculé d'un monde dans un autre : on vivait à l'heure des monopoles - EDF pour l'électricité et GDF pour le gaz - et un nouveau modèle est apparu, avec l'émergence de plusieurs fournisseurs, français et étrangers. La séparation chez les opérateurs historiques des différentes activités de production, de transport et de distribution a contribué à compliquer le paysage. Sauf exception, le grand public n'a pas encore perçu tous les rouages de ce nouveau mode de fonctionnement du secteur de l'énergie. P. I. - Précisément, le consommateur doute-t-il aujourd'hui des bienfaits de la concurrence dans l'énergie ? S. L. - En principe, quel que soit le domaine d'activités, le développement de la concurrence s'accompagne d'une baisse des prix. Dans notre cas, le mouvement de libéralisation a coïncidé avec une tendance structurelle à la hausse des prix de l'ensemble des énergies. Ce phénomène désoriente un peu plus le consommateur. L'une des erreurs a été de faire croire que la concurrence dans l'énergie pourrait ressembler à celle qui a progressé à toute allure dans les télécoms. Or ces deux secteurs d'activités sont bien différents, notamment au niveau de la perception du consommateur : dans les télécoms, le potentiel d'innovation des produits est immédiatement visible. L'ouverture des marchés s'est faite au rythme des évolutions technologiques. Chacun peut comparer un équipement à un autre, de même que l'éventail des services ou le prix d'un abonnement. Dans l'énergie, les composants d'une offre sont plus immatériels et, même si les technologies évoluent aussi, on ne peut pas parler de véritables ruptures. Cela ne favorise pas un ressenti optimal du bien-fondé de la concurrence. P. I. - En sa qualité de gestionnaire du réseau de distribution de gaz, GrDF achemine du gaz pour l'ensemble des fournisseurs et pas seulement pour le compte de GDF Suez. Êtes-vous capables de traiter de gros volumes de clients qui souhaitent quitter un opérateur pour un autre ? S. L. - Non seulement nous en sommes capables, mais nous l'avons récemment prouvé. À la fin de l'année dernière, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a lancé une opération d'achat groupé pour le compte d'un nouvel opérateur sélectionné à l'issue d'un appel d'offres. …