Politique Internationale - Parmi les différentes sources d'énergie, quelle est celle qui se caractérise par le réseau de transport le plus commode sur le plan logistique ? Olivier Appert - Comme le disait l'économiste américain Jeffrey Frankel en 1950, « le pétrole est liquide et tout en découle ». C'est une matière première à la fois facilement transportable et aisément stockable : d'une manière générale, sauf exception, on rencontre peu de problèmes pour l'acheminer. La tâche est plus compliquée pour le charbon, qui est solide. Si le gisement est loin de la côte ou du lieu de consommation, le transport nécessite le développement de réseaux de chemin de fer coûteux. On estime qu'en Chine, par exemple, le charbon mobilise la moitié du fret ferroviaire. Le gaz, lui, peut être transporté sous forme gazeuse par des gazoducs ou sous forme liquide par bateau. L'acheminement par gazoduc crée un lien rigide entre le pays producteur, le pays consommateur et les pays de transit. Le conflit entre l'Ukraine et la Russie illustre bien les difficultés que peut engendrer un tel transit. Pour les plus grandes distances, le transport maritime sous forme liquide est plus économique. Mais il suppose la mise en place d'une infrastructure complexe et chère : installations de liquéfaction, méthaniers, unités de regazéification. Quant à l'électricité, elle exige des lignes à haute tension qui ne sont pas non plus bon marché. On sait, en outre, que la construction de ce type de lignes se heurte à l'opposition des populations concernées. Aujourd'hui, ces problématiques de transport sont devenues d'autant plus cruciales que, pour toutes les sources d'énergie, la distance entre les zones de production et les bassins de consommation ne cesse de croître. Tous les professionnels du transport doivent donc posséder une parfaite maîtrise des circuits d'approvisionnement, qui imposent d'effectuer des trajets longs et sur des routes parfois semées d'embûches, comme le montre le développement de la piraterie au large de l'Afrique. P. I. - Quel est l'impact du coût de la logistique sur celui de la matière première ? O. A. - Cet impact est très variable selon les énergies. Dans le cas du pétrole, on estime que la part du transport représente entre 10 et 15 % du prix du baril. Ce coût relativement faible a permis le développement du commerce international. Ainsi, 90 % du pétrole consommé à l'échelle mondiale voyage par voie maritime. En ce qui concerne le gaz naturel, le transport, aussi bien par gazoduc que par méthanier, pèse environ 50 % du coût pour le consommateur final. Il n'existe pas à proprement parler de transport sur longue distance d'électricité. Pour vous donner une idée, en France, le coût des réseaux entre pour 40 % dans le prix hors taxe du kW. La dimension sécurité doit également être prise en compte : le transport de matières premières exige des opérateurs qu'ils se protègent d'une série d'aléas, qu'il s'agisse des problèmes de transit, des tempêtes ou des actes de piraterie. À l'arrivée, la logistique de l'énergie est devenue …
Ce site est en accès libre. Pour lire la suite, il vous suffit de vous inscrire.
J'ai déjà un compte
M'inscrire
Celui-ci sera votre espace privilégié où vous pourrez consulter à tout moment :
- Historiques de commandes
- Liens vers les revues, articles ou entretiens achetés
- Informations personnelles