Politique Internationale - Qu'est-ce qui explique la montée en puissance des infrastructures de réseaux énergétiques ?
Jean-Marie Chevalier - Toute l'Europe est aujourd'hui entrée, peu ou prou, dans une phase de transition énergétique. Cette nouvelle donne n'est pas tombée du ciel : elle se produit à un moment où l'on demande aux systèmes énergétiques d'être à la fois plus efficaces, plus intelligents et plus économes en CO2. La réorientation d'un paysage énergétique s'effectue plus ou moins rapidement d'un pays à l'autre, mais partout elle repose sur la règle des « trois fois vingt », impulsée par l'Union européenne : 20 % d'énergie d'origine renouvelable ; 20 % d'efficacité énergétique en plus ; et 20 % d'émissions de gaz à effet de serre en moins. Trois caps importants qui doivent être atteints en 2030. Dans ce cadre, les réseaux auront un rôle essentiel à jouer : depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette ossature s'est peu à peu densifiée, notamment avec l'émergence d'une plaque électrique européenne qui permet de relier les pays entre eux. Aujourd'hui, les transformations induites par la transition énergétique obligent à renforcer ces infrastructures. Par exemple, les objectifs accrus en termes de renouvelable exigent de tirer des lignes électriques supplémentaires. Il faut, en effet, raccorder au réseau des mégawatts (MW) d'origine éolienne ou solaire, deux sources de production quasi inexistantes voilà encore quelques années et qui vont représenter à moyen terme une part importante dans le « mix » énergétique de la plupart des pays.
P. I. - Vous soulignez la nécessité de renforcer les réseaux : pourtant, cette exigence tarde souvent à se concrétiser. Est-il donc si difficile de mettre des programmes industriels en chantier ?
J.-M. C. - La volonté - ou l'absence de volonté - industrielle n'explique pas tout. Il faut intégrer également les grands éléments de cadrage politique. Prenons le cas de l'électricité : pendant plusieurs décennies, la fourniture a fait l'objet d'un monopole, sans que se pose la moindre question de concurrence. C'était le cas en France, mais aussi dans de nombreux pays d'Europe. Forcément, des habitudes ont été prises, qui n'incitent guère à changer de pied. Pourquoi renforcer des réseaux si l'on considère qu'on fonctionne en autarcie énergétique, avec comme seule préoccupation d'alimenter son territoire ? Mais la perception de la situation, partagée par la quasi-totalité des opérateurs - producteurs, transporteurs, distributeurs... -, est désormais tout autre : l'énergie n'est plus un bien « national », régi au sein d'un petit club d'acteurs et fondé sur une politique facilement orientée par les pouvoirs publics.
P. I. - Dans ce domaine, la France s'est-elle rapidement mise à l'heure européenne ?
J.-M. C. - Réseau de transport d'électricité (RTE), la filiale d'EDF en charge des lignes haute et très haute tension, n'a plus seulement à veiller à l'équilibre entre l'offre et la demande en France ; il exerce aussi une responsabilité majeure à l'échelle européenne. RTE et ses homologues ont pour tâche d'harmoniser le réseau électrique sur l'ensemble du continent. Il s'agit …
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