Tous les voyants sont au vert pour qu'Angela Merkel soit reconduite dans ses fonctions de chef du gouvernement allemand après les législatives du 24 septembre prochain. Sauf faute majeure ou imprévu fatal, elle pourra entamer une quatrième législature au poste de chancelière fédérale qu'elle détient depuis 2005, soit trois mandats de quatre ans successifs totalisant douze ans de gouvernement. Or cette probabilité, émise sous toute réserve, tient du miracle. En effet, de la fin de l'été 2015 au début de l'année 2017, l'avenir de la chancelière paraissait irrémédiablement compromis.
Sa défaite annoncée résultait de l'ouverture du pays - et, du coup, de l'Europe puisque l'Allemagne est au coeur du continent - à un afflux de migrants sans précédent en provenance essentiellement du Moyen-Orient en guerre et subsidiairement d'Afghanistan et de divers pays africains, dont l'Érythrée. Son électorat de centre droit, ainsi que les électeurs plus à droite encore la tenaient pour responsable de cet afflux spectaculaire de malheureux en très grande majorité musulmans, ne parlant pas allemand et réduits à vivre d'aumônes et de subsides. Le décalage que ce phénomène inattendu provoqua entre la population et sa chancelière se solda par une série de revers électoraux pour son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), tout au long de l'année 2016 à l'occasion de divers scrutins régionaux. Le Parti social-démocrate (SPD), associé au gouvernement fédéral, perdit lui aussi du terrain, mais moins que la CDU.
Pourtant, convoqué le 6 décembre 2016 à Essen, le congrès de la CDU réélut Mme Merkel à sa tête, avec une majorité confortable de 89,5 %. Ce vote honorait les services qu'elle avait rendus depuis son élection à la présidence de la CDU en 2000 dans cette même ville de la Ruhr. Du coup, elle était automatiquement désignée chef de file de la campagne de la droite aux législatives (1) mais avec un bémol : son score était légèrement inférieur aux 96,4 % qu'elle avait obtenus en 2014, lors de sa précédente réélection à la présidence de la CDU. Les dix minutes d'ovation des 1 001 délégués qui acclamèrent le discours de la chancelière furent interprétées çà et là comme un émouvant adieu (2). Car l'opinion publique anticipait à ce moment-là la fin de l'« ère Merkel ». Ces petits mais significatifs 6,9 points de moins par rapport au vote du précédent congrès étaient une sorte de mise en garde contre toute tentation de retour à la « culture de bienvenue » qu'elle avait proclamée à la fin de l'été 2015 à l'adresse des migrants. Sentant le vent tourner, Mme Merkel avait dans son discours donné des gages de fermeté sur certaines questions sensibles en se prononçant contre le « voile islamique intégral », contre les « sociétés parallèles », les « règles tribales », les « codes de l'honneur » et en lâchant qu'« une situation comme celle de l'été 2015 ne pouvait et ne devait pas se répéter ». Elle reprit même un slogan qu'elle avait formulé des années auparavant, à savoir que « l'Allemagne est …
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