L'élection présidentielle française de 2017 est plutôt une bonne nouvelle pour le partenariat transatlantique. Proche de la Russie, critique vis-à-vis de Washington, Marine Le Pen avait annoncé dans son programme qu'elle quitterait le commandement intégré de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) dans lequel la France était revenue en 2009 sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy. C'était, sur un créneau gaulliste fort disputé, l'un de ses points d'accord avec le nationaliste Nicolas Dupont-Aignan, son seul et éphémère allié du second tour.
Le vainqueur, Emmanuel Macron, présente un profil plus rassurant. Candidat pro-européen adoubé par Barack Obama, il n'envisage aucunement de remettre en cause l'engagement de la France dans l'Otan. En même temps, conseillé par l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, il affiche parfois une forme de posture « gaullo-mitterrandienne » qui pourrait, le cas échéant, le pousser à atténuer le consensus atlantiste et les politiques étrangères occidentalistes des deux quinquennats précédents (1).
Emmanuel Macron n'entend pas soutenir de nouveaux élargissements de l'Alliance, sauf dans les Balkans et, éventuellement, pour la Finlande et la Suède, ce qui est bien le moins pour un partisan du « modèle scandinave ». Désireux de réduire ses engagements militaires, le nouveau président réserve également la participation des forces françaises à des interventions de l'Otan en dehors de sa zone géographique (c'est-à-dire hors d'Europe) aux « seuls cas où les intérêts de la France sont directement concernés ». Prise à la lettre, cette déclaration pourrait introduire un léger doute sur l'application par Paris de l'article 5 de la charte qui pose le principe de la solidarité entre alliés.
Il faudra voir, à l'usage, si cette méfiance originelle résiste aux nécessités de la géopolitique internationale, fort troublée en ce début de XXIe siècle. Elle témoigne, en tout cas, des débats qui continuent d'agiter les États du Vieux Continent sur l'utilité de l'unité européenne et, au-delà, les pays occidentaux sur l'intérêt du projet transatlantique. Pourtant, de la menace d'un désengagement américain, un temps brandie par Donald Trump, aux gesticulations du Kremlin en Europe orientale, en passant par la maîtrise d'une rive sud de la Méditerranée en pleine instabilité, les raisons de faire face à plusieurs aux défis de l'heure ne manquent pas. Mais l'Otan, telle qu'elle existe aujourd'hui, est-elle capable de les relever ?
Le défi russe
Le premier de ces défis est, bien sûr, la politique russe en Europe orientale. D'une certaine manière, l'intervention de Moscou dans la crise ukrainienne, suivie de l'annexion de la Crimée en 2014, a constitué une aubaine pour l'Alliance atlantique. Depuis la fin de la guerre froide, celle-ci se cherchait une raison d'exister. On connaît le mot fameux du conseiller diplomatique de Gorbatchev : « Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d'ennemi. » Le retour d'un « péril russe » lui permet de revenir à sa « proposition de valeur » initiale.
L'Otan est, en effet, une création de la guerre froide (2). En 1948, le coup de Prague (la prise du pouvoir par les communistes …
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