Les Grands de ce monde s'expriment dans

Très chères opérations de paix...

Le 14 février 2017, Paris obtient pour la cinquième fois consécutive la nomination d'un diplomate français, Jean-Pierre Lacroix (1), à la tête du très prestigieux Département des opérations de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies. Ce succès intervient alors que de lourdes interrogations pèsent sur les 16 opérations actuellement autorisées par le Conseil de sécurité. Le poids budgétaire croissant de ces opérations, leurs résultats plus que mitigés, leur durée de vie à rallonge et les scandales à répétition qui contribuent à ternir l'image des Casques bleus - en Centrafrique, en République démocratique du Congo, au Sud-Soudan... - ont, en effet, semé le doute sur leur pertinence.
Dans ce contexte de fortes contraintes, et alors que la conflictualité du monde s'accentue, l'ONU se doit de réexaminer le fonctionnement de ses opérations de paix afin de proposer à ses États membres des solutions pragmatiques et efficaces.

Haro sur les opérations de paix des Nations unies ?

Dès son arrivée au pouvoir, l'administration Trump a émis des signaux préoccupants sur ses contributions futures à l'Organisation. Or les États-Unis assurent 28 % du financement des opérations de paix, soit près de 2,2 milliards de dollars par an. En signant en janvier dernier le décret présidentiel intitulé « Audit et réduction du financement des organisations internationales », le nouveau président a demandé à son administration de diminuer « d'au moins 40 % » les subsides versés aux organisations internationales et instauré une commission chargée de suggérer des coupes budgétaires, notamment pour les opérations de maintien de la paix. Des opérations qui - d'après l'ancien secrétaire général adjoint, Hervé Ladsous - sont pourtant calculées au plus juste (2).
De fait, le Département d'État a rondement obtenu du Conseil de sécurité d'importantes réductions de format, voire la fermeture de plusieurs opérations. La MONUSCO en République démocratique du Congo a vu ses effectifs allégés. Le même sort sera probablement réservé à la mission conjointe Organisation des Nations unies/Union africaine dans le Darfour, au Soudan (MINUAD). Quant aux missions en Haïti, au Liberia et en Côte d'Ivoire, elles seront prochainement supprimées. Ainsi, en l'espace de quelques mois, l'administration américaine aura-t-elle obtenu ou fait accélérer la fermeture de 5 missions, dont 2 majeures en Afrique.
Lors de sa prestation de serment devant l'Assemblée générale, le 12 décembre 2016, le nouveau secrétaire général Antonio Guterres déclarait : « Il est grand temps pour les Nations unies de reconnaître leurs lacunes. Cette organisation est la pierre angulaire du multilatéralisme et a contribué à des décennies de paix relative. Mais elle n'est plus en mesure maintenant de relever les défis contemporains. » Selon lui, des réformes s'imposent dans trois domaines clés : le maintien de la paix, l'aide au développement et les droits de l'homme. L'offensive américaine sur le Département des opérations de maintien de la paix pourrait bien précipiter les changements.
Pourtant, l'idée de réforme n'est pas nouvelle. Dès 2000, l'Organisation des Nations unies lance une réflexion d'ensemble sur les opérations extérieures. Il faut dire qu'avec la chute du …