« L'Union européenne est un ennemi ! » Ce 15 juillet 2018, le ciel tombe sur la tête de tous les Européens atlantistes. L'ami américain, l'allié américain, le parrain américain a osé traiter les Européens comme les Chinois et les Russes. Certes, ces propos sidérants ont été tenus par un président, Donald Trump, que l'establishment des deux rives de l'Atlantique considère comme illégitime, pour ne pas dire plus. Reste que dix-huit mois après son élection M. Trump est toujours au pouvoir et impose à l'ensemble du monde un agenda politique qui bouleverse toutes les règles établies.
America first !
En qualifiant l'Europe d'« ennemie » dans une longue interview à CBS, le locataire de la Maison-Blanche est dans le droit fil de ses discours précédents et de sa pensée. Son obsession : les déficits commerciaux. Sa cible : tous les pays, ou groupes de pays, qui accumulent des excédents sur les États-Unis. Son objectif : rapatrier le maximum d'emplois et de valeur ajoutée sur le territoire national et affirmer la puissance américaine aux quatre coins du monde. Son slogan, « America First », a été interprété comme une tentation isolationniste. C'est faux ! « America First », pour Donald Trump, signifie tout simplement qu'il ne pense qu'aux intérêts américains et n'entend faire que le minimum de concessions et de compromis. Mais « America First », ce n'est pas seulement l'Amérique d'abord, c'est aussi l'Amérique première, l'Amérique primus inter pares.
Une Amérique qui affirme sa puissance à travers ses armes. Le président a massivement augmenté le budget de la défense qui, avec plus de 700 milliards de dollars, représente plus que la totalité des budgets militaires du reste de la planète. Le complexe militaro-industriel a retrouvé toute sa puissance alors que, sous Barack Obama, ce sont surtout Wall Street et les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) qui avaient les faveurs de l'administration. Comme l'avait fait il y a près de quarante ans Ronald Reagan, Donald Trump relance la « guerre des étoiles » avec le secret espoir que Chinois et Russes s'épuiseront à vouloir le suivre.
Une Amérique qui, à travers l'extraterritorialité de son droit et la puissance du dollar, entend plus que jamais imposer sa géopolitique. À base de sanctions économiques et d'oukazes. L'Iran représente, à cet égard, un cas d'école. Les Européens - Emmanuel Macron en tête - ont été incapables d'infléchir la détermination de Donald Trump à sortir de l'accord sur le nucléaire iranien (JCPOA). Face à la menace de sanctions, toutes les grandes entreprises européennes quittent l'Iran. Et l'Union a montré, au-delà de quelques mâles déclarations, son impuissance à s'opposer à la volonté américaine. Que l'accord sur le nucléaire ait permis à Téhéran de revenir dans le jeu au Proche-Orient est indiscutable. Qu'Israël et l'Arabie saoudite vivent mal ce retour de la Perse est certain. Que Donald Trump, épousant les vues de Riyad et de Tel-Aviv, déchire l'accord que son prédécesseur avait signé est une chose. Mais qu'il entende punir tous ceux qui continueraient à …
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