À l’automne 2017, il aurait pu devenir l’un des principaux ministres d’Angela Merkel. Mais Christian Lindner en a décidé autrement. Après quelques semaines de tractations avec les conservateurs (CDU-CSU) et Les Verts, le président du Parti libéral-démocrate (FDP) a renoncé à entrer au gouvernement. « Mieux vaut ne pas gouverner que mal gouverner », a-t-il alors expliqué, tuant dans l’œuf la première coalition « jamaïcaine » qui aurait pu diriger l’Allemagne, en référence aux couleurs associées aux trois familles politiques qui l’auraient composée (noir pour les conservateurs, jaune pour les libéraux et vert pour les écologistes).
Près de trois ans plus tard, le chef de file des libéraux allemands ne regrette en rien sa décision, même si celle-ci lui a été beaucoup reprochée. Âgé de 41 ans, Christian Lindner veut, en effet, croire qu’il a l’avenir devant lui et que son choix ne le condamnera pas durablement à rester dans l’opposition.
Reste que l’époque est difficile pour les libéraux allemands. Longtemps considéré comme un parti charnière, capable de s’allier tour à tour aux sociaux-démocrates (sous Willy Brandt et Helmut Schmidt) et aux conservateurs (sous Konrad Adenauer, Helmut Kohl et lors du deuxième mandat de Mme Merkel de 2009 à 2013), le FDP fut pendant des décennies un allié incontournable pour la constitution de majorités parlementaires. Cette période est révolue, la récente poussée des Verts remettant aujourd’hui en cause sa place centrale dans la vie politique de la République fédérale.
S’il peut se targuer d’avoir permis au FDP de faire son retour au Bundestag en 2017, quatre ans après qu’il en eut été chassé pour la première fois de son histoire faute d’avoir atteint les 5 % nécessaires, Christian Lindner espère que son parti jouera à nouveau un rôle moteur après le départ de Mme Merkel, prévu à l’automne 2021 si des élections anticipées ne sont pas organisées d’ici là.
C’est dans ce contexte que celui qui fut élu président du FDP à l’âge de 34 ans, en 2013, nous a reçu dans son vaste bureau du Bundestag, où deux maquettes de Porsche miniatures rappellent sa passion pour les grosses cylindrées.
T. W.
Thomas Wieder — Le 5 février, le chef de file de votre parti en Thuringe, Thomas Kemmerich, a été élu ministre-président de ce Land d’ex-Allemagne de l’Est grâce aux voix de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), la formation de la chancelière fédérale Angela Merkel, et du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Du jamais vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette élection a provoqué un séisme politique dans le pays, au point que M. Kemmerich a remis sa démission dès le lendemain. Quelle leçon tirez-vous de cet événement ?
Christian Lindner — Ce qui s’est passé en Thuringe ces dernières semaines a confirmé la distance qui existe entre les partis attachés aux valeurs de la démocratie libérale, d’une part, et l’AfD, d’autre part. Le fait que l’AfD ait voté pour notre candidat, sans que celui-ci en soit averti au préalable, l’a mis dans une situation impossible. …
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