« Mort à l’Amérique ! Mort à Israël ! » Les années passent mais rien ne change, en apparence, sous le ciel de Téhéran où ce 11 février 2020, une foule dense, malgré le froid et la neige, célébrait le 41e anniversaire de la « splendide révolution ». Faute d’être capables de vaincre militairement le « grand Satan » et le « petit Satan », on appelle les participants à piétiner les immenses drapeaux à la bannière étoilée et à l’étoile de David disposés sur le sol. Triste parodie d’une guerre virtuelle mais consubstantielle à l’identité du régime islamique. Si les portraits du guide Khomeyni et de son successeur Khamenei flottent toujours au-dessus des manifestations officielles, d’autres images nous montrent de jeunes Iraniens qui empruntent ostensiblement les trottoirs afin de ne pas avoir à souiller les symboles israélien et américain étalés au milieu de la chaussée. La République islamique ne fait plus rêver ni en dehors ni à l’intérieur de l’Iran, ce grand pays de 82 millions d’habitants qu’elle a rendu « misérable » selon la formule d’un député « réformateur ». Soufflera-t-elle dans quatre ans ses 45 bougies ? Fêtera-t-elle même, l’an prochain, son 42e anniversaire ? Le compte à rebours a-t-il commencé ? Dieu seul le sait... S’il n’est pas écœuré par les fleuves de sang qui ont coulé en son nom depuis 41 ans...
En ce printemps 2020, la fière République islamique a mis un genou à terre. Sous le double effet du coronavirus et des sanctions économiques, réimposées par les États-Unis depuis 2018, l’Iran des mollahs, pour la première fois de son histoire, a imploré l’aide du Fonds monétaire international. Si les dirigeants du régime soufflent toujours sur les braises afin d’entretenir la flamme vacillante de la révolution, la moindre étincelle peut embraser une société au bord de la crise de nerfs.
Le bras de fer engagé par Donald Trump va-t-il mettre à bas la République islamique ? Ou va-t-il finalement s’achever par un nouvel accord sur le nucléaire qui assurerait la survie des héritiers de Khomeyni ? Une fois de plus, le sort de l’Iran semble dépendre des États-Unis qui, depuis quatre décennies, n’ont réussi ni à renverser un régime honni qu’ils ont paradoxalement contribué à installer, ni à se réconcilier avec lui.
Révolution islamique et « ceinture verte »
11 février 1979. « Allah Akbar !, Dieu est grand ! » et « Magbar chah ! Mort au chah ! » : ces deux slogans qui, depuis un an, accompagnaient le tsunami révolutionnaire se mêlaient aux tirs de mitraillettes et aux explosions de grenades dans les rues de la capitale iranienne, livrée aux émeutiers islamistes et d’extrême gauche. Abandonnant à son sort le gouvernement légal du premier ministre Chapour Bakhtiar, social-démocrate et partisan d’une monarchie constitutionnelle, les chefs de l’armée impériale ont déposé leurs armes aux pieds de l’ayatollah Khomeyni, chaussés de son n’alêïn — la paire de sandales emblématique du clergé —, balayant ainsi les derniers vestiges du régime du chah, qui se …
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