Les crises sont toujours des révélateurs et celle née de l’épidémie de Covid-19 n’échappe pas à la règle. Elle illustre parfaitement les heurs et malheurs auxquels les dirigeants politiques sont confrontés dans l’exercice du commandement.
Mon propos n’est ni de donner des leçons, ni de participer à la mise en cause généralisée de ceux qui nous gouvernent. Compréhension et indulgence viennent spontanément à l’esprit de ceux qui connaissent l’épreuve du feu… Mais, à l’aune d’une expérience ministérielle traversée d’épisodes éprouvants — notamment la canicule de 2003 qui fit 30 000 morts en cinq semaines — et de mon mandat de maire, je souhaite livrer aux lecteurs quelques réflexions personnelles.
Pour commencer, disons un mot de la crise sanitaire elle-même.
Ce n’est pas la première épidémie, ni même pandémie, que nous ayons connue ; notre Histoire en est jalonnée. Mais celle du Covid-19 présente des spécificités.
D’abord, pour la première fois de l’Histoire du monde, c’est une pandémie véritablement universelle. Tous les continents sont frappés en même temps ou presque et, si des territoires ou des populations semblent moins à risque de contamination ou de propagation, chacun est directement ou indirectement affecté par la crise et se sent menacé. Ce n’est pas le fait de la maladie mais d’un monde qui n’a jamais été aussi interconnecté.
Deuxième originalité, le Covid-19 a mis le monde à l’arrêt. C’est un moment de « pause » de l’humanité qui relève de l’absolument jamais vu : en mars 2020, la moitié de la planète s’arrête et, par voie de conséquence, l’autre moitié est au ralenti.
Enfin, ce mal survient alors que notre rapport à la maladie et à la mort a profondément changé. On a redécouvert ces dernières semaines que la grippe de Hong Kong avait, il y a cinquante ans tout juste, tué 1 million de personnes dans le monde, dont 31 000 en France, dans une indifférence alors quasi générale. Aujourd’hui, cela nous semble insupportable. De plus, en 2020, nous nous pensions, à tort, à l’abri de tout : les progrès phénoménaux de la médecine nous donnaient l’illusion que nous pouvions vaincre la maladie et presque la mort. Nous étions dans le déni d’un risque auquel on ne croyait plus et qu’on détestait nous voir rappeler.
Pourtant, dire que cette pandémie ne ressemble à aucune autre ne signifie pas que la crise était imprévisible.
D’une part, il y a ceux qui, depuis dix ans au moins, sonnaient l’alarme sur l’impréparation en cas de pandémie mondiale. Sans même parler de livres ou de films qui ne sont désormais plus tout à fait de science-fiction, la CIA, Bill Gates, le Pentagone, des scientifiques et divers think tanks, entre autres, avaient alerté. D’autre part, si globalement nous sommes en meilleure santé que les générations précédentes, nous savons que nos modes de vie, fondés sur la sédentarité et la surconsommation, nous rendent individuellement vulnérables et sujets au diabète, à l’obésité, aux maladies cardio-vasculaires, etc.
Or, trop souvent, rien n’a été anticipé et, dans un certain nombre de pays, on est tombé des nues devant un tel niveau d’impréparation.
Au-delà de ce bref …
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