« Je suis Giorgia Meloni. Je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne. » Lors du grand meeting des forces de droite qui s’est tenu le 19 octobre 2019 sur la place Saint-Jean-de-Latran, devant la basilique, Giorgia Meloni a enflammé les 100 000 militants venus proclamer à Rome leur défiance à l’égard du second gouvernement Conte en s’engageant à « défendre Dieu, notre patrie et nos familles de l’islamisation ». Cette figure marquante de l’opposition fait entendre sa voix à un moment où le gouvernement de centre gauche constitué en septembre 2019 par Giuseppe Conte, proche des Cinq Étoiles (1), est de plus en plus critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire et économique. Quelle est donc cette pasionaria blonde de 43 ans, très photogénique, qui préside depuis 2014 Fratelli d’Italia, la formation la plus à droite de la coalition d’opposition comprenant la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi ?
Née en janvier 1977 à Rome dans une famille relativement aisée, Giorgia a été élevée par sa mère, une femme de droite, son père d’origine sarde, expert-comptable, ayant quitté le domicile conjugal. Elle lui en voudra toute sa vie et ne cherchera jamais à le revoir. La famille s’est installée à la Garbatella, quartier périphérique de Rome à l’élégante architecture rationaliste des années 1930. Dès l’âge de 15 ans, elle s’engage dans le mouvement de jeunesse du parti néo-fasciste, le Mouvement social italien (MSI). À 29 ans, elle est élue député du Latium et décroche la vice-présidence de la Chambre des députés. À 31 ans, elle devient la plus jeune ministre de l’histoire de la République italienne (pour la Jeunesse) au sein du quatrième gouvernement Berlusconi (2008-2011). En décembre 2012, elle fonde Fratelli d’Italia avec la fraction nationale-conservatrice de l’Alliance nationale, le parti qui a succédé au MSI. Quinze mois plus tard, elle en prend la présidence. Elle est, à ce jour, la seule femme à diriger une formation politique en Italie.
Son parcours est balisé de succès. En témoignent ses résultats électoraux. À sa création, FDI comptait onze députés et onze sénateurs. Il en a aujourd’hui respectivement trente-trois et dix-huit. En termes de voix, l’ascension est tout aussi frappante : 3,66 % aux européennes de 2014 ; 4,4 % (avec 1,4 million de suffrages) aux législatives de mars 2018 ; 6,5 % aux dernières européennes de mai 2019. Fin mai 2020, les sondages lui attribuaient 15,4 % des intentions de vote.
En six ans, Giorgia Meloni est devenue incontournable. Formidable oratrice sur les places publiques autant qu’au Parlement, critique véhémente de la gauche, liée à l’ultra-droite américaine et à son gourou Steve Bannon qu’elle a fait venir à Rome en septembre 2018 et qui la considère comme « le visage rationnel du populisme de droite », proche du premier ministre hongrois Viktor Orban tenu à l’écart par le reste de l’Europe, elle saisit toutes les occasions pour défendre ses idées et dénoncer les « erreurs » du gouvernement Conte. Elle a présenté quatre propositions de référendum : élection directe du chef de l’État ou du chef du gouvernement ; « suprématie » des lois italiennes sur les traités …
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