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La Chine au révélateur de l’épidémie

L’épidémie de Covid-19, partie de la ville de Wuhan, a envahi le monde au cours de l’hiver et du printemps 2020, traumatisant les populations d’un bout à l’autre de la planète. L’attention intense dont la Chine a fait l’objet durant toute cette période révèle des failles qui fragilisent gravement le régime. Au sortir de cette crise, il est probable que le regard sur la Chine aura définitivement changé.

Seul un système totalitaire pouvait réagir comme il l’a fait en confinant strictement, et pratiquement sans aucun préavis, la population de toute une province — le Hubei — et ses quelque 50 millions d’habitants. Seul un pays qui a réussi le tour de force de mettre chaque téléphone en connexion directe avec les agents de surveillance nationaux pouvait tenter de juguler une épidémie susceptible de toucher 1,4 milliard d’habitants. Et seul l’appareil d’un parti hyper-centralisé pouvait se mettre au garde-à-vous pour exécuter les ordres émis par Pékin et diffuser une propagande dont on ne saura sans doute jamais jusqu’à quel point elle a pu être mensongère. 

À chaque étape de ce drame qui nous a tous meurtris, la réalité de la vie politique et sociale chinoise est apparue, dans toute sa complexité peut-être, mais aussi dans toute sa cruauté. Ce qui saute le plus clairement aux yeux c’est la façon dont le Parti communiste chinois sait protéger en priorité ses intérêts, les besoins de la population étant relégués loin derrière. Or, dans le cas d’une épidémie, il faut réagir vite et prendre le problème à bras-le-corps afin d’éviter le pire. 

Un mensonge qui a coûté cher

Il n’est pas question de reprocher à la Chine d’avoir été la victime d’une épidémie gravissime. Le drame, c’est que le pouvoir a mis plus de six semaines avant de commencer à juguler la crise. Durant cette période, des millions de personnes ont quitté la ville de Wuhan, et des dizaines de milliers sont parties pour l’étranger, principalement vers des pays où les communautés chinoises sont bien établies : l’Italie, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, là où, précisément à cause de cette transhumance, le virus a fait le plus de victimes. Selon une étude de l’Université de Southampton (1), si Pékin avait pris des mesures une semaine, deux semaines ou trois semaines plus tôt qu’elle ne l’a fait le 23 janvier 2020, ce sont respectivement 66 %, 86 % ou 95 % des contaminations qui auraient pu être évitées en Chine, ce qui aurait empêché le Covid-19 de provoquer une pandémie mondiale. 

Dans les pays touchés par le virus, la prise de conscience a été progressive, mais partout les citoyens se mobilisent pour réclamer des dédommagements. Les « class actions » se multiplient aux États-Unis, à commencer par la Floride et le Missouri. L’Inde a demandé 3 000 milliards de réparations pour pertes économiques. Une compagnie d’assurances britannique a produit un rapport qui évalue à 6 500 milliards de dollars la facture que les nations du G7 pourraient présenter à Pékin (2). Et la liste va continuer à s’allonger au fur et à mesure que la vérité éclatera aux yeux …