« Si nous attendons qu’une pandémie apparaisse, il sera trop tard pour se préparer. Et, un jour, de nombreuses vies pourront être perdues parce que nous n’avons pas agi aujourd’hui. Si nous suivons l’histoire, il y a des raisons d’être inquiets. » Dix ans avant Bill Gates, en 2005, George W. Bush (1) avait tiré la sonnette d’alarme et lancé les bases d’un plan anti-pandémie. Il préconisait notamment de détecter très vite les épidémies « quand elles arrivent n’importe où dans le monde » et de « protéger les Américains en faisant des réserves de vaccins contre la grippe virale et d’antiviraux ». Ce président, si décrié par ailleurs, avait, sur ce plan, vu juste. Il n’était pas le seul. En France, un rapport de l’inspection générale de l’administration d’avril 2005 avait méticuleusement décrit sur 160 pages toutes les mesures à prendre pour faire face à une pandémie (2). Les gouvernements de l’époque, à Washington comme à Paris, avaient commencé à appliquer les préconisations des experts. Las ! Les bonnes résolutions furent vite abandonnées.
Ni aux États-Unis, ni en France, ni ailleurs dans le monde, on ne s’était préparé à l’arrivée d’une pandémie destructrice. Non pas tant par son bilan humain, mais par ses dégâts collatéraux. Jamais l’humanité n’avait connu la conjonction, en un laps de temps aussi court, d’autant de crises : crises sanitaire, économique, financière, crise des matières premières (notamment du pétrole), crises sociale et alimentaire qui se profilent, en attendant les crises politiques, à l’intérieur des pays comme entre les nations. Le Covid-19 est bien la somme de toutes les crises.
Le monde a déjà connu des crises sanitaires. Sans remonter aux grandes pestes du Moyen Âge, il y a eu la grippe espagnole de 1918, avec son terrible bilan : 50 millions de morts, dont plus de 250 000 en France. À l’époque, il n’y avait ni réseaux sociaux ni information instantanée et, surtout, nous étions en guerre depuis quatre ans. La mort était omniprésente dans la population. Au XXIe siècle, en revanche, tout était fait pour en gommer même l’idée. Cette grippe espagnole, dont les origines semblent d’ailleurs plutôt sino-américaines, avait des caractéristiques similaires au coronavirus. Il n’y avait guère de moyens d’y faire face, mais elle a fini par disparaître d’elle-même. La mémoire collective l’a occultée, sans doute parce que les peuples voulaient en finir avec une ambiance mortifère.
Établir un bilan du Covid-19 serait prématuré. On peut cependant estimer qu’il se traduira en centaines de milliers de morts, comme pour la grippe annuelle, mais pas en millions, ni à plus forte raison en dizaines de millions. C’est un sale virus, qui n’a rien à voir avec une simple « grippette ». Selon les termes des médecins, « il a peu d’immunogénicité, ce qui peut faire craindre sa chronicisation dans la population et sa mutagénicité semble grande ». En clair : l’immunité n’est pas acquise. Il peut devenir chronique et a tendance à muter. Un vaccin sera donc complexe à trouver. Il faudra des mois, voire des années pour le mettre au point. Sera-t-il vraiment utile puisque l’immunité semble contestée ? Le monde va devoir apprendre à cohabiter, au moins pendant un …
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