Politique Internationale — Pendant les longues semaines de confinement, beaucoup de gens se sont mis (ou remis) au sport. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Stéphane Diagana — C’est vrai, on a soudain vu ressurgir un certain appétit pour l’exercice physique. Un appétit partagé aussi bien par les enfants que par les adultes, avec à la clé de nouveaux réflexes de consommation : par exemple, des équipements de sport se sont arrachés sur Internet ; ou tel marchand de vélos elliptiques, juste avant le début du confinement général, a vendu autant de machines en un jour qu’en un mois habituellement. À quoi attribuer cet engouement ? Il y a plusieurs explications. De nombreuses personnes, particulièrement les adultes, ont soudainement eu du temps libre. Dans une vie où le temps se consomme bien plus par nécessité que par choix, nous avons retrouvé la liberté d’en disposer. Cette mutation s’effectuant dans un contexte d’interactions sociales limitées, chacun a pu accorder une place inespérée à l’introspection et à l’écoute de son corps, ce grand oublié de nos vies modernes. Le temps du confinement a permis de retrouver ce lien, de ressentir la nécessité de mouvement, son action positive sur nos états d’âme.
P. I. — L’être humain avait donc fini par oublier son corps…
S. D. — Pendant des dizaines de milliers d’années, la réponse au stress a engagé le corps. Face au mammouth, deux options pour nos ancêtres : « fight or flee », comme disent les Anglo-Saxons (« combattre ou fuir »). Cela permettait potentiellement de régler le problème — pas toujours hélas ! — et d’évacuer le stress et sa toxicité. Aujourd’hui, le stress est plus chronique, la réponse physique n’est socialement pas des plus adaptées et le temps consacré à l’activité physique se réduit comme peau de chagrin. Pourtant, nous sommes restés les mêmes mammifères qu’il y a 10 000 ans et le stress s’accumule donc jusqu’au trop-plein, avec son lot de pathologies et de dysfonctionnements. Il est évident pour chacun d’entre nous que nous avons été faits pour le mouvement : nos membres nous le rappellent tous les jours. Mais ce que nous oublions, c’est à quel point nous avons été faits par le mouvement. De celui-ci dépend une grande part de notre santé, qu’elle soit considérée dans sa dimension mentale ou dans sa dimension physique. À titre d’exemple, les sciences démontrent un peu mieux chaque jour le rôle positif du sport sur les fonctions cognitives ou la prévention des maladies neurodégénératives, mais aussi sur l’immunité, sujet très en lien avec l’actualité. Cela ne modifie pas la réalité du cataclysme que nous avons vécu et que nous devons toujours affronter, mais cela renforce très certainement notre capacité mentale et physique à y faire face.
P. I. — Alors que le confinement général s’éloigne peu à peu, pensez-vous que cet enthousiasme pour le sport va perdurer ?
S. D. — Tout dépend de la manière dont nous allons nous remettre à vivre. Je ne parle pas du futur immédiat, mais d’un horizon plus lointain. Prenons l’exemple de la transition écologique : on se demande si la planète va rester aussi énergétivore ou si, au contraire, un modèle plus respectueux de l’environnement réussira à se répandre. Il en va de même pour l’activité sportive : si les gens ne changent rien à leur quotidien et qu’ils repartent comme avant, pied au plancher, les bienfaits de l’exercice disparaîtront rapidement de leur horizon. Demandez à quelqu’un qui passe deux heures par jour dans sa voiture et sept ou huit heures assis à son bureau s’il a envie de faire du sport, le matin, le soir ou le week-end ; il vous répondra le plus souvent qu’il est « crevé » et qu’il ne veut pas ajouter de la fatigue à de la fatigue. Alors même que se dépenser sur un terrain, un chemin de course à pied ou de randonnée, une salle de sport, n’a rien à voir avec la fatigue nerveuse induite par l’activité professionnelle. Certes, il y a toujours des gens qui parviennent à maintenir leurs bonnes résolutions mais, compte tenu du rythme chronophage de notre société moderne, il faut avoir la foi chevillée au corps pour introduire une dose de sport dans une journée déjà bien remplie. C’est pourtant nécessaire pour se sentir bien, ou en tout cas se sentir mieux. Un minimum de sport ou d’activité physique, c’est aussi important qu’une alimentation saine ou qu’un sommeil réparateur. Pour ceux qui ont profité du confinement pour redémarrer, cela vaut le coup de persévérer et de garder une place pour l’activité physique dans son agenda.
P. I. — Vous-même, qui avez été athlète de haut niveau, avez-vous toujours été convaincu des bienfaits du sport ? La recherche d’une bonne santé physique ou d’un épanouissement personnel a-t-elle participé à votre quête de performances ?
S. D. — Je vous mentirais si je vous disais avoir consciemment choisi de redoubler d’efforts sur la piste pour des questions de bien-être. Il n’empêche, à 19 ans, quand je me suis lancé à fond dans une carrière d’athlète et que j’ai rejoint l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), je sentais bien que cette activité était nécessaire à mon équilibre, physique et émotionnel. Ce n’était pas forcément l’avis de l’un de mes professeurs de terminale : comme il m’encourageait à faire une classe préparatoire, il considérait le sport comme le meilleur moyen de perdre son temps par rapport à un cursus académique. Aujourd’hui, je lui répondrais volontiers que c’est tout le contraire : le sport, et pas uniquement le haut niveau, apprend à la fois à maîtriser ses émotions, à gagner en rigueur et à acquérir de la confiance en soi. Le gain est physique, intellectuel et, en plus, cet environnement génère du lien social. Dans le cadre d’une activité sportive, il n’est pas rare de se faire des amis pour la vie. C’est précieux. À l’arrivée, le sport coche toutes les cases. Il ne faut pas oublier que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le définit comme un état de bien-être, physique, mental et social.
P. I. — La plupart des gens sont admiratifs de ceux et celles qui arrivent à faire du sport régulièrement. En même temps, ils disent souvent se méfier d’un excès d’exercice…
S. D. — Qu’ils soient rassurés, une étude de l’IRMES (Institut de recherche médicale et d’épidémiologie du sport) de 2016, portant sur 2 814 athlètes français sélectionnés aux Jeux Olympiques entre 1912 et 2012, montre que pour les sportifs de haut niveau français, le gain d’espérance de vie est de sept ans comparé à la population française. Une personne qui passe de sa voiture à sa chaise de bureau puis de celle-ci à son canapé est bien plus exposée à des risques pour sa santé qu’un athlète de haut niveau. La sédentarité et le déficit d’activité physique hypothèquent gravement la préservation du capital santé. A contrario, une mobilité active, comme celle favorisée par une activité physique régulière, est un atout médicalement reconnu.
Je me souviens d’un échange avec un dirigeant d’entreprise : celui-ci regrettait que quelques-uns de ses collaborateurs, sportifs, puissent de temps en temps être blessés. Par exemple, une entorse de la cheville au sortir du week-end, avec à la clé une perte de productivité pour les jours suivants. J’entends bien cette récrimination ; mais, si le lien entre la blessure du lundi matin et le sport est toujours clairement établi, celui entre l’absence prolongée et la sédentarité l’est malheureusement moins, alors qu’il est tout aussi réel. Que dire des autres collaborateurs non sportifs qui s’absentent souvent bien plus longtemps du fait de ces nombreuses maladies chroniques (diabète, dépression, lombalgie…) dont on sait qu’elles sont causées par la sédentarité et le manque d’activité physique ? Ces mêmes collaborateurs voient eux aussi leur productivité affectée, dans des proportions sûrement bien plus grandes. Un chef ou une chef d’entreprise qui se soucierait de la santé de ses collaborateurs et de leur productivité aurait plus intérêt à encourager l’activité physique, fût-elle sportive, qu’à la réprimer !
P. I. — Depuis quand cette notion de sport santé est-elle entrée dans les mœurs ?
S. D. — Il y a deux épisodes fondateurs. D’abord en 2011, quand la Haute autorité de santé (HAS) admet le bénéfice — pour les patients atteints de maladies chroniques — de l’activité physique comme thérapeutique non médicamenteuse. C’est la reconnaissance officielle du sport santé, qui connaît un autre coup d’accélérateur en 2017 avec l’entrée en vigueur d’un dispositif prévoyant que les médecins puissent prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient, selon la terminologie employée. Fort de cet appui législatif, on pourrait se dire que la partie est gagnée, mais non, il subsiste des obstacles : d’abord, de nombreux médecins sont encore réfractaires à ce mouvement, tout simplement parce que la physiologie de l’effort et les activités physiques ne rentrent pas, ou si peu, dans le cadre de leur formation. Bref, ils ne voient pas les bienfaits des activités physiques et sportives dans un protocole de soins. Ensuite, on manque de personnels formés dans cette perspective ; en clair, les kinésithérapeutes sont encore peu nombreux à disposer des compétences et des conditions de pratique qui leur permettent de proposer de manière sûre et efficace ce type de soins à leurs patients. Du côté des diplômés APA (Activités physiques adaptées, formation en STAPS, Sciences et techniques des activités physiques et sportives), la formation peut être suffisante, mais le lien avec la prise en charge sanitaire a parfois du mal à s’établir dans de bonnes conditions, même si la confiance mutuelle s’installe petit à petit. Ce n’est pas le cas partout : au Canada, par exemple, on n’hésitera pas à implanter une vraie salle de fitness dans un hôpital, ce qui traduit une meilleure porosité entre l’univers du sport et celui de la médecine.
P. I. — Au-delà de la reconnaissance par le monde médical, que manque-t-il en France pour encourager la pratique du sport ?
S. D. — Comme souvent, la notion d’apprentissage est primordiale. Dès l’école, le sport devrait pouvoir être mis en avant. Sait-on que l’OMS, toujours elle, préconise une heure d’exercice physique par jour pour les enfants ? En France, on en est encore loin. Et cela ne s’arrange pas par la suite : au lycée puis dans l’enseignement supérieur, on ne sent toujours pas de réelle volonté d’intégrer le sport à des cursus plus vastes. Le constat est d’autant plus dommageable que plus personne dans l’entreprise ne conteste l’importance des « soft skills », à savoir toutes ces compétences comportementales qui s’enseignent rarement de manière théorique et dont le sport est un bon vecteur : l’intelligence émotionnelle, la gestion du stress, l’esprit d’initiative, la créativité… L’expérience montre que quelqu’un qui pratique régulièrement une activité sportive au sein d’un groupe développe spontanément ces « soft skills ». Bref, que le jeune sportif ait 10, 15, 20 ou 25 ans, il va pouvoir étoffer son capital humain.
P. I. — La perspective pour la France d’accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024 peut-elle améliorer la situation ? Que signifie cette échéance pour le sport santé ?
S. D. — C’est une échéance capitale : le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJO) est en effet convaincu que l’événement de 2024 ne se limite pas à une exposition scintillante et médiatique. Au contraire, le COJO sait combien il est important d’entreprendre un travail de fond au service du sport et de son immersion dans la société. L’intégration de l’activité physique à la politique éducative rentre dans ce cadre ; de même que le sport comme facteur de prévention médicale doit s’imposer encore plus. De nombreux chantiers sont ouverts : tous peuvent être source d’innovation, de fierté et de richesses pour notre nation. À l’heure où il va falloir réinventer notre modèle de développement, ce serait une grave erreur que d’ignorer les enjeux du sport dans la promotion de modes de vie plus sains. Les collégiens ont perdu 25 % de leurs capacités physiques en quarante ans (Grant Tomkinson, University of South Australia, Adelaide, 2006 et 2013). Une telle régression compromet l’usage des mobilités douces à l’âge adulte, raccourcit l’espérance de vie — l’espérance de vie en bonne santé et en autonomie — et augmente le risque de survenue précoce de maladies chroniques. Dans notre pays, ces maladies touchent aujourd’hui près d’une personne sur trois et coûtent plus de 100 milliards d’euros par an, rien qu’en dépenses de santé.
P. I. — Plus personne ne conteste le rôle du sport au service du bien-être, mais existe-t-il des preuves tangibles de son impact médical ?
S. D. — Remettre les Français en mouvement à tous les âges, et bien évidemment dès le plus jeune âge, est un enjeu qui renvoie à la fois à la question écologique, à celle de la dépendance — ce fameux cinquième risque qui tourne au casse-tête financier — et à celle du déficit de l’assurance-maladie. Remettre les Français en mouvement, c’est aussi une formidable opportunité pour innover en matière d’emploi et pour créer une véritable filière professionnelle des activités physiques thérapeutiques, intégrée au champ sanitaire ou en lien étroit avec celui-ci.
Étant à l’initiative, avec mon épouse Odile, ancienne athlète également, de l’étude médico-économique As du Cœur (mise en œuvre au sein d’une équipe inter-disciplinaire), nous avons pu démontrer le retour sur investissement très prometteur et à très court terme d’une intervention en APA (Activités physiques adaptées) auprès de patients atteints de maladies coronariennes. Les résultats, publiés dans la revue BMC Cardiovascular Disorders en 2018, ont mis en évidence pour les bénéficiaires de l’intervention (5 mois) une réduction de 30 % des frais de santé pris en charge par leur assurance-maladie sur l’année par rapport à la moyenne des deux années précédentes. Créer de l’emploi — non délocalisable qui plus est et à forte valeur ajoutée —, améliorer la santé de la population, participer activement à la transition écologique et soulager les finances publiques, voilà un bref aperçu du formidable pouvoir du sport. Si l’on ajoute à cette liste son potentiel en matière de socialisation, d’inclusion (diversité, handicap…) ou de développement de compétences individuelles (entraînement à la résilience, capacité à prendre des risques et à les assumer, capacité à se remettre en cause…), on voit à quel point le sport est une opportunité unique.
P. I. — Les champions de sport, qu’ils soient encore ou non en activité, interviennent sur un grand nombre de sujets, mais rarement sur le sport santé. Les têtes d’affiche ne devraient-elles pas davantage s’impliquer en sa faveur ?
S. D. — Le sport santé évoque un corps en pleine forme et un être épanoui. La pratique à haut niveau, elle, évoque souvent la blessure, le surentraînement, le dépassement et semble un peu éloignée de cette notion. C’est sans doute pour cette raison que les sportifs et les journalistes n’établissent pas de lien entre le sport et la santé, même si l’étude de l’IRMES que je viens de citer bouscule cette vision d’un sport de haut niveau néfaste pour la santé. Elle permettra peut-être aux sportifs de parler plus facilement des bienfaits du sport, même pratiqué à haut niveau.
P. I. — L’ennemi absolu du sport santé, c’est le dopage : avez-vous le sentiment que la lutte contre ce fléau s’est intensifiée ? Et qu’elle donne des résultats ?
S. D. — Quand la Russie est exclue des Jeux Olympiques (pour quatre ans), la décision frappe par son ampleur. Mais je crois qu’on peut aller encore plus loin pour tenter d’éradiquer cette dérive. Car l’homme sera toujours l’homme et la tentation de tricher ne disparaîtra jamais chez certains. Pour cela, il faut s’appuyer sur un outil de dissuasion très puissant, et pourtant inutilisé : l’argent. Quand un athlète se dope, il le fait le plus souvent pour obtenir un gain économique. Alors sanctionnons la fraude sur un plan financier : avant d’établir définitivement la responsabilité de dopage, plusieurs années sont nécessaires. Résultat, on réattribue une médaille ou un titre très longtemps après les faits. Dans l’intervalle les sportifs injustement privés de trophée n’ont pas pu toucher les dividendes de leur performance et, lorsqu’ils sont enfin couronnés, il est trop tard. On peut réparer ce préjudice qui est avant tout moral, mais aussi financier.
Dans le sport de haut niveau ou professionnel, la performance se mesure en points, en secondes, en centimètres, se traduit en classement, en palmarès, en records et en notoriété, puis se rémunère en fonction de tous ces éléments, dans le cadre de contrats, de salaires ou encore de primes d’engagement. Le jour où un athlète, une fédération ou un autre groupe d’acteurs qui ont triché — car la faute est souvent collective — seront obligés de mettre la main au portefeuille pour s’acquitter de leur dette sportive, y compris pour des faits très anciens, je suis sûr que beaucoup de gens réfléchiront avant de dépasser la ligne rouge. Les échantillons B des tests anti-dopage pouvant être conservés longtemps, il faut suspendre durablement cette épée de Damoclès au-dessus de la tête de celles et de ceux qui enfreignent les règles. Je rêve de voir des gros titres de journaux : « John Doe : ruiné par les dédommagements de ceux qu’il avait volés ! », non pas pour le plaisir de voir John Doe ruiné, mais pour celui de voir la lutte anti-dopage franchir un pas décisif.
P. I. — Un tel dispositif, destiné à faire payer les tricheurs, est-il difficile à instaurer ?
S. D. — Oui, le système est compliqué à mettre en place. Il faudrait, pour cela, que l’Agence mondiale de lutte contre le dopage se dote d’une cellule juridique dédiée et que celle-ci puisse agir sur un plan supranational ; et que les athlètes lésés puissent la saisir pour faire reconnaître leur préjudice vis-à-vis de quelque athlète, personne ou instance que ce soit, où que ce soit. Si ces deux conditions ne sont pas remplies, un athlète somalien, par exemple, aura du mal à obtenir réparation devant la justice russe. Quant aux méthodes de dopage proprement dites, c’est comme la science, elles progressent. On sait que des microdosages de certains produits dopants, tout en étant efficaces, peuvent avoir une fenêtre de détection de quelques heures seulement. Or comme les contrôles inopinés ne peuvent pas légalement avoir lieu la nuit entre 23 heures et 6 heures, ce qui me semble normal, il y a là une faille importante : un pan entier du dopage nous échappe. Il est donc urgent de valider de nouvelles méthodes indirectes de détection et d’aller plus loin en la matière que le passeport biologique actuel. La science nous aidera certainement à réduire les mailles du filet.
Encore faut-il en avoir la volonté et, sur ce point, je suis moins affirmatif. S’agissant de l’athlétisme, la discipline que je connais le mieux, les dernières compétitions me laissent un peu circonspect. Quand je regarde les championnats qui se sont étalés au cours des cinq dernières années, trop de performances sont surprenantes pour ne pas être entachées de soupçon : certains athlètes progressent vraiment très, très rapidement, sans compter ceux qui, très vite après leurs premiers pas, se signalent par des résultats brillants. Quand soudainement l’exceptionnel devient banal, il y a lieu de s’interroger. Autant la période 2010-2015 pouvait laisser penser que des avancées significatives avaient été obtenues contre le dopage, autant la période 2015-2020 est moins encourageante.
P. I. — Vous-même, Stéphane Diagana, que faites-vous concrètement en faveur du sport santé ?
S. D. — Je travaille actuellement avec une série de partenaires sur un projet de Campus sport santé à Mougins (Alpes-Maritimes) qui va ouvrir ses portes fin 2022. Celui-ci accueillera principalement, d’une part, des amateurs passionnés de sports d’endurance, course à pied, triathlon et cyclisme, qui génèrent une pratique de masse en compétition et, d’autre part, des personnes qui souhaitent retrouver durablement un mode de vie plus sain et plus actif afin de prévenir ou de mieux prendre en charge les nombreux problèmes de santé liés à la sédentarité et au manque d’activité physique. Pour les premiers, venus du nord de l’Europe ou de France, l’objectif sera d’offrir un environnement de pratique idéal toute l’année ainsi que des installations, des compétences et des services de qualité à même de permettre une pratique dans des conditions optimales. Les accompagnants, adultes ou enfants, moins férus de sport, ne seront pas oubliés pour autant. Les seconds, abonnés locaux au Campus sport santé, bénéficieront de méthodologies d’accompagnement issues du sport de haut niveau afin de les aider à relever leur challenge santé par le sport : évaluation, fixation d’objectifs quantifiables, planification individualisée des entraînements, orientation vers les pratiques sportives les plus adaptées, suivi, évaluation… L’étude As du Cœur que j’ai évoquée a permis, au-delà de sa dimension médico-économique, de préfigurer le type de programme à destination des patients que l’on souhaite mettre en œuvre. Le principe de la mutualisation et de la polyvalence au profit de ces deux publics s’applique aussi bien au niveau des équipements qu’à celui des ressources humaines, car la quête de l’excellence sportive et celle de la santé ont en commun la nécessité d’adopter durablement les stratégies les plus pertinentes en matière d’activité physique et de nutrition.