Politique Internationale — Quelles sont les raisons qui ont poussé le Groupe BPCE à nouer un partenariat avec Paris 2024 ?
Laurent Mignon — Nos valeurs, à savoir l’esprit d’équipe, l’esprit d’initiative, le dépassement de soi ou encore le sens du collectif, sont en résonance avec celles de l’olympisme et des prochains Jeux de Paris 2024, qui seront emblématiques de la France qui performe, qui inclut et qui se dépasse. Ce partenariat correspond aussi, pour le Groupe BPCE, à un vrai projet d’entreprise qui s’inscrit dans la durée et pour lequel nos équipes se mobilisent fortement, partout en France. Faut-il rappeler que, dès septembre 2018, nous avons décidé d’être Partenaire Premium de Paris 2024 ? Il était important d’être les premiers aux côtés du comité d’organisation. Ce timing démontre notre réactivité : être le premier des principaux partenaires désignés crée aussi un supplément de confiance, d’intimité même avec nos interlocuteurs. Plus globalement, ce partenariat perpétue l’implication déjà solidement ancrée du Groupe BPCE dans le sport. Depuis plus de trente ans, nous accompagnons le développement de plusieurs fédérations sportives ; les Banques Populaires soutiennent la voile et, plus récemment, le surf, tandis que les Caisses d’Épargne figurent aux côtés du handball, du basketball et du ski. Je n’oublie pas non plus Natixis dans le rugby. De la même manière, notre soutien au monde sportif s’est exprimé depuis 2010 à travers notre partenariat avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF).
P. I. — Outre le sponsoring sportif, comment concevez-vous votre engagement en faveur du sport ?
L. M. — Au-delà du soutien aux institutions, nous finançons la construction et la rénovation d’installations sportives : dans les régions aux côtés des collectivités territoriales, comme par exemple le nouveau Stade Vélodrome de Marseille ou l’Arena 92 ; et au niveau international, avec le Singapore Sports Hub, le plus important complexe sportif et de loisirs au monde. Le Groupe BPCE participe enfin largement à la croissance de la filière sport dans les territoires en pilotant la commission « nouveaux financements des activités sportives ».
Notre groupe est également membre fondateur du GIE France Sport Expertises qui a vocation à promouvoir la France comme terre d’accueil de grands événements sportifs internationaux et à mettre en valeur le savoir-faire des entreprises françaises dans le domaine de l’économie du sport en France et dans le monde.
P. I. — Revenons à Paris 2024 : en quoi cet événement est-il une vitrine pour l’économie du sport ?
L. M. — C’est beaucoup plus qu’une vitrine. Quand nous devenons le premier Partenaire Premium de Paris 2024, nous voulons d’emblée être une locomotive, montrer que ces Jeux sont porteurs d’un héritage et qu’ils permettent de tracer des perspectives. En l’occurrence, les ambitions du Groupe BPCE sont fortes : s’imposer comme le groupe bancaire de référence de l’économie du sport en France. Ce qui implique une déclinaison en région, avec le double engagement des Banques Populaires et des Caisses d’Épargne aux côtés des acteurs concernés. Afin de pouvoir poursuivre cet objectif et de mieux appréhender ce marché et ses perspectives de développement, nous avons lancé un premier Observatoire de l’économie du sport inédit en France qui a été réalisé par notre direction des études. Il s’agit d’une analyse économique, statistique et comportementale tout à fait originale visant à comprendre ce que représente la filière sport, ses disparités et ses spécificités territoriales, et à identifier ses acteurs et ses enjeux économiques. Cet Observatoire a vocation à suivre l’évolution de l’économie du sport en France chaque année jusqu’en 2024.
Cet outil est d’autant plus précieux que cette filière n’est pas monobloc : elle présente au contraire des disparités, des spécificités territoriales, des besoins d’identification des forces en présence et, bien sûr, un large éventail de chiffres. Plus 2024 va se rapprocher et plus les évolutions de ce secteur seront intéressantes à observer.
P. I. — À partir de quel moment le partenariat avec Paris 2024 va-t-il se mettre en marche pour le Groupe BPCE ?
L. M. — Il est déjà largement sur les rails. Les dispositifs d’accompagnement économique conçus par nos équipes dès la fin 2019 sont désormais pleinement opérationnels. Plusieurs actions ont donc déjà pu être lancées : c’est le cas d’« Entreprendre 2024 » qui, comme son nom l’indique, montre à quel point les Jeux sont un instrument de dynamisme. C’est d’ailleurs tout le sens de la démarche engagée par le Comité d’organisation de Paris 2024 et par la Solideo, l’établissement public en charge de la livraison des ouvrages et des opérations d’aménagement nécessaires à la tenue de l’événement. Dans le cadre d’Entreprendre 2024 et depuis novembre 2019, les Caisses d’Épargne, les Banques Populaires et le Crédit Coopératif ont démarré un tour de France afin d’informer et de faciliter l’accès à la fois des TPE-PME et des structures de l’économie sociale et solidaire aux opportunités générées par les Jeux. Cette tournée Entreprendre 2024 aide nos clients chefs d’entreprise, de même que les acteurs de l’économie sociale, à s’informer sur le grand courant d’activités qui s’esquisse. D’ores et déjà, plus d’un millier d’entrepreneurs ont été accueillis à Nantes, Marseille, Bordeaux, Orléans, Tours et Metz. D’ici la fin de cette année, si les conditions sanitaires le permettent, nous poursuivrons à Toulouse, Caen, Rennes, Strasbourg, Dijon, Paris et Montpellier.
P. I. — L’économie du sport, c’est aussi toute une série d’entreprises dont beaucoup sont vos clientes. Comment les avez-vous accompagnées pendant la crise sanitaire ?
L. M. — Il a fallu être réactif pour rassurer les entreprises puis s’engager à leurs côtés. Dans cette perspective, nous avons proposé un certain nombre de solutions facilitatrices comme les reports d’échéances ou le Prêt garanti par l’État. Sur ce volet précis du PGE, l’ensemble du Groupe BPCE — les Banques Populaires, les Caisses d’Épargne et Natixis — s’est fortement mobilisé, ce qui a permis de soutenir largement les entreprises relevant de cette filière de l’économie du sport en accordant près de 2 500 PGE.
Dans le même temps, nous nous sommes adaptés au mieux pour recevoir l’ensemble de nos clients, notamment en instaurant des protocoles d’accueil en accord avec les consignes sanitaires des pouvoirs publics. Nos agences sont restées ouvertes à 90 % et disponibles pour la clientèle durant cette période.
P. I. — Y a-t-il des produits et des services que le Groupe BPCE développe déjà dans la perspective des Jeux ?
L. M. — Avec Visa, nous avons travaillé de concert sur les questions de mobilité et d’innovation. Concrètement, nous avons démontré notre savoir-faire dans le déploiement de solutions de paiement innovantes qui pourront bénéficier à tous les spectateurs des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Un service de paiement sans contact et une offre de paiement mobile avec les opérateurs de transports en commun partout en France font partie de ce dispositif. Dans le cas du transport, il est déjà expérimenté à Dijon, Aix-en-Provence et dans la métropole lyonnaise. Notre ambition est de développer en permanence des services qui améliorent durablement le quotidien des Français et favoriseront le développement touristique des territoires. Une double dimension en parfaite adéquation avec l’univers des Jeux.
Notre expertise se vérifie également dans le domaine immobilier : notre filiale SOCFIM accompagne ainsi le groupement lauréat de la construction du Village des athlètes. Un groupement qui réunit Nexity, Eiffage Immobilier et Groupama Immobilier. SOCFIM travaille également pour le projet de village fluvial au sein du Village des athlètes. Enfin, ce n’est pas le moindre exemple de l’engagement du Groupe BPCE, la Caisse d’Épargne et Seventure Partners ont créé en 2019 un fonds d’investissement français dédié à l’économie du sport baptisé « Sport & Performance Capital ». Ce fonds, doté de 80 millions d’euros, est destiné à financer des start-up et des PME évoluant dans le domaine du sport et du mieux-vivre. Depuis son lancement, plus de 200 candidatures nous sont parvenues, et plusieurs start-up ont déjà été sélectionnées pour être accompagnées. Le comité d’investissement est expert à plus d’un titre : il est composé de sportifs ou d’anciens sportifs de haut niveau, comme Sarah Ourahmoune, vice-championne olympique aux Jeux de Rio et dirigeante fondatrice de Boxer Inside, et comme Tanguy de La Forest, athlète paralympique en para-tir (quatre participations aux Jeux Olympiques), champion du monde par équipe et co-fondateur du cabinet Défi RH. Les experts financiers de Seventure Partners sont aussi partie prenante.
P. I. — En marge de ces enjeux économiques, le groupe BPCE a choisi depuis longtemps d’accompagner des athlètes. Comment ce choix se traduit-il au quotidien ?
L. M. — Le Groupe BPCE accompagne activement plus d’une centaine d’athlètes olympiques et paralympiques français, 103 très précisément. Cet engagement de long terme se fait via des actions de mécénat, de formation ou encore de reconversion. Nos différents établissements sont mobilisés dans cette entreprise : Caisses d’Épargne, Banques Populaires, Banque Palatine, Casden, Crédit Coopératif… Il s’agit d’un des plus importants dispositifs de mécénat sportif en France. Nous entendons garantir à des athlètes membres des équipes de France olympiques et paralympiques un niveau de ressources décent, pour leur permettre d’envisager en toute sérénité leur double projet sportif et professionnel. La sélection des athlètes est réalisée par la Fondation du pacte de performance. Ce programme de soutien a démarré fin 2019 et pourra se prolonger après les Jeux en France. Le Groupe BPCE partage également avec Paris 2024 la conviction que le sport est un levier indispensable pour changer le regard porté sur le handicap. En septembre 2020, les entreprises franciliennes du groupe (Caisse d’Épargne Île-de-France, BRED, Banque Populaire Rives de Paris, ITCE, I-BP, BPCE IT, BPCE SA, Crédit Coopératif, Casden et Natixis) ont ainsi organisé au stade Jean-Bouin une première journée de job dating dédiée au recrutement de personnes en situation de handicap. Cette journée a mixé des épreuves de parasport et de blind dating, parrainées par Théo Curin, nageur paralympique lui-même soutenu en mécénat par BPCE à travers la Fondation du pacte de performance.
P. I. — Comment associer les collaborateurs du Groupe BPCE à la montée en puissance de Paris 2024 ?
L. M. — Notre partenariat avec Paris 2024 suscite beaucoup de fierté et d’enthousiasme chez nos 106 000 collaborateurs. Il nous donne l’opportunité de mobiliser l’ensemble des équipes autour d’une ambition commune avec le COJOP : « Des Jeux pour tous, sur tous nos territoires ! » Dès janvier 2019, nous avons donc lancé le programme « Imagine 2024 » afin que nos salariés deviennent les premiers acteurs et les ambassadeurs du partenariat auprès de toutes nos parties prenantes. Chacun, dans son métier, sa région ou son pays — puisque nous comptons une cinquantaine d’implantations à l’international —, peut contribuer à la réussite de ce projet.
Parmi les actions les plus marquantes développées dans ce cadre figure l’organisation du premier Défi Imagine 2024, en septembre 2019. Cet événement répondait à trois buts principaux : encourager la pratique du sport auprès de nos collaborateurs, renforcer la cohésion entre des équipes d’horizons très divers et amorcer une dynamique d’engagement sur le long terme. Nous avons ainsi organisé à l’INSEP, durant deux jours, une compétition sportive reprenant les principaux codes des Jeux Olympiques : cérémonie d’ouverture, série d’épreuves, village, remise de médailles… et bien d’autres choses encore ! Cette rencontre a réuni plus de 1 000 collaborateurs et dirigeants, qu’ils soient compétiteurs ou supporters, représentant toutes les entreprises du groupe, soit plus d’une quarantaine. Au-delà de ce niveau de participation inédit, notre principal enjeu était de proposer un événement cohérent avec l’identité de notre groupe et du projet Paris 2024 : territorial, éco-responsable, inclusif et solidaire.
Autre illustration, plus récente, de ce programme : le lancement de notre plateforme d’engagement interne, « Team Imagine 2024 ». Bien plus qu’un site, c’est bien un collectif que nous souhaitons promouvoir, une grande équipe déterminée à faire vivre au quotidien notre partenariat avec Paris 2024 et l’engagement de nos banques dans le domaine sportif et sociétal. Tous les collaborateurs du groupe pourront, dans cet espace, accéder à des informations exclusives et, surtout, agir concrètement en faveur d’une cause qui leur est chère. Et ce n’est qu’un début !
P. I. — À titre personnel, quelle image vous faites-vous des Jeux Olympiques ?
L. M. — En dehors des valeurs traditionnelles de l’olympisme, les Jeux Olympiques nous démontrent aussi que notre monde peut s’inscrire sur le long terme loin des standards d’une société où prime l’instant. Ne faut-il pas près d’une dizaine d’années à une ville ou à un pays pour se préparer à accueillir une olympiade sur son territoire ?
Pendant toutes ces années, athlètes, para-athlètes, entraîneurs, fédérations, fans, élus, responsables politiques, chefs d’entreprise, entrepreneurs et tous les acteurs de l’écosystème de l’économie du sport vont cultiver le dépassement de soi et vont pousser partenaires sportifs ou économiques, concurrents ou partenaires, à redoubler d’efforts pour vivre pleinement le rêve olympique ou paralympique.
P. I. — Croyez-vous également à une dimension universaliste des Jeux ?
L. M. — Les anneaux olympiques sont un symbole pacifique dont la capacité à relier les hommes et les nations m’impressionne. J’ai d’ailleurs en mémoire deux événements qui en témoignent : le premier, pendant la guerre froide, a vu le Comité International Olympique réussir le tour de force de réunir dans la même équipe les athlètes de l’ex-RFA et de l’ex-RDA. Le second, toujours avec cette perspective inattendue de reconnexion des peuples, est plus récent : lors de la dernière olympiade d’hiver de Pyeongchang, les deux Corées ont mixé leurs équipes olympiques et paralympiques pour concourir ensemble sous une unique bannière.
Ce sont des épisodes comme ceux-là, très emblématiques, qui illustrent la force des Jeux et réussissent à tracer des perspectives de paix et de tolérance. J’apprécie également quand l’olympisme favorise l’éclosion de magnifiques aventures collectives ou génère de fabuleuses histoires individuelles qui se révèlent souvent des miroirs de leur époque. Comment oublier le camouflet historique infligé par Jesse Owens au chancelier de l’époque quand cet athlète remporta quatre médailles d’or aux Jeux Olympiques d’été de Berlin en 1936.
Plus récemment, et dans un registre moins politique mais tout aussi admirable, je pense au destin de Marie-Amélie Le Fur, une jeune fille de 15 ans, sapeur-pompier engagée au service des autres, qu’un accident de scooter a coupée dans son élan. Quelques années plus tard, elle a su rebondir et devenir double championne paralympique puis présidente du comité paralympique sportif français et ainsi renouer avec le fil d’une vie engagée au service d’autrui.
Au final, j’en suis convaincu, l’olympisme est source d’inspiration pour nous tous — les hommes, les femmes, les peuples et les nations — et les Jeux Olympiques sont un formidable événement amplificateur des valeurs de confiance universelle et de compréhension mutuelle.