Mobilité du futur : vers une sobriété consentie ?

Dossiers spéciaux : n°170 : La liberté de mouvement dans un monde zéro carbone

Politique InternationaleDepuis quand l’association négaWatt existe-t-elle ? Et quelles sont ses motivations ?

Charline Dufournet — L’association négaWatt est née il y a bientôt vingt ans, en 2001. L’idée de départ, qui reste toujours centrale aujourd’hui, consistait à penser autrement les questions énergétiques en s’interrogeant avant tout sur nos consommations. Et par extension, sur la manière d’économiser l’énergie. Il faut se replonger au début des années 2000 : à l’époque, le débat sur l’énergie concerne surtout la question des moyens de production. Il se réduit même très souvent à « pour ou contre le nucléaire ». Bref, les fondateurs de négaWatt ont voulu sortir de ce schéma binaire et de tous les schémas réducteurs en général. Il faut rappeler que la question énergétique ne se résume pas à l’électricité : en France, celle-ci ne pèse que 23 % dans la consommation d’énergie finale. Dans ce contexte, la force de négaWatt repose sur sa capacité à porter une analyse d’ensemble du système énergétique. Elle nous pousse à considérer les complémentarités possibles entre les différentes énergies renouvelables et leurs usages, à court et long terme. NégaWatt s’est construit sur la recherche d’une réflexion collective, en fédérant des membres bénévoles aux profils et aux expériences diverses : des praticiens de l’énergie, mais aussi des ingénieurs, des chercheurs, des économistes, des bons connaisseurs de la chose publique ou encore des représentants de la société civile… Une complémentarité d’expertises qui fait toute la richesse de nos travaux.

P. I. Vous faites un constat, à savoir un débat énergétique confisqué par les partisans et les adversaires de l’atome. Mais comment dépasser ce clivage ?

C. D. — Une manière de sortir de ce débat est de considérer la transition écologique dans sa globalité, en réfléchissant aux enjeux auxquels elle doit répondre. Pour négaWatt, cette transition n’est pas seulement une affaire de réduction des émissions de CO2. Elle doit conduire à limiter l’ensemble des impacts (environnementaux, sociaux, etc.) et des risques liés à notre système énergétique afin d’aller vers un modèle plus soutenable, plus équitable et moins gaspilleur. Dans ses travaux, négaWatt considère trois grands leviers.

Le premier renvoie à la sobriété énergétique, avec en toile de fond l’évolution des usages. L’idée de consommer moins mais mieux est une démarche de bon sens. On peut, par exemple, sensibiliser les consommateurs aux gestes simples, comme éteindre son ordinateur la nuit ou acheter des produits dimensionnés pour ses besoins (pas besoin d’un 4X4 pour se déplacer en ville). Mais la sobriété ne repose pas seulement sur les épaules du consommateur : certains choix dépendent de l’existence ou non d’infrastructures. Prenons le transport : la place prise par la voiture individuelle dans notre vie est une construction sociale et politique qu’il faut s’autoriser à interroger.

Le deuxième volet du triptyque concerne l’efficacité énergétique, c’est-à-dire les multiples actions visant à réduire les pertes d’énergie. Ce champ d’intervention est capital car il se révèle déjà comme un gisement d’emplois, de compétences et d’innovations.

Enfin, le troisième volet cible plus spécifiquement le développement des énergies renouvelables, à l’heure où il devient de plus en plus urgent de sortir des énergies fossiles. Dans nos travaux, la lutte contre le dérèglement climatique est un objectif que nous avons constamment à l’esprit, mais le respect de la biodiversité, l’utilisation plus soutenable des matières premières, la protection de l’environnement, les enjeux de justice sociale et de solidarité internationale font également partie intégrante de nos réflexions.

P. I. La lutte contre le réchauffement climatique donne lieu également à un débat politique. Quel camp, à votre avis, possède les valeurs les plus proches du zéro carbone ?

C. D. — L’association négaWatt n’est assujettie à aucun mouvement politique : nous débattons librement, nous rencontrons des gens de sensibilités diverses et nous proposons des solutions qui entendent échapper aux querelles partisanes. D’ailleurs, repenser les consommations d’énergie et voir dans quelle mesure les usages peuvent être optimisés sont des enjeux qui dépassent les affrontements traditionnels. Quand on lutte contre les gaspillages, on ne se demande pas au préalable à quel camp on appartient. En France, il y a parfois ce sentiment que seuls les ingénieurs du corps des Mines ont voix au chapitre sur les questions énergétiques. Pourtant, elles concernent l’ensemble des citoyens. Une association comme négaWatt entend repousser les frontières en rappelant que les acteurs de terrain (artisans, consommateurs, collectivités…) ont, par leur expérience, toute légitimité à s’exprimer dans les débats de politique énergétique. La Convention citoyenne pour le climat offre un exemple remarquable sur ce sujet. Ces formes de gouvernance doivent être encouragées, car l’énergie est un domaine trop important pour être prisonnier d’une pensée unique.

P. I. Au-delà du triptyque — sobriété, efficacité énergétique, énergies renouvelables — défendu par négaWatt, quels sont aujourd’hui les dossiers prioritaires traités par l’association ?

C. D. — Le travail de fond de négaWatt porte sur la construction de visions prospectives, dans le but de mieux guider les choix politiques à court terme. En 2017, négaWatt a publié son dernier scénario de référence à l’horizon de 2050 : celui-ci atteint la neutralité carbone pour la France et un mix énergétique 100 % renouvelable. La trajectoire est ambitieuse mais réalisable, et pleine de bénéfices sur les plans sociaux, environnementaux et économiques : c’est pourquoi nous l’appuyons fermement. Nous allons certes plus loin que les objectifs des pouvoirs publics en matière de transition écologique, mais le plus inquiétant est peut-être que les actions menées actuellement par le gouvernement restent loin de ses propres engagements. Sur la maîtrise des consommations d’énergie, les moyens sont encore insuffisants. En outre, il arrive que la stratégie de réduction des émissions s’applique au mépris des enjeux de justice sociale. Pour résumer, on laisse souvent au second plan les actions qui permettent de réduire durablement la facture énergétique des ménages, et en particulier des plus modestes. À croire que les leçons de la crise des Gilets jaunes n’ont pas été tirées. Pourtant, il existe des leviers à actionner, notamment dans le secteur du bâtiment, qui concentre 40 % des besoins en énergie en raison principalement du chauffage et de la climatisation. Une filière peut et doit se développer en France autour de la rénovation — avec de nombreux corps de métiers spécialisés —, mais le système d’aides actuel incite encore les gens à aller vers des travaux épars et peu performants. Plutôt qu’un accompagnement global et coordonné, on préfère empiler les petites mesures, sans grands résultats. À une plus large échelle, certains sujets techniques ne sont pas arbitrés dans le bon sens : par exemple, via de nouvelles réglementations à l’étude dans le bâtiment, le chauffage électrique risque d’être largement privilégié aux dépens de l’isolation, alors qu’il pèse sur le budget des ménages. Cette approche est regrettable, lorsqu’on sait que l’on pourrait très bien faire le choix d’une isolation performante et de modes de chauffage efficaces, tels que les pompes à chaleur.

P. I. NégaWatt promeut donc un mix énergétique 100 % renouvelable à l’horizon de 2050. Ce scénario repose-t-il sur des fondements technologiques avérés ou n’est-il pas plutôt un vœu pieux ?

C. D. — Ce scénario n’est évidemment pas sorti de nulle part. Au contraire, il repose sur un examen approfondi des consommations, des moyens de production et de la manière de les agencer. Le pilier principal de ce scénario, c’est la maîtrise de la consommation. Il faut rappeler que la réduction des émissions de gaz à effet serre passe avant tout par les économies d’énergie, et que celles-ci facilitent la montée en puissance des énergies renouvelables. Nos travaux montrent que cet horizon 100 % renouvelable est réaliste et qu’en aucun cas le pays n’est menacé d’être plongé dans le noir. Face aux progrès techniques et aux baisses de coût des renouvelables électriques, les reproches qui leur sont traditionnellement adressés n’ont plus lieu d’être : la faisabilité d'un système électrique 100 % renouvelable fiable et économique est chaque jour plus évidente. Elle s’appuie sur des études techniques robustes, contrairement aux critiques de ses détracteurs…

Par ailleurs, chacun souligne avec raison la forte accélération du solaire et de l’éolien, mais on oublie souvent le gros potentiel de la biomasse pour le chauffage des bâtiments ou du biogaz pour alimenter les véhicules. L’utilisation de ces sources d’énergie doit être encouragée, car elles permettent une meilleure stabilité du système de production d’énergie. Elles concilient également transition agricole et transition énergétique. En revanche, nous insistons chez négaWatt sur la nécessité d’un bon pilotage de leur développement par les pouvoirs publics : les énergies renouvelables en France n’en ont pas terminé avec des politiques pénalisantes de stop and go. Les filières commencent par être accélérées, avec des programmes et des conditions tarifaires d’accompagnement, et puis elles encaissent soudain un coup d’arrêt. Les choix politiques récents visant à freiner la dynamique de développement des capacités de production de biogaz sont assez inquiétants.

P. I. Vous n’avez pas peur que cette recherche d’une sobriété accrue pèse sur le fonctionnement de l’économie ? Jusqu’à quel point le scénario négaWatt n’est-il pas un chemin vers la décroissance ? La vie zéro carbone est-elle une vie bridée ?

C. D. — La démarche de sobriété vise avant tout à limiter les gaspillages. C’est donc aussi un levier de compétitivité pour notre économie et nos entreprises. Par ailleurs, elle n’est pas synonyme de retour à la bougie. Il s’agit plutôt de réfléchir à nos besoins et aux manières de les satisfaire tout en limitant leur impact sur la planète et sur les autres populations. Par exemple, on peut faire le choix de flécher l’investissement public vers des modes de transports moins polluants que la route et qui facilitent l’accès à la mobilité pour tous, tels que les transports en commun. La voiture n’est pas forcément synonyme de liberté de se déplacer : certains n’y ont pas accès, faute de moyens. De même, sortir du diktat publicitaire de la surconsommation pour privilégier des produits de meilleure qualité, réparables et durables, est aussi une manière de redonner du sens à nos modes de vie tout en limitant notre empreinte carbone au-delà des frontières. La sobriété est l’affaire de tous. Pour que les consommateurs puissent faire les bons choix, il faut que les pouvoirs publics et les acteurs économiques créent les conditions qui les rendent possibles : promouvoir une logique d’écoconception plutôt que l’obsolescence programmée ; repenser l’aménagement de nos territoires ; développer des infrastructures cyclables et ferroviaires ; mettre en place des signaux-prix reflétant véritablement les externalités négatives, etc. Que le kérosène soit encore aujourd’hui défiscalisé alors qu’un trajet en avion émet 45 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que ce même trajet en train est problématique. Enfin, on le voit actuellement, la sobriété est aussi vectrice de résilience. Lorsqu’on relocalise notre production et qu’on modifie les circuits d’approvisionnement dans le sens d’une économie circulaire, on peut générer des investissements, des emplois et de la richesse sur nos territoires.

Il faut également préciser de quelle croissance ou décroissance on parle. Le scénario négaWatt est une trajectoire de décroissance de tout ce qui consomme des ressources finies, mais de croissance de ce qui les préserve. Il pourrait créer 600 000 emplois supplémentaires d’ici à 2050. Avec quel impact sur le PIB, interrogent certains ? Les évaluations économiques du scénario négaWatt montrent un impact positif par rapport à une trajectoire tendancielle. Enfin, le PIB n’est pas le seul indicateur de référence. Il peut être dopé artificiellement par des activités qui donnent matière à gaspillage. Il est nécessaire de revoir ces indicateurs afin de mieux penser notre modèle économique à la lumière des impératifs de la transition énergétique.  

P. I. Les différents acteurs ne contribuent pas avec la même célérité à un monde décarboné. L’attitude des grands groupes est souvent montrée du doigt. Ils tarderaient à se mettre à l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique. Qu’en pense-t-on chez négaWatt ?

C. D. — Fondamentalement, les plus grands groupes de l’industrie et des services n’ont plus le choix. Comme tous les autres acteurs de l’économie, ils connaissent les indicateurs climatiques. Si l’on ne fait rien, ils savent bien qu’on court à la catastrophe. Ce que montrent les évaluations économiques de scénarios comme celui de négaWatt mais aussi de l’association Entreprises pour l’environnement, c’est que ces acteurs ont tout intérêt à devenir moteur de la transition énergétique. Il s’agit pour eux d’anticiper les nécessaires transformations de leur filière d’activité et d’en saisir les opportunités économiques. Sur ce point, il est essentiel que le décideur politique endosse son rôle de planificateur et de régulateur pour poser dès à présent les signaux nécessaires à la mobilisation de ces acteurs, en leur assurant une visibilité de long terme. Malheureusement, cela n’est pas encore le cas aujourd’hui. Les externalités négatives ou positives de certaines activités ne sont toujours pas suffisamment prises en compte dans les indicateurs économiques. Au niveau des grands groupes, l’expérience montre que certain(e)s dirigeant(e)s vont plus vite que d’autres. En France, Isabelle Kocher a entrepris de faire pivoter Engie (ex-GDF Suez) vers des solutions décarbonées. Ce virage pour faire du groupe un leader mondial de la transition zéro carbone a rencontré une profonde hostilité dans certains milieux d’affaires et/ou politiques : d’ailleurs, Isabelle Kocher n’a pas été renouvelée à la tête du groupe. N’entrons pas dans les querelles de personnes, mais cet épisode montre bien l’ampleur du travail qui reste à effectuer pour transformer notre économie en une économie responsable. Le travail d’élaboration à l’échelle européenne d’une taxonomie verte est un bon signal pour pousser les acteurs de la finance à accélérer leur transformation.

P. I. La planète traverse une crise sanitaire sans précédent. En termes de gestion de la consommation d’énergie et, par extension, de protection de la planète, cet épisode aura-t-il des effets salutaires ?

C. D. — La crise du coronavirus montre que notre monde technico-économique est fragile. La pression du système productif mondial sur l’environnement naturel et la biodiversité a créé les conditions d’apparition de maladies transmissibles des animaux aux humains. Les chaînes logistiques longues et complexes ont montré la défaillance de certains États à assurer leur autonomie d’approvisionnement pour des produits comme les masques de protection. Le choc sanitaire se mue en crise économique et sociale car les personnes vulnérables sont encore plus fragilisées. Qu’en sera-t-il face au changement climatique qui peut engendrer des crises bien plus fortes (pénuries alimentaires, catastrophes naturelles, manque d’eau, migrations climatiques, etc.) ? Face à ce constat, il doit y avoir un « avant » et un « après » coronavirus. Se dire que nous pourrions repartir sur le long terme comme nous vivions depuis tant d’années serait incompréhensible. Nos modèles de pensées et nos façons de fonctionner doivent être totalement reconsidérés. Nous espérons chez négaWatt que les enjeux de soutenabilité, tant du point de vue environnemental que social, pourront être remis au cœur des choix politiques et économiques. Prioriser le soutien public et aiguiller les investissements vers des activités générant une moindre dépendance aux ressources épuisables et une meilleure valorisation des richesses sur nos territoires est essentiel, et relève du bon sens. Nous espérons que le gouvernement se saisira du formidable travail accompli par la Convention citoyenne pour le climat pour guider l’action publique et les investissements mobilisés dans le cadre du plan de relance.

P. I. Pour vous, à quoi ressemblera la mobilité des biens et des personnes dans un monde zéro carbone ?

C. D. — Elle sera plus intelligente, car pour arriver à un monde zéro carbone, c’est l’ensemble de notre mobilité qu’il faut repenser. On aura créé les conditions pour que les personnes ne soient plus dépendantes de la voiture et puissent utiliser des modes de transport plus soutenables et adaptés à leurs besoins. Cela passe par un meilleur aménagement urbain, le développement d’infrastructures cyclables et ferroviaires, l’investissement dans des modes alternatifs et des solutions d’autopartage en milieu rural, une réorganisation de nos habitudes de travail, etc., avec de réels bénéfices en matière de qualité de vie ! Au niveau du transport de marchandises, on aura également privilégié les circuits courts, encouragé l’allongement de la durée de vie des produits, favorisé le fret ferroviaire par la mise en place de signaux-prix justes par rapport aux bénéficies environnementaux qu’il engendre, et on aura optimisé le taux de remplissage des poids lourds afin de réduire le nombre de véhicules en circulation et les consommations associées.

Se projeter dans un monde zéro carbone nous encourage à repenser dès à présent les modèles économiques de filières comme l’industrie automobile, en favorisant le développement de véhicules plus légers, de deux roues électriques, dans le cadre de process de fabrication économes en énergie sur l’ensemble du cycle de vie des véhicules. Bien sûr, la mobilité dans un monde zéro carbone implique de sortir de notre dépendance aux énergies fossiles importées, en se passant du pétrole. Pour remplacer ce pétrole, d’autres motorisations doivent être développées : électricité et bioGNV dans les voitures, bioGNV dans les poids lourds. Dans les avions, la seule solution disponible actuellement consiste à remplacer le kérosène par des agrocarburants. Mais l’impact de ces derniers est loin d’être neutre. Pour éviter de devoir choisir entre le voyage d’une catégorie privilégiée de la population et se nourrir, il sera donc impératif de réduire de manière conséquente les déplacements en avion.

P. I. Quel impact sur la liberté de mouvement ?

C. D. — Nous devons distinguer ce qui relève ou non de la liberté de mouvement. Les périodes de confinement que nous traversons actuellement, oui. Mais la transformation de nos modes de transports vers des solutions plus soutenables, non. Le mouvement des Gilets jaunes nous a rappelé que la voiture n’est pas forcément une liberté. Elle s’associe souvent à des déplacements contraints (domicile-travail), à une charge financière importante et à un temps non négligeable passé dans des embouteillages. Dans notre scénario de prospective énergétique, les Français continuent de se déplacer tout comme ils continuent de se chauffer (dans des logements devenus plus confortables), de s’alimenter (avec une nourriture de qualité) ou de s’éclairer (avec des lampes plus efficaces). On s’attèle à réduire les déplacements contraints par le développement du télétravail et un aménagement urbain favorisant la proximité des services et la mixité d’usages. On développe les modes de transport alternatifs et collectifs. Quant à l’avion, la crise du Covid nous a déjà montré qu’une grande partie des réunions d’affaires pouvait se tenir sans embarras en visio-conférences, au bénéfice des salariés. Bien sûr, pour les personnes adeptes des vacances à l’autre bout du continent, nous les invitons à réinventer leur modèle de voyage : explorer les environs, favoriser l’écotourisme. La liberté de voyager doit s’inscrire dans les limites planétaires, et dans une équité mondiale. Le voyage prend du temps, il faut réapprendre à l’apprécier !

Cet entretien a été réalisé en novembre 2020.