Si un référendum sur l’indépendance avait lieu demain en Écosse, le « oui » serait sûr de l’emporter. Le dernier sondage sur la question, paru à la mi-février 2021, était le 21e d’affilée, sur une durée d’un an à livrer le même verdict… Certains prédisent une victoire de l’indépendance avec des marges assez confortables, allant jusqu’à 58 %. Comment en est-on arrivé à ce point, alors qu’il y a à peine plus d’un an la courbe donnait l’impression de n’avoir guère évolué depuis le référendum d’autodétermination de 2014, qui avait vu 55 % des Écossais réitérer leur attachement au Royaume-Uni ? Et par quel chemin l’Écosse pourrait-elle devenir indépendante dans un avenir proche, sachant que Londres lui a déjà refusé l’organisation d’un nouveau référendum à deux reprises, d’abord par la voix de l’ancienne première ministre britannique Theresa May en mars 2017, puis par celle de son successeur Boris Johnson en janvier 2020 ?
Une majorité d’Écossais désormais favorables à l’indépendance
Si une majorité d’Écossais a durablement basculé dans le camp de l’indépendance depuis début 2020, ce n’est pas tant le résultat d’une campagne qui les aurait positivement convaincus de ses mérites, mais plutôt le fruit d’une combinaison inédite de facteurs montrant l’« Union » britannique sous son plus mauvais jour. Le premier, et certainement le plus significatif, a été la réélection du parti conservateur à la tête du Royaume-Uni en décembre 2019, pour la quatrième fois de suite, et à la majorité absolue. C’était la garantie de cinq ans supplémentaires de gouvernement conservateur, à ajouter aux dix années déjà subies par des Écossais n’ayant pas placé ce parti en tête dans les urnes… depuis 1959. C’était aussi la garantie d’une sortie de l’UE, alors qu’une grande majorité d’Écossais avaient voté pour le « maintien ». Après des années de gouvernement minoritaire qui les avaient mis en difficulté au sein du Parlement britannique, notamment sur la question des négociations avec l’UE, les Conservateurs avaient désormais le champ totalement libre pour imposer la version du Brexit défendue par leur tête de file, Boris Johnson. Celui-ci incarnait la politique du hard Brexit, soit celle qui était la plus éloignée des souhaits des Écossais. Lors des négociations européennes, le gouvernement écossais avait en effet fait campagne pour que l’ensemble du Royaume-Uni, ou à défaut l’Écosse, puisse demeurer dans le marché commun et l’union douanière. Cette campagne était déjà restée lettre morte sous le gouvernement minoritaire de Theresa May ; il ne pourrait plus en être autrement à présent que Boris Johnson disposait d’une majorité absolue aux Communes. La réélection des Conservateurs en décembre 2019 a de ce fait été suivie, dès janvier 2020, par l’adoption de l’accord de retrait par le Parlement britannique, puis par la sortie effective du Royaume-Uni de l’UE.
Cette suite d’événements est venue étayer l’argument phare des indépendantistes pour qui, tant que les Écossais resteront dans le Royaume-Uni, ils se verront imposer des choix politiques qui ne sont pas les leurs — non seulement des gouvernements conservateurs à répétition, mais même la sortie de l’Union européenne. Rappelons que l’Écosse est la région …
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