« Quoi qu’il en coûte » ! Ce 12 mars 2020, Emmanuel Macron annonce le confinement de la France face à la pandémie et répète à plusieurs reprises que tout sera mis en œuvre pour protéger la vie, la santé des Français, les salariés et les entreprises… quoi qu’il en coûte. Derrière la formule choc, il y a une réalité : la dette. À vrai dire, le président ne fait que copier le « whatever it takes » de Mario Draghi. Le 26 juillet 2012, le président de la BCE annonce qu’il est « prêt à faire tout ce qui est nécessaire pour sauver la zone euro ». En clair, la BCE va racheter des obligations émises par les États de l’Eurosystème. À commencer par celles de l’Italie. Mario Draghi ne faisant lui-même que reprendre la politique de « quantitative easing » initiée au lendemain de la faillite de Lehman Brothers par le patron de la FED Ben Bernanke. Pour éviter un effondrement de l’économie et sauver le système bancaire, la FED se lance, en 2009, dans un vaste programme de rachat d’obligations privées et de bons du Trésor américain. Depuis, elle n’a fait qu’accroître ses interventions.
Pour faire face à la pandémie, on n’a donc rien inventé. Simplement, on change d’échelle. La crise financière de 2008 et celle de la zone euro de 2012 s’étaient déjà traduites par une forte hausse de l’endettement public et privé. Exprimée en pourcentage du PIB, la dette mondiale a crû d’une vingtaine de points en une décennie. Cette fois, elle fait un bond équivalent en une année. À la fin de 2020, selon le FMI, la dette publique mondiale approche les 100 % du PIB. Pis : l’ensemble des dettes (publique, ménages, entreprises) atteint 277 000 milliards de dollars, soit 365 % du PIB mondial. Avec la mise sous cloche de l’économie, les déficits publics explosent. Le PIB recule. Et la dette s’envole. À l’image des Animaux victimes de la peste de la fable de Jean de La Fontaine « ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » : les États-Unis, le sud de l’Europe, la France, le Japon et jusqu’à la vertueuse Allemagne, qui voit son taux de dettes sur PIB dépasser les 70 %. Quant à la Chine, elle n’a pas lésiné sur la création monétaire pour faire face au ralentissement de son économie.
Quand dette rimait avec guerre
Le monde a déjà connu des périodes de flambée de la dette. Elles rimaient la plupart du temps avec la guerre. En 1815, l’Empire britannique a vaincu Napoléon mais se retrouve financièrement exsangue. Sa dette s’élève à 250 % de son PIB, deux fois plus que la France. Les réparations payées par Louis XVIII ne suffiront pas, loin de là, à réduire cet endettement. Outre-Manche, deux écoles d’économistes s’affrontent. L’une veut prendre son temps et accepte de dégrader les comptes publics en embauchant les anciens soldats comme fonctionnaires. L’autre entend privilégier le remboursement de la dette afin de restaurer la confiance dans la monnaie, ce qui passe par une augmentation des impôts : la rigueur. Comme quoi les débats d’aujourd’hui étaient …
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