Les cris d’alarme se multiplient : un « génocide » serait en cours au Xinjiang. Un million de Ouïghours seraient internés dans des camps pour y subir un lavage de cerveau systématique : interdiction de parler une autre langue que le mandarin, obligation de se couper la barbe pour les hommes, interdiction de porter le voile pour les femmes, de prier, de jeûner durant le ramadan, etc. En revanche, on les contraint à chanter la gloire du Parti, de la grande Chine, du président Xi Jinping, et de visionner des films de propagande à longueur de journée.
Des entreprises étrangères profiteraient d’une main-d’œuvre captive pour faire fabriquer leurs vêtements, leurs machines, leurs produits en conserve… Le tableau s’est encore assombri au mois de février 2021 avec la diffusion, par la plupart des médias de la planète, d’un reportage de la BBC accablant (1). Le monde a ainsi eu la confirmation que non seulement des centaines de milliers de Ouïghours et d’autres peuples du Xinjiang étaient massivement enfermés dans des camps, des prisons et autres institutions pénitentiaires, mais qu’ils y étaient soumis à des tortures physiques et psychologiques, voire à des séances de viols collectifs.
L’administration américaine, le Parlement européen et de nombreux pays à travers le monde qualifient effectivement de « génocide » les drames qui se déroulent actuellement au Xinjiang. La plupart des grandes organisations internationales appellent au boycott du coton qui y est cultivé, demandent des sanctions contre la Chine, exigent que des groupes d’experts indépendants se rendent sur les lieux pour vérifier la véracité de ces allégations. Mais, jusqu’à présent, rien de concret n’est vraiment sorti de ce brouhaha médiatique. La Chine fait la sourde oreille et l’Europe signe des conventions pour faciliter les investissements : plus d’ouverture du marché chinois pour les Européens ; plus de transparence et de respect des normes pour les producteurs chinois.
Le gouvernement de Pékin, de son côté, persiste et signe : selon le discours officiel, il cherche uniquement à consolider l’autorité du pouvoir central à ses frontières et à s’assurer la maîtrise des ressources locales tout en développant une stratégie d’extension vers l’ouest, dans le cadre du projet des « routes de la Soie ».
Peut-on dire que l’on ne savait pas ?
Les rumeurs en provenance du Xinjiang ne datent pas d’hier ! Dès 2016, la sonnette d’alarme avait été tirée : des bâtiments étaient en train de sortir de terre dans plusieurs régions de la province, qui ressemblaient à de vastes camps d’enfermement. Ces lieux d’incarcération d’un nouveau genre se sont rapidement étendus. Pendant plusieurs années, les observateurs ont hésité : que penser ? Que croire ? Il est toujours difficile d’imaginer l’inimaginable. Pourtant, l’écrasement des minorités ethniques se poursuit sans relâche partout à la surface du globe, du Rwanda jusqu’à l’Irak, en passant par la Syrie ou l’Érythrée. Notre pauvre « Plus jamais ça » est de plus en plus inaudible…
La réalité des faits est apparue clairement au fil du temps. Compte tenu de la difficulté pour les journalistes, ou même pour les touristes, de se rendre au Xinjiang, des chercheurs ont expérimenté de nouvelles techniques de …
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