À ses débuts, la guerre qui a fait suite aux attentats aériens du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone était surnommée « the good war ». Il s’agissait de capturer ou de tuer Oussama ben Laden et les responsables d’Al-Qaïda ainsi que de renverser le régime des talibans qui leur avait accordé l’hospitalité, puis avait refusé de les livrer à l’administration américaine.
La fleur au fusil
Rarement une guerre avait réuni autour d’elle un tel consensus. Les 19 pays membres de l’Otan s’étaient déclarés solidaires des États-Unis, de même que l’Organisation des États américains. La Russie s’était prononcée pour la lutte contre le terrorisme, ce qui signifiait qu’elle avalisait l’opération. Quant à la Chine, elle ne s’y était pas opposée. Dès le 18 septembre 2001, le Conseil de sécurité exigeait des talibans qu’ils appliquent la résolution 1333 demandant l’extradition d’Oussama ben Laden. Même le pape Jean-Paul II concédait aux États-Unis un droit à la légitime défense.
Tous les regards, évidemment, s’étaient aussi tournés vers le Pakistan, qui avait été l’un des trois pays (avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis) à reconnaître le régime fondamentaliste. Son armée et ses services secrets avaient financé, armé, conseillé, entraîné les talibans, avant de les mettre en orbite et même de participer à certains combats. Islamabad fit alors savoir qu’il se désolidarisait de ses protégés en annonçant, via son président, le général Pervez Moucharaf, un « soutien illimité à la lutte contre le terrorisme ».
La guerre, qui commença le 7 octobre 2001, paraissait facile à gagner. Hormis le déploiement de quelques troupes de montagne américaines dans le centre du pays, elle fut pour les États-Unis essentiellement aérienne, menée à coups de tirs de missiles Tomahawk et de bombardements massifs des B-1, B-52 et C-130 Hercules de l’aviation — quelque 12 000 bombes seront larguées entre début octobre et la fin du mois de décembre (1). Les forces de l’Alliance du Nord (2), le mouvement politico-militaire qui résistait tant bien que mal aux talibans dans l’extrême nord de l’Afghanistan, n’eurent pas trop de mal à se ressaisir. Bien que divisées et terriblement affaiblies par l’assassinat, le 9 septembre, de leur chef, le commandant Ahmad Shah Massoud, elles repartirent à l’attaque, aidées par les forces spéciales américaines.
À partir du 3 novembre, une offensive d’envergure est lancée contre Mazar-i-Sharif où les talibans ont déployé leurs meilleures forces. Elle dure jusqu’au 9 novembre, se terminant par une lourde défaite pour les fondamentalistes. C’est le tournant de la guerre : la prise de la grande ville du Nord a contribué à galvaniser les forces anti-talibanes. Mal préparés à un conflit moderne, dépourvus de défense antiaérienne (ils avaient des canons mais aucun missile) et vulnérables aux bombardements américains intenses qui appuyaient chaque attaque de l’Alliance du Nord, les « étudiants en religion » sont contraints au repli. Tout le front du Nord s’effondre. En se retirant, les forces fondamentalistes ne laissent derrière elles que quelques poches de résistance, comme à Kunduz qui …
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