L’hirondelle Gantz annonçait-elle le retour du printemps pour un processus de paix israélo-palestinien qui, ces derniers temps, semblait s’être dissous définitivement dans les accords d’Abraham conclus entre Israël et plusieurs États arabes ?
Le 29 août dernier, en effet, Benny Gantz, ministre israélien de la Défense et, à ce titre, en charge de la Cisjordanie occupée, s’est rendu à Ramallah. Une visite surprise qui suscita la sensation, puis le trouble et, enfin, de multiples interrogations.
Accompagné par Ghassan Alyan, responsable du Cogat, l’organe israélien chargé des opérations civiles dans les Territoires palestiniens, Benny Gantz fut reçu par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas en présence de Majed Faraj, chef des services de renseignement palestiniens, et de Hussein al-Sheikh, ministre palestinien des Affaires civiles. Depuis l’échec des dernières négociations initiées par le secrétaire d’État américain John Kerry, en 2014, l’inamovible premier ministre Benyamin Netanyahou avait accoutumé la société israélienne à l’absence de toute perspective politique avec les Palestiniens. Cette situation s’était longtemps révélée sans dommage au plan sécuritaire, avec un minimum d’attentats à l’intérieur du pays entre 2014 et 2021. Mais l’explosion de violence brève et intense de mai dernier, lorsque le Hamas lança quelque 4 000 roquettes en dix jours sur le territoire israélien, a montré les limites de cette stratégie. L’accession inattendue au pouvoir, le 13 juin dernier, de Naftali Bennett, leader de la droite dure, à la tête de la coalition la plus hétéroclite de l’histoire d’Israël — incluant non seulement la gauche qu’il avait toujours combattue mais aussi, pour la première fois, un parti arabe, en l’occurrence islamo-conservateur, Ra’am — a ouvert une ère d’incertitude où, à tort ou à raison, pour le meilleur ou pour le pire, tout paraît possible… y compris l’impossible espoir de solution au conflit avec les Palestiniens.
Cette première rencontre officielle depuis 2014 entre un ministre israélien en exercice et le président Mahmoud Abbas — excepté la présence de ce dernier aux obsèques de Shimon Peres en 2016 — a mis un terme à sept ans de glaciation entre Israël et l’Autorité palestinienne.
Elle découle d’une volonté israélienne de remettre en selle un Mahmoud Abbas de 86 ans, plutôt bien portant physiquement mais très affaibli politiquement, aussi bien auprès de son opinion publique que sur la scène internationale, face au Hamas qui, selon plusieurs sondages, pourrait l’emporter en cas d’élections en Cisjordanie. Elle a donné lieu, en tout cas, à des interprétations contradictoires. L’Autorité palestinienne s’est bruyamment félicitée d’une rencontre consacrée, selon elle, aux « relations palestino-israéliennes sous tous les aspects ». Benny Gantz, de son côté, a dans un premier temps semblé minimiser la dimension politique de l’événement. Selon les communiqués de son ministère, les discussions n’auraient porté que sur des « questions sécuritaires de routine » et « des mesures pour renforcer l’économie de l’Autorité palestinienne », notamment un prêt d’environ 500 millions de shekels (120 millions d’euros) qui sera remboursé grâce aux taxes perçues pour le compte de celle-ci par l’État hébreu.
Qui croire ? L’ancien chef d’état-major …
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