Pour regagner le palais du Quirinal en ce jeudi 3 février 2022, Sergio Mattarella avait insisté pour que Mario Draghi prenne place à ses côtés dans la Lancia Flaminia 335 bleu nuit, la décapotable officielle des grandes occasions de la République. Une présence loin d’être protocolaire, qui affirmait avec force l’unité de vues et de destin entre les deux principaux personnages de l’État. Au moment où il passait entre la place de Venise et le palais présidentiel, le cortège escorté par deux pelotons de cuirassiers à cheval en grand uniforme avait été salué par d’immenses acclamations. Une heure plus tôt, les 1 009 grands électeurs du Parlement avaient réservé un accueil tout aussi chaleureux à Mattarella, qui venait de prêter serment pour un second mandat, salué par 55 salves d’applaudissements et une interminable ovation. Ce sacre intervenait à l’issue d’une semaine où l’on avait craint une grave crise institutionnelle, faute de consensus parmi les forces politiques sur la personnalité digne d’être élue à la tête de l’État.
Le second sacre de Mattarella
Le 29 janvier 2022, au huitième tour de scrutin de l’élection présidentielle, Sergio Mattarella, un juge constitutionnel palermitain de 80 ans qui présidait déjà l’État italien depuis 2015, avait obtenu 759 suffrages. Les sept tours précédents avaient sombré dans laconfusion la plus totale : choix improvisés, candidatures retoquées à peine formulées, y compris les plus prestigieuses comme celles de la présidente du Sénat, Elisabetta Casellati, de la cheffe des services secrets, Elisabetta Belloni ou de la garde des Sceaux, la constitutionnaliste Marta Cartabia. Quant à Silvio Berlusconi, qui rêvait, à 85 ans et malgré un mauvais état de santé, d’accéder à la charge suprême, il avait été contraint de se retirer de la compétition à la veille du premier tour après avoir constaté qu’il lui manquerait une quarantaine de voix pour parvenir aux 505 suffrages nécessaires. Dès la proclamation des résultats, le président du Conseil
Mario Draghi avait twitté : « Splendide nouvelle pour les Italiens. Je suis reconnaissant au président de s’être rangé à la très forte volonté du Parlement de le réélire pour un second mandat. »
Aux présidents des deux chambres venus lui communiquer les résultats du vote, Sergio Mattarella, qui s’était refusé depuis des mois à briguer un second mandat, expliquait qu’il n’avait pu que donner son accord : « La grave crise que traverse le pays sur les plans sanitaire, économique et social m’invite au sens des responsabilités et au respect des décisions du Parlement. Ces conditions m’imposent de ne pas me soustraire aux devoirs qui m’appellent et de les faire prévaloir sur toute autre considération et sur tout projet personnel. » C’est Mario Draghi lui-même qui s’était rendu auprès de lui le matin du dernier vote pour le convaincre, malgré ses fortes réticences, d’accepter ce second mandat.
La reconduction de Sergio Mattarella au Quirinal a été accueillie avec un immense soulagement dans tout le pays, mais aussi à l’étranger. Grande était la crainte, dans le chaos politique qui avait présidé à …
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