Le grand philosophe franco-iranien Daryush Shayegan, aujourd’hui disparu, confiait, il y a quelques années, que le régime de Téhéran était déjà tombé mais qu’il ne le savait pas. Ce fin connaisseur des arcanes du système qui, le premier, analysa en profondeur les fondements d’une révolution religieuse (1), faisait la comparaison avec l’URSS des années 1980 qui ignorait à cette époque que sa fin était proche et inéluctable.
Le soulèvement de la jeunesse iranienne apporte une lumière crue à sa réflexion. Si l’histoire de la République islamique est maillée de nombreuses émeutes, toutes réprimées dans le sang, l’immense flambée de colère qui depuis le 16 septembre a saisi, avec une intensité diverse, quelque 150 villes iraniennes, ne vise pas cette fois à obtenir la réparation d’une injustice électorale ou des réformes, mais le renversement d’un régime. « Les dirigeants iraniens eux- mêmes savent bien qu’ils ne sont pas légitimes », ajoutait Daryush Shayegan, peu avant sa mort à Téhéran, en mars 2018.
Des révoltes à répétition
Lorsque au soir du 13 juin 2009 ce qu’on a appelé le « mouvement vert » avait fait descendre dans les rues de Téhéran des centaines de milliers d’Iraniens en réaction contre les résultats truqués de l’élection présidentielle, c’était pour dénoncer la fraude électorale, exiger davantage de démocratie, et dans l’espoir de voir reconnu le candidat de l’opposition réformiste, Mir Hossein Moussavi, comme le vainqueur du scrutin à la place du président sortant Mahmoud Ahmadinejad. Le slogan de rigueur était alors « où est mon vote ? ». Même si la répression était déjà terrible contre ce qui apparaissait comme le plus important mouvement de contestation depuis la naissance de la République islamique trente ans plus tôt, celle-ci n’était pas formellement remise en cause par la majorité des manifestants, pour la plupart issus de la classe moyenne ou supérieure. Mir Hossein Moussavi, ancien premier ministre de 1981 à 1989, soit une époque particulièrement sombre, avait lui- même un trop lourd passif en matière de violation des droits de l’homme pour pouvoir incarner un véritable changement.
Il faudra attendre décembre 2017 pour que des manifestations, qui portent sur des revendications matérielles concernant la vie de tous les jours, prennent dans certaines grandes villes une connotation antirégime, voire antireligieuse. « Mollahs, quittez l’Iran », pouvait-on alors entendre à Machhad, la grande ville sainte du nord- est de l’Iran, où le sanctuaire de Reza, le 8e imam historique du chiisme, accueille chaque année entre douze et quinze millions de pèlerins. Ou encore « Liberté, indépendance et république d’Iran » à Khorramabad (ouest de l’Iran). On entendait aussi, ici et là, des slogans en faveur du Chah, dont le nom n’avait jamais été scandé en public depuis la fin de la monarchie en 1979. Double surprise : il ne s’agissait pas de Mohammed Reza Pahlavi, le dernier monarque renversé par Khomeiny cette même année, mais de Reza, son père, qui avait eu le projet de séculariser l’Iran, prônait une laïcité militante et avait mis au pas les religieux à la différence de son fils, plus accommodant avec eux. La répression allait faire une vingtaine de morts et des centaines d’arrestations.
En 2019, les révoltes reprirent de plus belle. Elles concernaient à présent les villes, petites et moyennes, et étaient surtout le fait des couches populaires qui ne pouvaient plus supporter le triplement des prix de l’essence. Si elles exigeaient l’annulation de la mesure gouvernementale, elles s’en prenaient aussi à la République islamique dans sa totalité, ciblant aussi bien les radicaux que les « pragmatiques », le président de l’époque, Hassan Rohani, que le Guide suprême Ali Khamenei. D’où leur extrême radicalité, avec des actions ultraviolentes visant tout ce qui incarnait le régime. Beaucoup de bâtiments officiels furent incendiés, une centaine de banques, ravagées, selon un recensement officiel, ainsi que des dizaines de centres commerciaux, de stations-service et de magasins. Neuf hozeh elmieh (établissements supérieurs d’enseignement des sciences religieuses) furent par ailleurs brûlés. Sur une vidéo, on pouvait même voir des bassidji (les « mobilisés », nom donné aux miliciens islamiques) éviter de peu le lynchage par la foule. Le régime confirmera d’ailleurs la mort de quatre membres des forces de l’ordre.
La répression n’en sera que plus dure encore, avec l’emploi de tireurs d’élite qui, installés sur des toits, tueront sans retenue. On comptera quelque 1 500 morts, selon le bilan de l’agence Reuters. Les manifestants arrêtés seront lourdement condamnés, y compris pour certains à la peine capitale. Le régime, bien qu’il ne fût jamais en situation d’être renversé ni même sérieusement menacé, s’était déjà montré inquiet.
Provoqué par le tabassage à mort, le 14 septembre 2022, de Mahsa Amini, une jeune Kurde de 22 ans, en visite à Téhéran, pour un voile mal porté, le soulèvement qui commence deux jours plus tard se situe dans le droit fil des révoltes précédentes. Il a pris cependant une forme très différente de celle de la « révolution verte » de 2009. Le mouvement était alors beaucoup plus massif, rassemblant des foules de centaines de milliers de participants, mais demeurait centré sur Téhéran et certaines grandes villes. Il a cependant été assez rapidement écrasé, et ses leaders, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, arrêtés — ils sont toujours en résidence sous surveillance et privés de toute liberté d’expression.
Le mouvement actuel a d’abord été initié par des femmes qui, au-delà de la mort scandaleuse en détention de Mahsa Amini, entendaient à la fois dénoncer leur propre stigmatisation et leur mise à l’écart dans l’espace public, ce que reflète l’obligation de porter le hijab (voile). Les premières manifestations sont donc l’occasion de se dévoiler, ce que firent des dizaines de milliers d’Iraniennes au lendemain de la mort de la jeune Kurde, certaines précipitant leur foulard dans des brasiers ou le transformant en torche. Une des vidéos les plus fortes, relayées à l’infini par les réseaux sociaux, est celle d’une jeune femme qui, après avoir brûlé son voile, exprime sa joie en dansant devant la foule qui l’applaudit à tout rompre. Une autre vidéo culte montre une adolescente debout sur une voiture tenant au bout d’une branche son foulard enflammé. On peut voir dans ces deux actions la réminiscence de l’ancienne religion zoroastrienne et son culte du feu.
Très vite, la contestation reçoit le soutien des hommes, qui deviennent majoritaires dans les manifestations même si, en dépit de la violence de la répression, les femmes les accompagnent en première ligne. Et elle va gagner tout l’Iran des grandes comme des petites villes et toutes les classes sociales. Les revendications des protestations antérieures, comme la dénonciation de la corruption endémique du régime, l’absence de liberté, le règne despotique du Guide suprême, vont s’ajouter aux demandes féminines, voire féministes. Viennent se greffer au mouvement les révoltes simultanées des minorités ethniques, kurdes, baloutches et arabes, souvent de confession sunnite, marginalisées et méprisées par le pouvoir, sur lesquelles va s’abattre une répression encore plus impitoyable.
D’abord contestataire, le mouvement qui, jour après jour, catalyse tous les ressentiments d’une jeunesse urbaine privée d’avenir et empêchée de respirer dans un pays qui cadenasse toutes les libertés va devenir révolutionnaire lorsqu’il va demander, aux cris de « mort au dictateur », la fin de la République islamique. Pas de programme politique pour autant, ni même de mots d’ordre. Aucun relais politique non plus, si ce n’est quelques regroupements informels, comme celui connu sous le nom des « jeunes de Téhéran ». Les protestataires se donnent simplement des rendez-vous, en général sur des places, en fin d’après-midi. Pas de leader non plus, même exilé à l’étranger. Et une fois la manifestation commencée, qui ne dure en général qu’entre cinq et quinze minutes tant la répression est terrible, des slogans, qui fédèrent les participants, dont le désormais célèbre « femme, vie et liberté » auquel il convient de répondre par « homme, patrie et prospérité ». On y entend aussi des chansons, dont l’une, Baray-e, va servir d’hymne repris d’un bout à l’autre du pays, et même dans les manifestations de soutien qui se déroulent à Paris.
Son auteur, le jeune compositeur Shervin Hajipour — qui a été arrêté, puis libéré moyennant le versement d’une lourde caution — a simplement repris les tweets d’internautes iraniens, témoignant de leur rage comme de leurs difficultés de vivre au quotidien. C’est donc avec les mots de tous les jours que le musicien évoque « la crainte de s’embrasser devant des inconnus », le désir « de danser dans la rue », « l’économie corrompue », « la honte de la pauvreté » et le sort de « ceux qui périssent dans les taudis », la nécessité de se débarrasser d’un « système malsain et des esprits sales », « l’obligation de croire à leur paradis » et « les slogans de haine enseignés dans les écoles ». Dès lors, cette chanson apparaît comme le miroir des espoirs et des peurs de toute une jeunesse qu’elle contribue à galvaniser.
Signe que les préoccupations écologiques sont également très présentes dans l’actuel soulèvement, le chanteur mentionne l’air irrespirable dans les villes iraniennes à cause de la pollution, les arbres menacés dans la grande avenue Vali Asr de Téhéran et même les guépards en voie de disparition.
Pour le spécialiste de l’Iran Karim Sadjapour, de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, « la meilleure façon de comprendre le soulèvement iranien n’est pas un livre ou un essai, mais l’hymne de deux minutes de Shervin Hajipour, qui, avant qu’il soit emprisonné, avait déjà recueilli plus de 40 millions de vues en 48 heures ». Même dans la cité sainte de Qom, le cœur de la République islamique, d’où sont issus nombre de responsables politiques et religieux, des vidéos révèlent que les étudiants de cette ville ont repris la chanson rebelle.
Le général Qassem Soleimani, un héros déchu
Pour bien montrer que ce sont toutes les valeurs du régime qui sont désormais rejetées par le mouvement, les manifestants s’en sont pris d’emblée à une figure emblématique à la fois de la révolution islamique et du nationalisme iranien, le défunt général Qassem Soleimani (2). Chef de la force Al-Qods, la branche la plus puissante des pasdarans, chargée des opérations secrètes, du renseignement et des guerres sur les théâtres extérieurs, il fut le principal héros des batailles contre l’État islamique en Irak, notamment pendant le siège d’Alep et celui de Mossoul, au point d’être l’objet d’une véritable vénération nationaliste et religieuse (3). Alors que sa photo était brandie, le 21 septembre 2022, par le président Ebrahim Raïssi, pendant son discours à l’Assemblée générale des Nations unies (4), les protestataires incendiaient ses portraits ou vandalisaient ses statues dans les rues. À Kerman (est de l’Iran), sa ville natale, où son enterrement, en janvier 2020, avait rassemblé des centaines de milliers de personnes, de jeunes manifestants sont allés jusqu’à grimper sur des échafaudages afin de s’en prendre à son portrait, de la hauteur d’un immeuble. Et c’est avec une rage formidable qu’ils l’ont lacéré, arraché, mis en pièces, puis incendié. Un acte iconoclaste qui équivaut à un crime aux yeux des autorités.
Peu après le début du soulèvement, on a vu aussi des adolescentes faire irruption dans la contestation avec des vidéos dévastatrices pour le régime. La plus sidérante montre des collégiennes sans foulard et de dos pour ne pas être reconnues, chacune adressant un doigt d’honneur à Ali Khamenei, ou du moins à son portrait accroché à un mur de classe. Une transgression absolue dans la République islamique, où la moindre critique contre le Guide est punissable d’une peine de prison. Devenue immédiatement virale sur les réseaux sociaux, elle sera accompagnée par d’autres images montrant des groupes d’adolescentes déchirant les photos des dirigeants iraniens et les remplaçant par celle de Mahsa Amini. Mais il y a plus que du défi dans leur geste. Comme l’explique une enseignante de Téhéran qui est en contact avec des adolescentes et doit demeurer anonyme sous peine d’arrestation, « c’est un désir et un objectif affiché des jeunes Iraniennes qui veulent que le monde les regarde prendre en main ce combat. Elles savent qu’il est important de faire entendre leurs voix au-delà des frontières, car leur vie entière se vit déjà, depuis des années, dans un monde virtuel où les frontières sont sans objet ».
La révolte ne se joue donc pas seulement dans la rue mais aussi sur les réseaux sociaux, grands vecteurs de la mobilisation, même si le régime s’emploie, de son côté, à couper Internet.
Dans l’ensemble, si l’on excepte les provinces limitrophes du Kurdistan et du Baloutchistan, où la contestation touche tous les segments la population, c’est surtout la jeunesse qui manifeste à la différence des précédents soulèvements. Les protestataires ont le plus souvent entre 12 et 24 ans. Rares sont ceux qui dépassent les 40 ans. Selon le site Iranwire, qui cite un rapport confidentiel du gouvernement, la moyenne d’âge des quelque 2 000 manifestantes et manifestants arrêtés à la mi-octobre n’était que de 17 ans. Et 90 % d’entre eux n’avaient jamais eu affaire à la police.
Ce qui attise aussi la colère des manifestants, c’est leur impression de vivre dans une société obligée de faire marche arrière sur la question des revendications individuelles depuis l’élection présidentielle de 2021 qui a vu la victoire du candidat ultraconservateur, l’ayatollah Ebrahim Raïssi. Si celui-ci a été facilement élu, la participation au scrutin fut en revanche la plus faible depuis l’avènement de la République islamique. C’est la première raison de ce retour en arrière : sa base se rétrécissant, le régime est amené à se durcir. « Ce qui le conduit à une phase de purification idéologique, comme sous Mahmoud Ahmadinejad [président de la république islamique de 2005 à 2013, ndlr], explique Clément Therme, chercheur associé à l’Institut international des études iraniennes. L’appareil de sécurité prend alors le contrôle des institutions élues, il crée une surenchère idéologique qui s’accompagne d’une fuite en avant sécuritaire. »
Un gouvernement tueur d’enfants
Cette fuite en avant, la sociologue franco-iranienne Azadeh Kian, directrice du Centre d’enseignement, de documentation et de recherches pour les études féministes de l’université Paris-Diderot, en parle comme d’une « talibanisation du régime » dont la finalité serait de transformer la République islamique en un État islamique.
« Celui-ci s’attaque aux dernières libertés individuelles. Mais c’est à l’égard des femmes que c’est le plus manifeste, avec des agressions violentes dans la rue si elles ne portent pas correctement le hijab, une politique ouvertement nataliste, l’encouragement des mariages précoces, la séparation des femmes et des enfants d’avec les hommes dans les parcs et la montée en puissance des brigades des mœurs. »
« La victoire des talibans en Afghanistan n’a pas été sans effet sur le régime, ajoute la chercheuse. Leur pensée a eu un impact sur les dirigeants iraniens. Désormais, beaucoup d’ayatollahs de Qom souhaitent voir élaborer une politique de retour des femmes au foyer alors qu’elles ne sont déjà que 11 % engagées dans la vie active. »
À cette radicalité du pouvoir va répondre celle de la jeunesse qui n’a connu ni le régime du Chah, ni la révolution islamique, ni la consolidation de la République islamique après la fin de la guerre contre l’Iran, et qui en 2009 n’avait pas l’âge de participer à la « révolution verte ». Aux valeurs islamiques elle oppose les siennes, qui sont communes à celles de la jeunesse occidentale, celle de Londres, de Paris et, surtout, de Los Angeles. Confrontée quotidiennement à la violence sauvage de la répression, il n’est pas question pour elle d’envisager la moindre réconciliation ni le plus petit accommodement avec le nizem (système), quand bien même les factions réformistes reprendraient le pouvoir. À ses yeux, la mort d’une soixantaine de mineurs, dont nombre d’enfants dans un pays où ceux-ci sont sacralisés, ne peut pas être pardonnée. Un slogan, largement repris dans les manifestations, le dit ouvertement : « hukumat-e batche-kosh nemikham » (« Nous ne voulons pas d’un gouvernement tueur d’enfants »).
Les transgressions vont se poursuivre, voire s’intensifier : une aile du séminaire de la ville sainte de Qom et, surtout, la maison natale de l’ayatollah Khomeiny sont incendiées le 17 novembre, de même que les statues du fondateur de la République islamique. Qui aurait pu l’imaginer il y a encore quelques mois ?
L’historien et spécialiste de l’Iran, Jonathan Piron, coordinateur du pôle prospective d’Etopia, un centre de recherche indépendant basé à Bruxelles, et chercheur associé au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip), définit le soulèvement comme « un mouvement de contestation d’une nature un peu liquide, une action collective d’acteurs non collectifs ». « Ce qui rend compliqué l’écrasement des manifestations par le régime, parce qu’il n’y a pas de leader, pas de catégorie de la population clairement identifiée. Cette forme de fluidité lui permet de toucher différents segments, les universités, les lycées, puis le Kurdistan et le Baloutchistan, à nouveau les universités… », ajoute-t-il.
Abondent aussi des vidéos montrant de jeunes Iraniens — en général, il s’agit d’un seul individu, assisté d’un camarade qui filme la scène — et même des adolescentes faisant la chasse aux turbans des akhounds (religieux). Lorsqu’ils les croisent dans la rue, ils les font sauter d’une claque bien ajustée avant parfois de les piétiner. Cette pratique totalement sacrilège est devenue si répandue que certains mollahs — en général, de petits clercs, les religieux d’un rang élevé ne circulant pas à pied — hésitent à présent à sortir. « Ces turbans qui tombent ont une puissance d’évocation formidable, poursuit l’historien. Tout le clergé chiite, même le courant quiétiste qui s’oppose au velayat-e faqhi (principe fondateur de la République islamique qui établit la suprématie des religieux, ndlr), est considéré comme le représentant du système oppressif. Cela témoigne d’une sécularisation d’une partie de la population, qui tourne aussi en dérision les mollahs. On détourne tous les slogans, tout ce que le politique dit de faire », ajoute le même chercheur.
Nombre de slogans sont aussi violemment anti-islamiques, avec des injures ouvertement sexuelles adressées aux mollahs. À la différence des précédentes contestations et à l’exception de la province du Sistan-Baloutchistan, où les manifestants, en majorité de confession sunnite, scandent « Allahou Akbar », celle-ci a donc clairement une coloration antireligieuse, même si nombre de croyants participent également à la contestation.
Signe de cette radicalité, plus de 70 membres des forces de répression avaient déjà trouvé la mort mi-décembre, d’après un décompte du chercheur de l’Arab Gulf States Institute, Ali Alfoneh, qui se fonde sur les avis de funérailles publiés dans la presse ou en ligne.
Les agents en civil, qui sont considérés comme les plus dangereux parce qu’ils n’hésitent pas à tuer de sang-froid, savent à présent que leur vie est menacée quand ils cherchent à réprimer une manifestation. Signe d’un début d’organisation, fût-elle a minima, les contestataires parviennent à présent à identifier certains des tueurs au service de la République islamique — ils l’ont fait avec ceux qui ont battu à mort Mahsa Amini — et à diffuser leurs visages sur les réseaux sociaux.
Condamner à mort pour effrayer et se venger
Du côté du régime, la répression est absolument terrifiante. Enlèvements innombrables, tortures, parfois jusqu’à la mort, et viols (au point que certaines jeunes filles incarcérées demandent à leurs mères de leur fournir des pilules contraceptives) attendent les manifestants, hommes et femmes. Les suicides parmi les jeunes détenus après leur libération témoignent de ce qu’ils ont pu subir. Mi-décembre, 55 condamnations à mort avaient déjà été prononcées à l’issue de procès expéditifs où les accusés n’avaient ni avocat ni témoins, ni même souvent la possibilité de faire appel, leurs aveux ayant été extorqués par la violence physique et les tortures psychologiques (5). Le quotidien Djavan, proche des gardiens de la révolution, prévenait dans son édition du 10 décembre que « les exécutions vont se poursuivre. Il y a plus de 60 membres des forces de sécurité tués, souvent par plusieurs personnes. Pour chaque mort, plusieurs personnes seront exécutées ». Quelques jours plus tard, un député, Mostafa Mir Salim, regrettait que trop de temps s’écoulât entre les arrestations et les condamnations à la peine capitale. « Les manifestants doivent être exécutés cinq ou dix jours après avoir été arrêtés », assénait-il. Comme l’a relevé la presse iranienne, c’est ce même parlementaire qui avait supplié les autorités judiciaires d’accorder le pardon à son fils, arrêté en 2009, pour sa participation au « mouvement vert ».
Les chefs d’inculpation, tous passibles de la peine capitale, sont « inimitié à l’égard de Dieu et corruption sur la Terre », atteinte à l’autorité de l’État, intelligence avec l’ennemi et infractions relatives à des atteintes aux biens ou aux personnes. Brûler une poubelle ou des pneus est désormais passible de la pendaison. « Le régime utilise la peine de mort pour répandre la terreur au sein de la contestation. C’est bien plus fort que de tirer sur les manifestants dans la rue. Il est très courant qu’un manifestant soit forcé d’avouer des faits qu’il n’a pas commis, souvent sous la torture. On lui promet qu’il échappera à la condamnation à mort. Mais une fois passé aux aveux, ses propos sont retournés contre lui », déclarait le directeur d’Iran Human Rights (une ONG basée à Oslo) Mahmoud Amiry- Moghaddam, lors d’une conférence de presse, le 17 novembre à Berlin.
Le président Ebrahim Raïssi lui-même a consacré sa vie, jusqu’à son élection, à bâtir un système répressif particulièrement redoutable. Il n’a participé ni à la révolution islamique, à la différence de la plupart des caciques du régime, ni à la guerre Irak-Iran. Pourtant, il a contribué plus que quiconque à développer la machine répressive. Dès ses premières années, il en a été l’un des rouages. À l’âge de 17 ans, il s’engage dans la traque des opposants. À 20 ans, il prononce déjà des condamnations à mort en sa qualité d’adjoint au procureur des tribunaux révolutionnaires des villes de Karaj, puis de Hamadan, l’ancienne capitale du premier empire perse. Ahmad Salamatian, ancien député et vice-ministre des Affaires étrangères au début de la République islamique, aujourd’hui réfugié à Paris, accuse même celui qu’il appelle « le bourreau » d’avoir fait partie d’un commando qui avait pour mission de l’assassiner alors qu’il participait à un meeting politique dans cette ville.
À 28 ans, il est l’un des quatre membres de la « commission de la mort », nommés en 1988 par l’ayatollah Khomeiny pour éliminer les dissidents détenus dans les prisons du pays. Selon Amnesty International, plus de 5 000 prisonniers politiques, dont la majorité sont affiliés à l’organisation des Moudjahidines du peuple, seront exécutés dans 32 villes (6). Un véritable pacte de sang voulu par le fondateur de la République islamique dont le but est de lier par cette vague d’assassinats de masse tous les responsables du pays.
Interrogé sur l’exécution de ces prisonniers politiques en 1988, Ebrahim Raïssi niera avoir joué le moindre rôle tout en rendant « hommage » à l’« ordre » donné par Khomeiny. En 2009, il défendra les exécutions d’une dizaine de dissidents ayant participé aux manifestations qui ont suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad. Lors de l’élection présidentielle de 2017, le candidat sortant (qui sera réélu), le « pragmatique » Hassan Rohani, lui rappellera ce passé sanglant en lui disant que son bilan n’était constitué « de rien d’autre que d’exécutions et de peines de prison ».
Bouleversement des équilibres
Les deux premières exécutions de manifestants ont eu lieu les 2 et 12 décembre. La seconde s’est déroulée en public, de façon à effrayer davantage les contestataires. Il est difficile de savoir si elles réussiront à affaiblir le soulèvement. Probablement vont-elles affecter ses capacités à s’ouvrir à une audience plus large que celle de la seule jeunesse, ce qui est son principal problème, même si toutes les classes sociales participent désormais au mouvement à la différence des précédentes rebellions. Plusieurs raisons l’expliquent. D’abord, le fait que le mouvement n’a ni structure, ni leadership, ni programme élaboré. Il est facile de comprendre contre qui les contestataires se battent, mais plus difficile de voir à partir de quel moment le mouvement va pouvoir aboutir à une révolution ou à des transformations. Ensuite, la paupérisation accablante des classes moyennes qui, contrairement aux apparences, joue plutôt contre la contestation : il est difficile d’aller manifester quand la cellule familiale consacre toute son énergie à multiplier les petits boulots pour s’en sortir. Entre 43 et 45 % des Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté et 10 % d’entre eux n’ont rien à manger.
Certes, la contestation s’est accompagnée de grèves dans l’industrie du pétrole, mais elles n’ont pas encore eu l’importance de celles qui avaient éclaté pendant la révolution islamique et avaient contribué à la chute du régime du Chah. Sans compter que faire la grève en Iran n’est nullement un événement exceptionnel — on en compte environ un millier par an. Dans certaines villes, le Bazar (qui avait joué un rôle historique en 1978-1979, notamment en finançant la révolution) a également manifesté une certaine solidarité en décembre — il l’a fait à deux reprises, chaque fois pendant une durée de trois jours. Il est cependant difficile d’évaluer le nombre de commerçants qui ont fermé leurs portes, sachant que les miliciens les menaçaient et les punissaient d’amendes s’ils n’obéissaient pas à leur injonction de rouvrir leurs boutiques.
Il reste que l’actuel mouvement de contestation bouleverse les équilibres au sein du pouvoir iranien, dont le cœur demeure la « Maison du Guide » (suprême), Beit-e Rahbari. C’est-à-dire son Bureau, géré par son second fils Mojtaba, un religieux tout comme ses trois frères.
Le fils du Guide est un parfait homme de l’ombre qui se prépare depuis des années à remplacer son père, âgé (il a 83 ans), atteint d’un cancer de la prostate et très fatigué. En fait, dans la course à la succession qui a commencé il y a déjà plusieurs années, Mojtaba Khamenei sera en concurrence avec l’actuel président Ebrahim Raïssi qui, lui aussi, aspire à devenir rahbar.
« Pour comprendre comment fonctionne le système, il faut imaginer quatre cercles qui tous se disputent le pouvoir, tout en étant alliés, explique Mohammed Al-Sulami, président de l’Institut de recherches internationales des études iraniennes de Riyad. Par ordre d’importance, le premier cercle est Beit-e Rahbari, le Bureau du Guide. Le deuxième, celui des pasdarans. Le troisième représente le Conseil suprême de la défense nationale (7). Le dernier cercle, c’est celui de la présidence, aujourd’hui occupée par Ebrahim Raïssi. » « Officiellement, ajoute le chercheur saoudien, le président détient la deuxième place après le Guide dans la prise de décision mais, dans les faits, il n’occupe que la quatrième. On a pu le voir quand les pasdarans ont abattu l’avion ukrainien (le 8 juin 2020, causant la mort de 176 personnes, ndlr) et qu’ils n’en ont pas informé le gouvernement pendant trois jours. On le sait grâce à un enregistrement du ministre des Affaires étrangères Djavad Zarif qui a fuité. Dans cet enregistrement, Zarif décrit l’affaire en détail. »
Depuis sa création, en 1979, le corps des pasdarans (gardiens de la révolution islamique), qui est né d’un assemblage de milices, vise sans cesse à obtenir davantage de pouvoir. Les gardiens ont clairement fait savoir qu’ils ne voulaient plus de présidents « pragmatiques » comme Mohammad Khatami et Hassan Rohani qui ont essayé de limiter leur influence et sont partisans d’apaiser les relations de Téhéran avec les pays occidentaux, comme l’a montré l’accord sur le nucléaire signé à Vienne le 14 juillet 2015.
Dans un monde où l’opacité est la règle, les responsables des pasdarans ont donc leur mot à dire sur cette succession même si celle-ci relève d’un processus complexe, articulé autour de l’Assemblée des experts, un collège de 88 religieux, dont l’un des rôles est de choisir le Guide ou, le cas échéant, de le destituer. On sait les officiers de ce corps divisés, les anciens de la guerre Irak- Iran s’opposant à la jeune génération qui s’avère plus nationaliste que religieuse et plus encore encline à réprimer la population à tout prix.
Certains d’entre eux ont des affinités avec le président Raïssi
— en mai 2017, ils avaient clairement témoigné de leur volonté de peser sur le scrutin présidentiel en réunissant quelque 12 000 miliciens pour un meeting de soutien en sa faveur sur la place du Majlis (Parlement) à Téhéran. Sans doute que son extrême sévérité dans la répression leur convient. D’autres sont proches de Mojtaba, le fils du Guide, qui depuis des années n’a cessé de tisser des liens le plus étroits possible avec eux.
Grâce à sa victoire, avec 61,9 % des voix à la présidentielle de 2021, Raïssi a marqué des points dans cette course à la succession même si son succès doit beaucoup à l’élimination de ses concurrents les plus sérieux dont la candidature avait été invalidée par le Conseil des gardiens de la Constitution, organisme non élu et proche de l’aile dure du régime, chargé de vérifier leur loyauté à l’égard de la République islamique. En revanche, il en a perdu beaucoup depuis le début de l’insurrection non seulement en se montrant incapable d’y mettre fin, mais aussi en se manifestant peu. Ce faisant, c’est d’abord contre le Guide que s’est dirigée la rage des manifestants, comme en témoignent les slogans « mort à Khamenei » scandés lors de chaque rassemblement. Ce qui est sûr, c’est que la disparition de Khamenei sera l’occasion d’un profond bouleversement qui devrait faire apparaître les fissures au sein du pouvoir et provoquer des guerres internes. Nombre d’autres dirigeants sont aussi octogénaires ou nonagénaires. C’est donc une gérontocratie qui est à la tête de l’Iran.
Quel avenir pour le régime iranien ?
D’après certains rapports, le régime parie sur une contestation qui va durer — telle est, en particulier, la crainte des pasdarans — même si les exécutions capitales l’ont ralentie. La force de cette protestation, c’est sa continuité et son caractère multiforme : manifestations, rassemblements sur la tombe des victimes, incendies de bâtiments religieux et de symboles du régime, grèves, guérilla contre les turbans des mollahs, slogans scandés depuis les immeubles… C’est également sa nature intermittente : nombre d’étudiants suivent leurs cours pendant la journée et protestent à la nuit tombée.
Il est difficile de dire, en revanche, si l’absence de leadership est un avantage ou non, sachant que tout dirigeant potentiel sera rapidement arrêté et embastillé à la tristement célèbre prison d’Evin, près de Téhéran, où croupissent déjà nombre de personnalités de l’opposition.
La faiblesse du mouvement, c’est qu’il n’a aucun relais politique, comme on l’a dit, aucun programme non plus, pas même une charte qui lui permettrait de faire savoir quels sont ses objectifs au-delà de la fin de la République islamique. Aussi, faute d’un mouvement social conséquent qui paralyserait le pays et le priverait de ses ressources pétrolières, le régime ne semble pas menacé à court terme. La répression n’en montre pas moins des signes de fatigue comme le montre le rappel en Iran de brigades de miliciens et de gardiens de la révolution déployées en Syrie pour soutenir le régime de Bachar el-Assad, ainsi que certaines de celles qui, en Irak et au Liban, épaulent les milices « sœurs » locales. Une crainte terrible se fait jour chez les manifestants : que les milices irakiennes, réputées sanguinaires, ainsi que le Hezbollah libanais, puissent venir remplacer les forces de l’ordre iraniennes, épuisées par quatre mois de manifestations.
Une certitude : le point de non-retour vis-à-vis du régime pour la majorité de la population a été atteint. Et du fait de sa nature profondément idéologique, il n’est guère envisageable qu’il puisse s’engager dans des réformes — ce à quoi les Iraniens ne croient pas non plus. D’où un repli sur lui-même et même un enfermement.
Sans doute verra-t-on une situation de statu quo se poursuivre. Même si l’économie du pays est à terre, la guerre en Ukraine a donné une assurance-vie au régime. Avec l’augmentation des prix des hydrocarbures et le contournement des sanctions rendu plus facile par l’absence de contrôle, elle a renforcé son assise financière : de 17 milliards de dollars en 2020, les revenus pétroliers sont passés à 39 milliards en 2021, et 58 milliards sont attendus pour 2022. Cette manne financière va donc accroître sa capacité à aider sa propre clientèle et financer la corruption. Mais un événement un peu passé inaperçu montre que l’avenir ne joue pas en faveur du gouvernement. Lors du récent Mondial de football, au Qatar, la défaite de l’équipe nationale iranienne face aux États-Unis a été célébrée par une bonne partie de la jeunesse dans un pays pourtant connu pour son chauvinisme et où le football fait vibrer hommes et femmes. Un signe parmi bien d’autres d’un possible effondrement social, après celui de l’économie (avec une inflation de l’ordre de 60 % et une chute vertigineuse de la monnaie).
Bref, on ne voit guère que les pasdarans pour empêcher le délitement complet du système. Par une répression « à la chinoise » qui ferait des milliers de victimes mais ne résoudrait aucun problème. Certains chercheurs évoquent même la possibilité d’un coup d’État interne qui transformerait la République islamique en dictature militaire et remplacerait les turbans des mollahs par des képis. Mais l’imbrication totale dans le système des religieux et de l’appareil de sécurité, chaque partie contrôlant étroitement l’autre, et le chevauchement des cercles de pouvoir infirment cette hypothèse.
À la différence de 2019, les gardiens de la révolution ont évité jusqu’à présent d’intervenir trop ouvertement pour écraser les manifestations, préférant mettre en avant les miliciens du Bassidj qui sont sous leur contrôle ou des unités dont on ignore de quel commandement elles relèvent et où elles sont enregistrées. En revanche, les pasdarans agissent à visage découvert, y compris avec des tanks dans les provinces périphériques, le Kurdistan et le Sistan-Baloutchistan. Avec visiblement la volonté de provoquer dans ces régions, où les armes circulent beaucoup, une réaction des partis qui représentent ces minorités ; et cela, dans le but de faire croire que l’Iran est menacé de dislocation. Ce qui enclencherait une militarisation de la révolte et un début de guerre civile, laquelle pourrait ensuite se propager à l’ensemble du territoire. Pour le moment, les partis kurdes ne sont pas tombés dans le piège et refusent de répondre à la sanglante répression par les armes. Mais l’avocat Karim Lahidji, fondateur de la Ligue iranienne de défense des droits de l’homme (LDDHI) et ancien président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, craint quand même que la révolte des minorités, attisée par les graves injustices sociales et les manipulations du régime, soit le prélude à une fragmentation du pays : « J’ai peur que les manifestations se transforment en affrontements armés et que l’Iran glisse sur une pente comparable à celle de la Syrie. Les régimes iranien et syrien ont la même mentalité. »
(1) Paru aux éditions Albin Michel en février 1991.
(2) Qassem Soleimani a été tué dans la nuit du 2 janvier 2020 par une frappe américaine, ordonnée par Donald Trump, contre son convoi qui circulait sur l’aéroport de Bagdad.
(3) Le chef de la force Al-Qods a largement contribué à édifier sa propre légende, notamment par des selfies à proximité des scènes de bataille. En réalité, son parcours n’est pas si glorieux. Pendant la guerre Irak-Iran (1980-1988), il a même perdu trois batailles importantes : Al-Fajr 6, Kerbala 1 et 2.
(4) Le président iranien demandait que les commanditaires de la frappe américaine qui lui a été fatale soient traduits en justice.
(5) Parmi les cas emblématiques d’aveux extorqués sous la torture, ceux du médecin radiologue Hamid Ghareh Hassanlou, condamné à mort le 7 décembre, à Karaj. Sa femme, Farzaneh, a été condamnée à 25 ans de prison au centre de détention d’Ahvaz (sud de l’Iran), sans possibilité de recevoir aucune visite. Selon divers récits, le médecin et sa femme avaient participé, le 3 novembre, à une cérémonie pour le 40e jour de la mort de Hadis Nadjafi, tué lors d’une manifestation. À la suite d’un embouteillage, ils ont changé de route pour se retrouver bloqués près d’un endroit où un milicien venait d’être tué lors de la répression d’un rassemblement. C’est là qu’ils ont été arrêtés. Selon Amnesty International, les autorités judiciaires ont torturé le médecin pour obtenir de fausses confessions, lui cassant plusieurs côtes, et obligé à coups de bâton sur la tête sa femme à témoigner contre lui.
(6) En 1988, la guerre Irak-Iran venant de se terminer par un cessez-le-feu entre les deux belligérants, les Moudjahidines du peuple — une organisation d’opposition armée, qui accommode le marxisme à la sauce islamique et s’est alliée à Saddam Hussein — estiment que l’heure de la chute du régime iranien est arrivée. Aussi lancent-ils depuis l’Irak leur petite armée à l’attaque du territoire iranien du côté de Qasr-e Chirin. Une opération quasiment suicidaire. L’assaut n’ira pas plus loin que la première ligne de collines défendues par les mitrailleuses des soldats et des gardiens de la révolution. Mais le régime a pris peur. D’où la décision, prise par l’ayatollah Khomeiny, d’éliminer les dissidents détenus dans les prisons iraniennes et la création de ce que les opposants iraniens ont appelé une « commission de la mort ».
(7) Le rôle de cet organisme concerne tout ce qui relève de la sécurité de l’État, intérieure et extérieure. Le secrétaire général actuel est l’amiral Ali Shamkhani, une personnalité de premier plan du régime, qui dirigea longtemps la puissante marine des pasdarans et fut ministre de la Défense.