Michel Taubmann — En avril dernier, vous avez effectué une visite historique en Israël. Accueilli à la fois par le premier ministre Netanyahou et le président Herzog. C’était la première fois, depuis 1979, qu’une personnalité iranienne se rendait dans ce pays dont la République islamique conteste le droit à l’existence. Quels étaient les objectifs de votre visite ? Quelles en seront les suites ?
Reza Pahlavi — Depuis longtemps, mes compatriotes et moi adressons aux Israéliens et aux Juifs du monde entier notre sympathie, par opposition à la République islamique qui a placé l’antisémitisme au centre de son idéologie, jusqu’à remettre en question la véracité de la Shoah. Ce voyage devait se faire. La révolution en cours en Iran et les témoignages de soutien affluant d’Israël et des différentes communautés juives du monde ont rendu les circonstances plus favorables encore, car Israël est une démocratie et le peuple iranien se bat, lui aussi, pour instaurer une démocratie. Les démocrates de la région doivent donc se parler et se soutenir. Mon épouse et moi y sommes allés ensemble et avons été très touchés de l’accueil que nous y avons reçu. Nous avons été associés aux cérémonies du souvenir de Yom Hashoah et avons pu nous rendre au mur des Lamentations. Je dois rappeler que, selon la Bible, ce mur est celui du second Temple reconstruit à la suite de la libération par Cyrus le Grand, le fondateur de la Perse, des Juifs retenus captifs à Babylone. Selon le Livre d’Ezra, Cyrus déclare avoir reçu de Dieu la mission d’aider les Juifs à reconstruire leur temple en leur mettant tout le nécessaire à disposition. Plus tard, le roi Khashayar — connu sous le nom de Xerxès par les Grecs et Assuérus par les Romains — a épousé Esther, une femme juive, faisant d’elle la reine de Perse, et il a suivi le conseil de celle-ci pour empêcher son vizir Aman d’exterminer les Juifs. Cet épisode est à l’origine de la fête de Pourim célébrée par les Juifs avec beaucoup de joie. Et depuis cette époque, les corps d’Esther et de Mardochée sont enterrés en Iran, à Hamedan. Cette histoire impose des responsabilités évidentes : encourager le dialogue et œuvrer pour la coexistence pacifique.
C’est ce message d’une voie alternative à la guerre que j’ai porté lors de mon voyage auprès du premier ministre Benyamin Netanyahou. Le monde n’est pas condamné à choisir entre la bombe iranienne et le bombardement de l’Iran. Il y a la voie du peuple, la seule capable de changer les choses et de permettre une désescalade significative. Je dois dire que son épouse Sara et lui nous ont chaleureusement accueillis et qu’ils nous ont prêté une sincère attention. Il en est de même du président Isaac Herzog avec qui j’ai pu renouveler ce message de paix. À la suite des accords d’Abraham (1), de nombreux Iraniens et Israéliens se sont mis à rêver des accords de Cyrus. Je souhaite, et j’espère, que ce voyage en aura posé la …
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