Marginalisée sur la scène européenne depuis l’arrivée au pouvoir, à l’automne 2015, de la coalition nationale populiste menée par le parti Droit et Justice (PiS), la Pologne a fait l’objet d’un véritable retour en grâce depuis le début de la guerre en Ukraine. Incontournable de par sa position géographique, elle est devenue une pièce maîtresse du soutien occidental à Kiev en matière logistique, militaire et politique. Principal pays de transit des livraisons d’armes (dont elle est le troisième fournisseur après les États-Unis et la Grande- Bretagne), avocat de la première heure des intérêts de son voisin et désormais étape de passage obligée des grands de ce monde, la Pologne s’est retrouvée, malgré elle, au centre du nouvel échiquier géopolitique et de la recomposition des équilibres à l’œuvre depuis le début de l’invasion russe.
Varsovie modernise son outil militaire à grands pas et ambitionne de se doter de la première armée de terre du Vieux Continent. Historiquement bon élève au sein de l’Otan, son budget de défense est en passe de dépasser les 4 % du PIB, un des plus hauts taux au sein de l’Alliance. Dans un élan de solidarité remarquable ayant mobilisé la société civile et l’État, le pays a accueilli plus de 1,5 million de réfugiés ukrainiens, ce qui lui a valu d’être qualifié de « superpuissance humanitaire » par l’ambassadeur américain à Varsovie, Mark Brzezinski.
Sur le plan économique, le niveau de vie de la population a considérablement augmenté et le pays s’est enrichi à vue d’œil. Autant de facteurs qui redonnent une légitimité au pouvoir en place et lui permettent de promouvoir la Pologne comme une puissance montante et un acteur central du « monde libre ».
Pourtant, ce statut revendiqué contraste radicalement avec les défis auxquels le pays fait face sur la scène intérieure. Si, à l’aune de la guerre, les atteintes répétées aux principes de l’État de droit par le parti au pouvoir, au cœur d’un conflit larvé avec les institutions européennes, semblent être passées au second plan, il est impossible de faire abstraction de la nature du système mis en place depuis huit ans par le PiS de Jaroslaw Kaczynski, le chef incontesté de la majorité. Les rouages de ce système, profondément illibéral et dont le caractère autoritaire se durcit chaque jour, ont en effet une influence considérable sur l’attitude du pays sur la scène internationale. Dans la Pologne du PiS bien plus que dans n’importe quel autre État occidental, la politique étrangère, de défense et de sécurité est très étroitement corrélée aux enjeux de politique intérieure. Ces derniers ont un unique objectif : le maintien au pouvoir coûte que coûte d’un régime qui vire à la kleptocratie.
Le pays se trouve à la veille d’élections législatives, prévues à l’automne 2023, dont l’issue reste incertaine et dont l’ensemble des observateurs s’accordent à dire qu’elles seront les plus importantes depuis la chute du communisme. Jaroslaw Kaczynski va-t-il réussir, à l’image de son voisin et modèle hongrois Viktor Orban, à consolider de manière quasi irréversible …
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