L’État d’Israël fêtera-t-il en 2048 son 100e anniversaire ? La question peut paraître saugrenue concernant la première puissance militaire du Moyen-Orient, que son incroyable développement économique et ses avancées technologiques ont imposée comme partenaire commercial et parfois militaire non seulement à ses voisins arabes — qui, naguère encore, contestaient son existence
—, mais aussi à de grands pays telles la Chine et l’Inde. « À nous deux, nous représentons un quart de la population mondiale », avait plaisanté le président israélien Shimon Peres, dont le pays comptait alors 9 millions d’habitants, lors d’une rencontre avec son homologue chinois il y a une quinzaine d’années.
Impensable encore l’an dernier, la question de la survie du pays sous sa forme d’État juif et démocratique commence à être posée en Israël par des commentateurs et des responsables politiques de tous bords, pour une fois d’accord face à la gravité de la situation. Et d’évoquer souvent les temps bibliques durant lesquels le poison de la haine interne contribua à la destruction du Temple après la conquête romaine de la terre d’Israël…
Dans un contexte de division sans précédent, le 75e anniversaire de l’État, au printemps dernier, a donné lieu à des célébrations discrètes par crainte de voir des ministres du gouvernement hués par la foule, y compris lors d’hommages solennels aux soldats morts pour la patrie. Pour mesurer l’ampleur du gouffre au bord duquel se trouve la société israélienne, il suffit de se remémorer les fastes du 70e anniversaire. C’était il y a cinq ans. Une éternité.
L’apogée de Netanyahou
14 mai 2018. Le jour de gloire de Benyamin Netanyahou. Les États-Unis inaugurent alors en grande pompe leur ambassade à Jérusalem. Ils sont ainsi le premier pays à reconnaître la ville trois fois sainte comme « capitale éternelle et indivisible de l’État d’Israël » (1). Un coup de canif dans le droit international : aucun État n’a reconnu jusqu’alors l’annexion en 1980 de Jérusalem-Est, suite à sa conquête par Israël en 1967 ; tous s’accordent pour que le statut de la ville fasse l’objet d’une négociation entre Israéliens et Palestiniens. Un coup de canif habile étant donné que l’ambassade américaine sera installée dans la partie ouest de la ville, donc à l’intérieur des frontières internationalement reconnues d’Israël, ce qui par conséquent n’obère en rien la possibilité d’établir un jour la capitale d’un éventuel État palestinien dans la partie orientale de la ville.
Le président Trump paraît renverser la table au Moyen- Orient ; or il ne fait qu’appliquer le « Jerusalem Embassy Act », une loi votée à la quasi-unanimité par le Congrès en 1995 (du temps de Bill Clinton), et selon laquelle l’ambassade américaine aurait dû être transférée à Jérusalem au plus tard… le 31 mai 1999.
Ce 14 mai 2018 marquera peut-être pour les historiens l’apogée de celui que les Israéliens surnomment « Bibi » et dont le physique imposant incarne alors la toute-puissance d’un pays devenu le Goliath du Proche-Orient, tout comme jadis la frêle silhouette de Ben Gourion évoquait un …
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