Oleksiy Danilov est né en 1962 dans la ville de Khrustalnyi, anciennement connue sous le nom de Krasnyi Luch, dans la région de Louhansk en Ukraine.
Au crépuscule de l’URSS, il a entamé une brève carrière dans les affaires avant de se lancer en politique en 1994. Cette année- là, il remporte les premières élections municipales de la ville de Louhansk, dont il devient maire pendant trois ans.
En 2005, à la suite de la victoire du candidat pro-européen Viktor Iouchtchenko lors de l’élection présidentielle ukrainienne, Danilov est nommé gouverneur de la région de Louhansk pendant quelques mois. Il y a été le coordinateur principal de la campagne du candidat. Pendant près d’un an, il a également été député à la Rada, le Parlement ukrainien, avant de se retirer de la vie politique pendant douze ans pour se consacrer de nouveau au monde des affaires et à la défense des intérêts des entreprises.
En 2019, avec l’élection de Volodymyr Zelensky à la présidence, Danilov est nommé secrétaire du Conseil de défense et de sécurité nationale d’Ukraine. Cet organe joue un rôle de conseil, de coordination et de proposition en matière de politique étrangère, de sécurité nationale et, plus généralement, sur toutes les questions stratégiques. Il est composé du président, du premier ministre, des ministres de la Défense, des Affaires étrangères et des Affaires intérieures. Constitutionnellement, Oleksiy Danilov est le conseiller le plus influent du président ukrainien. Il est notamment l’un des acteurs clés de la lutte contre la corruption et contre l’influence russe en Ukraine.
C. A.
Cyrille Amoursky — Divers responsables ukrainiens annonçaient l’année dernière que la guerre se terminerait à la fin de l’été 2023. Pourquoi cela n’a-t-il pas été le cas ?
Oleksiy Danilov — Tout d’abord, je ne sais pas de quels « responsables » vous parlez lorsque vous évoquez la fin de l’été ou une autre date. La guerre est un processus compliqué et faire un pronostic, envisager une date de fin de guerre, est peu sérieux. Gardez à l’esprit que la guerre est comme un être vivant. Au cours de chaque journée, il y a des changements qu’il faut analyser, réguler, afin de prendre la décision correspondante. Stratégiquement parlant, nous allons gagner. Nous avons un avantage sur l’ennemi, qui ne se mesure pas uniquement sur le front. Il est très important, en effet, d’observer qui vous soutient pendant que vous livrez une guerre à un agresseur. Aujourd’hui, nous pouvons dire avec certitude que le monde civilisé a enfin compris, étape par étape, ce qu’est la Russie. Les pays civilisés sont désormais du côté de la lumière, y compris la France, l’Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni… C’est pourquoi, je le répète, nous sommes convaincus que la victoire sera nôtre. Et cela, même si Poutine veut nous éradiquer en tant que nation afin de restaurer une nouvelle Union soviétique.
Avant le 24 février 2022, de nombreux représentants et dirigeants occidentaux me rendaient visite pour tenter de me convaincre que nous n’avions aucune chance face à une offensive russe. Ils pensaient que nous ne tiendrions que deux à trois semaines ! Appréciez vous-même la valeur de cette prophétie…
C. A. — Concrètement, quels sont les soutiens militaires et politiques nécessaires à la victoire ukrainienne ?
O. D. — Sur le plan militaire, il s’agit évidemment d’avoir la maîtrise du ciel grâce à la livraison de F-16 modernes. Il est également indispensable que soient renforcées nos capacités maritimes en mer Noire et notre défense antiaérienne. Je vous rappelle que les Russes utilisent quotidiennement des missiles modernes et des drones fournis par l’État terroriste iranien pour tuer nos enfants. C’est là un sujet capital. Personne ne souhaite l’évoquer mais, depuis le 24 février 2022, jour de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, celle-ci a tué plus de 500 de nos enfants. Ils n’étaient ni militaires ni dangereux. Ils ont été tués uniquement parce qu’ils étaient ukrainiens. C’est une grande tragédie pour nous. Poutine est un monstre qui devra répondre de tous les crimes qu’il a commis et continue de commettre contre notre nation.
C. A. — Certains hommes politiques et éditorialistes disent que votre contre-offensive est trop lente et qu’il est probable que les dirigeants occidentaux pousseront l’Ukraine à négocier cet hiver. Comment interprétez-vous ce phénomène ?
O. D. — C’est un phénomène de désinformation créé par la Russie avec l’appui de plusieurs politiciens stipendiés. Lorsque la Russie s’est enrichie grâce aux prix incontrôlés du gaz et du pétrole, une partie considérable de ces milliards de dollars a été utilisée pour « influencer …
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