Alors que l’opposition entre Israël et le Hamas a pris la forme d’une guerre ouverte, d’autres pays officiellement en paix cachent une situation intérieure tellement dramatique que se pose la question de leur future implosion. C’est le cas de l’Afghanistan.
Le 15 août 2021, les Talibans ont repris les commandes du pays. Et contrairement à leur première occupation, entre 1996 et 2001, où ils disputaient une partie du territoire à l’Alliance du Nord (1), ils en contrôlent aujourd’hui la totalité.
Si la fulgurance de cette reconquête après le retrait des troupes américaines a pu surprendre, il est important de noter que le retour des Talibans sur la scène politique était prévisible de longue date, voire inéluctable. L’opposition militaire talibane n’a jamais cessé, provoquant en vingt ans, de 2002 à 2021, la mort de 6 200 soldats et mercenaires de l’ISAF (2) ainsi que de 70 000 soldats et policiers gouvernementaux afghans (3). Les actes de guérilla s’étendaient sur 80 % du territoire et l’autorité du gouvernement de Kaboul était reconnue par moins de la moitié de la population. Il n’est par conséquent pas étonnant que les États-Unis aient décidé, dans la perspective de leur départ prochain, d’entrer en négociation avec les Talibans — négociations qui conduisirent à la signature au Qatar des accords de Doha, le 29 février 2020. D’autant que, non sans une certaine habilité, les Talibans s’étaient rendus à cette époque plus « fréquentables » en affichant une volonté de modération tant dans leur politique rigoriste d’application de la charia que dans leur soutien aux mouvements islamistes internationaux, dont Al-Qaïda.
Ces accords de Doha, dits « pour la paix en Afghanistan », échangeaient le départ des troupes de l’ISAF avant l’automne 2021 contre l’engagement des Talibans à ne plus servir de base arrière à Al-Qaïda ou à d’autres groupes terroristes islamistes et à entamer des pourparlers avec le régime en place à Kaboul afin de définir un futur gouvernement d’union nationale.
Malgré l’absence de pourparlers, l’arrivée des Talibans au pouvoir fut accompagnée de déclarations qui laissaient espérer que leurs promesses allaient se réaliser : égalité homme-femme, rejet du terrorisme islamique, gouvernement de coalition, respect des minorités ethniques. On se prit à y croire, bercés par l’espoir secret de voir enfin l’Afghanistan tourner la page de quarante ans de combats ininterrompus (4), et une paix même imparfaite s’installer dans un pays unifié.
La nouvelle ère talibane : un drame pour le pays, une menace pour le monde
On observe malheureusement tout le contraire, et deux logiques délétères déploient leurs effets : une logique obscurantiste qui réduit peu à peu l’espace de liberté des Afghans, et tout particulièrement des femmes et des enfants ; une logique terroriste qui fait de l’Afghanistan une terre d’accueil pour de nombreux groupes islamistes.
Vis-à-vis de la population, on assiste progressivement à la réplication de la première période talibane, avec une mise en œuvre plus systématique encore :
- interdiction de la plupart des arts, des sports ou des loisirs ;
- interdiction aux …
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