Politique Internationale — Qu’est-ce que signifie, pour un groupe comme EDF, d’être associé de si près à l’organisation des Jeux de Paris 2024 ? Considérez-vous cet engagement comme une chance ou simplement comme un nouveau chantier qu’il faut mener à bien ?
Luc Rémont — EDF soutient le sport français depuis plus de trente ans au travers de multiples partenariats tant avec des fédérations qu’avec de nombreux sportifs. C’est donc tout naturellement que nous sommes engagés aux côtés de Paris 2024. Mais, au-delà du sport et des valeurs qu’il véhicule, c’est la volonté de Paris 2024 d’inscrire le défi du changement climatique et l’excellence sociétale au cœur de son projet qui nous a convaincus.
Pour EDF, c’est une opportunité unique de mettre à disposition ses expertises en matière de solutions bas carbone afin de relever le défi de Jeux plus responsables en matière environnementale. Et, comme le sport est un puissant levier d’inclusion, en particulier auprès des jeunes générations, nous soutenons également toutes les initiatives qui favorisent le développement de la pratique pour tous, en particulier la meilleure intégration des personnes en situation de handicap. À travers ce partenariat, EDF s’engage auprès de Paris 2024 pour que ces Jeux soient une célébration populaire, inclusive et un accélérateur de la transition énergétique. Notre ambition : donner à Paris 2024 l’énergie de briller !
P. I. — Est-ce la première fois que l’entreprise accompagne un événement sportif de cette ampleur ?
L. R. — EDF a déjà accompagné des compétitions internationales majeures : la Coupe du monde féminine de la FIFA 2019 en France, les Jeux de 2012 à Londres et, pour remonter plus loin, la Coupe du monde de rugby IRB 2007. Ces partenariats illustrent la continuité de l’engagement d’EDF dans le sport, mais aussi le choix d’événements à forte valeur sociétale : reconnaissance du sport féminin avec le foot en 2019 ou changement du regard porté sur le handicap à l’occasion des Jeux de Londres.
P. I. — Peut-on déjà donner un aperçu des actions de l’entreprise lors de cet événement ? Par extension, y a-t-il une politique sportive chez EDF ? Si oui, quels sont ses axes forts ?
L. R. — Les actions mises en œuvre par l’entreprise ne se limitent surtout pas au temps des Jeux. Elles s’organisent autour de trois grands axes : le soutien au sport et au développement de la pratique sportive ; le sport comme levier d’inclusion et d’insertion professionnelle ; et enfin le sport comme levier d’accélération de la transition énergétique. Le premier domaine est celui qui fonde l’engagement historique d’EDF dans le sport. Aux côtés de tous les sportifs, et dans la perspective des Jeux de Paris 2024, EDF se mobilise pour populariser et encourager le sport pour tous, en cohérence avec ses valeurs de diversité, d’inclusion, de performance et de responsabilité. Que ce soit via des clubs et des associations sportives ou, de façon plus formelle, à travers le parrainage de trois fédérations nationales (natation, canoë-kayak et football), nous encourageons le développement du sport amateur dans tous les territoires.
Nous soutenons également le sport de haut niveau avec le Team EDF, un collectif de 34 athlètes à parité hommes-femmes, représentant 28 disciplines olympiques et paralympiques que nous accompagnons dans le développement de leur performance sportive. Près de 30 d’entre eux sont susceptibles de se qualifier aux Jeux de Paris ; c’est une grande source de fierté. Mais au-delà de leurs performances sur le terrain, les femmes et les hommes du Team EDF s’investissent au service de grandes causes sociales et environnementales, en particulier, avec l’application EDF Sport Énergie. Cette appli permet d’encourager la pratique sportive au quotidien à travers des défis personnels animés par les athlètes du Team EDF, dont les résultats sont transformés en soutien financier à des associations caritatives telles que Les Restos du cœur, l’AFM Téléthon et, à partir de 2023, des associations sélectionnées par Paris 2024.
P. I. — Qu’en est-il du sport levier d’inclusion ?
L. R. — Le sport est un puissant levier d’inclusion et de reconnaissance sociale qui favorise l’autonomie, l’image de soi et le vivre-ensemble. Cette composante est pour nous si importante que nous avons décidé — et nous sommes les seuls — de signer et de représenter dans le logo notre partenariat avec les Jeux de Paris 2024 en mettant en avant les Jeux paralympiques. EDF s’affiche donc en tant que partenaire paralympique et olympique. Pionnier dans l’intégration des personnes en situation de handicap au sein de l’entreprise, le groupe EDF a élargi cet engagement en soutenant le développement de la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap, notamment à travers ses partenariats avec la Fédération française handisport (FFH) et le Comité sportif paralympique français (CPSF). Avec la FFH, c’est 30 ans d’une aventure commune qui a permis de faire évoluer le mouvement paralympique, de donner une impulsion aux parasports et de les rendre plus accessibles sur tout le territoire et à tout type de handicap : 30 ans de soutien financier, humain et logistique ; 30 ans d’innovations au service de la valorisation, de la médiatisation et de la démocratisation du handisport.
Le Team EDF participe de ce mouvement, avec nos 15 athlètes paralympiques multi-médaillés aux parcours exemplaires, qui vont à la rencontre des jeunes dans les écoles et les lycées lors de journées d’échanges et de découverte des parasports grâce à des ateliers de pratique sportive. Lancées en 2016 par EDF en collaboration avec la FFH, les opérations « Un champion dans mon école » ont déjà permis de sensibiliser plus de 10 000 jeunes à la question du handicap.
Je voudrais également souligner une action qui me tient particulièrement à cœur, le programme Savoir nager, développé avec la FFN, l’Agence nationale du sport et Paris 2024. Ce programme prolonge le dispositif de sensibilisation des jeunes sur une composante sociétale majeure : l’apprentissage de la nage pour les populations éloignées de la pratique sportive, que ce soit en Seine- Saint-Denis — épicentre des Jeux de Paris 2024 — ou dans des villes maritimes telles que Marseille. Savoir nager porte un enjeu d’inclusion, mais c’est aussi le moyen de sauver des vies quand on sait que nous comptons encore près de 1 500 noyades accidentelles chaque année, dont plus du quart sont mortelles. D’ici à 2024, nous formerons plus de 100 000 jeunes.
P. I. — Vous évoquiez enfin le sport comme levier d’accélération de la transition énergétique. Généralement, c’est un domaine auquel on pense moins…
L. R. — Nous sommes convaincus que le sport constitue une plateforme unique et inspirante pour faire évoluer les comportements et les mentalités sur les enjeux environnementaux : en développant des infrastructures économes en énergie dans les territoires, en organisant des manifestations sportives avec une empreinte environnementale réduite, EDF, acteur majeur de la transition énergétique, met son expertise au service des Jeux de Paris 2024 pour faire de cet événement « local » à portée planétaire une vitrine en matière de responsabilité environnementale. C’est l’occasion de démontrer notre savoir-faire et notre capacité d’innovation en matière d’offres et de solutions bas carbone.
P. I. — Le comité d’organisation met en avant la notion de Jeux durables. Cette caractéristique était-elle une condition indispensable à l’engagement d’EDF ?
L. R. — La question ne s’est pas posée dans ces termes. Nous avons trouvé dans le projet porté par Paris 2024 des ambitions qui font écho à nos propres engagements RSE : neutralité carbone et climat, préservation des ressources de la planète, bien-être et solidarités, développement responsable. C’est pourquoi ce partenariat va au- delà de notre engagement historique dans le sport. Il est pour nous la démonstration même de notre raison d’être.
EDF et ses filiales sont présentes aux côtés de Paris 2024 pour la fourniture d’électricité 100 % renouvelable et participent aux chantiers de la Solideo (1). Le groupe EDF est présent sur le Village des athlètes. Dans ce quartier qui comporte des habitations et un bâtiment tertiaire, la consommation d’énergie sera réduite grâce à un pilotage énergétique intelligent associé à la production d’électricité photovoltaïque en toiture, qui couvrira environ 20 % des besoins. EDF ENR apporte son savoir-faire sur l’ensemble des opérations photovoltaïques. EDF propose également deux démonstrateurs de solutions solaires pour le temps des Jeux : l’installation d’une ombrière solaire sur la gare routière, qui permettra tout à la fois de protéger les athlètes du soleil en attendant les bus pour rejoindre les sites d’épreuves et d’alimenter le centre d’accueil des délégations internationales ; et une centrale photovoltaïque sur la Seine pour compléter la production d’électricité renouvelable nécessaire à la consommation pendant les Jeux.
Ces expertises sont également sollicitées pour le futur Centre aquatique. La voûte inversée de la toiture sera recouverte de panneaux photovoltaïques qui seront mis en place par EDF ENR et qui couvriront environ 20 % des besoins du Centre en électricité. Dalkia assurera, par ailleurs, l’ensemble des opérations d’exploitation technique du bâtiment et portera l’engagement de performance énergétique. Le bâtiment sera ainsi alimenté à 90 % par des énergies renouvelables et de récupération pour la thermique et l’électricité. Enfin, IZIVIA est mobilisée sur le sujet de la recharge des véhicules électriques qui seront utilisés par les équipes d’organisation des Jeux en installant près de 900 bornes de recharge provisoires.
P. I. — À votre avis, les salariés d’EDF sont-ils réceptifs à cet engagement ? Avez-vous déjà commencé à les sensibiliser en interne ? Peut-on dire que c’est l’entreprise EDF tout entière qui est mobilisée derrière les Jeux ?
L. R. — Valoriser nos expertises et nos savoir-faire pour des Jeux plus responsables, c’est valoriser l’engagement au quotidien des 160 000 collaborateurs d’EDF dans nos métiers de premier producteur mondial d’électricité décarbonée, d’opérateur d’énergie renouvelable de premier plan en Europe et de leader dans les services énergétiques et les solutions bas carbone. Nos enquêtes internes montrent que nos salariés adhèrent massivement à ce partenariat. Il renforce leur fierté d’appartenance et la cohésion au sein du groupe. Il est un facteur d’engagement extrêmement fort.
Par ailleurs, soutenir les Jeux de Paris 2024 et le développement de la pratique sportive, c’est aussi faire entrer le sport au sein de l’entreprise. Nous avons lancé un vaste programme visant à favoriser l’accès à la pratique sportive de loisir, dans une orientation bien- être et santé, en particulier pour les salariés éloignés du sport et les personnes en situation de handicap. Nous sommes notamment très fiers du programme de compétitions sportives « l’énergie en Jeux » engagé sur l’ensemble de nos sites et qui rassemble déjà près de 25 000 salariés. Nous sommes aussi soucieux de permettre à des athlètes de haut niveau de mener de front leurs carrières sportive et professionnelle au sein d’EDF, avec la mise en place de conventions d’insertion professionnelle (CIP). Trois athlètes du Team bénéficient de ce dispositif.
P. I. — Que seront pour vous des Jeux réussis ? Y a-t-il des critères tangibles qui devront être remplis ?
L. R. — Des Jeux qui réjouissent la planète et qui dessinent un monde plus responsable ! Bien évidemment, des Jeux spectaculaires, avec des performances sportives et humaines inoubliables, une ambiance de fête à Paris et dans toute la France pour accompagner les athlètes et leurs entraîneurs et accueillir les visiteurs du monde entier.
Ce sont aussi des Jeux qui tiennent leur promesse de Jeux plus responsables, sur les questions tant environnementales que sociétales. Paris doit faire la démonstration que les grands événements sportifs et la préservation de l’environnement ne sont pas incompatibles. Ce doit être également une avancée majeure en matière de handicap en rendant le sport plus accessible et en faisant évoluer les mentalités.
P. I. — On mesure tous les jours que la dimension d’un événement sportif dépasse largement le champ du sport : est-ce inévitable ?
L. R. — Le sport accompagne l’humanité depuis des millénaires : avec la trêve olympique, les Grecs avaient déjà donné un rôle politique au sport… Paris 2024 fait sortir les Jeux du stade pour les mettre au cœur de la cité, pour les rendre plus accessibles et festifs, pour les ouvrir sur les préoccupations et les réalités de notre époque : changement climatique, inclusion, respect et solidarité.
Oui, cet événement dépasse largement le champ du sport, et EDF est fière d’accompagner l’ambition de Paris 2024.
(1) La Solideo est l’établissement public en charge de la livraison des ouvrages olympiques.