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Les relations entre la France et l’Irlande au lendemain du Brexit

 

« Le Brexit a jeté l’Irlande dans les bras de la France », écrivait Lara Marlowe, correspondant particulier  en France de l’Irish Times, le grand quotidien dublinois, à la veille de la visite officielle du Taoiseach (Premier ministre irlandais) Micheál Martin en France, le 25 novembre 2022. Elle ajoutait : « L’harmonie des relations entre les deux pays est une bonne nouvelle dans le déluge de crises ambiantes » (1).

Cette embellie se traduit par une augmentation des investissements directs français en Irlande et des investissements directs irlandais en France ; un accroissement notable des relations commerciales entre les deux pays ; un renforcement de la coopération culturelle, scientifique et technique ; un développement concomitant des relations politiques bilatérales ; et un ambitieux programme conjoint portant sur le quinquennat 2021-2025.

Les investissements directs à l’étranger (IDE)

Depuis 2017, la France est le principal pays d’accueil des projets d’investissements directs en Europe avec 1 259 décisions d’implantation ou d’extension en 2022 et 1 194 en 2023. L’Irlande, dont l’attractivité s’est trouvée renforcée aux yeux des entreprises désireuses d’accéder au marché unique européen après le Brexit, a enregistré un nombre important de projets : 184 en 2022 et 100 en 2023.

Plus de trois cents entreprises françaises ont ouvert des filiales en Irlande au fil des ans. Elles ont créé plus de 30 000 emplois directs à Dublin et dans les quatre provinces du pays (2). La France est le premier investisseur de l’UE en Irlande. Vingt-huit des quarante plus importantes sociétés françaises cotées en bourse sont présentes sur le sol irlandais aux côtés de firmes hexagonales de moindre importance (3). Interrogées sur leurs intentions en 2023, 80 % des sociétés françaises ont exprimé leur désir de développer et d’accroître leurs implantations dans l’île.

Plusieurs facteurs expliquent l’attractivité de l’Irlande sur le plan économique : la stabilité politique du pays ; son environnement favorable aux entreprises et son régime fiscal adapté (faible taux d’imposition des sociétés, de 15 % pour les entreprises de plus de 750 millions de chiffre d’affaires et de 12,5 % en deçà de ce seuil) ; son positionnement stratégique entre le continent américain et l’Europe ; le dynamisme d’une économie axée sur les exportations, notamment pharmaceutiques, technologiques et biotechnologiques ; l’existence de plateformes technologiques et financières ultramodernes (un programme de l’ONU encourageant les centres financiers mondiaux à placer la « finance durable et verte » au cœur de leurs opérations et à contribuer à la lutte contre le changement climatique va établir sa base européenne à Dublin) ; et le fait, primordial, que, depuis la mise en œuvre du Brexit, la France est le voisin le plus proche de l’Irlande dans le marché unique européen. Cela ne veut pas dire que tout soit rose : les entreprises françaises, comme toutes les autres entreprises, rencontrent de plus en plus de difficultés à recruter et à fidéliser leur personnel en raison entre autres d’une crise du logement endémique, et l’augmentation des coûts de production n’est pas sans affecter la compétitivité des entreprises. Mais le bilan reste largement positif, et l’Irlande continue d’attirer sur son sol les firmes les plus dynamiques dans les …