Isabelle Lasserre — L’élection de Donald Trump est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle pour la sécurité de la Finlande ?
Elina Valtonen — Oh, vous savez, je n’ai pas vraiment peur pour la Finlande. Comme nous sommes proches de la Russie et que nous avons passé de longues années en dehors de l’OTAN, nous avons toujours pris les questions de sécurité très au sérieux et fait en sorte de ne dépendre de personne d’autre que de nous. Grâce à cet investissement de très longue date, nous avons l’une des armées les plus fortes d’Europe. Nous restons donc relativement sereins. Par ailleurs, je ne pense pas que la Finlande soit considérée comme une route prioritaire pour la Russie. Mais votre question appelle une réponse plus philosophique. Vu que nous sommes très attachés aux valeurs démocratiques, nous respectons le résultat des élections, de toutes les élections ! J’espère que Donald Trump prendra l’an prochain les bonnes décisions, notamment pour le continent européen. Mais je ne vous étonnerai sans doute pas en vous disant que, quoi qu’il advienne, nous ne pouvons pas décider à sa place ! Cela dit, si vous voulez mon sentiment instinctif et très personnel, je suis sûre que son retour à la Maison-Blanche permettra d’approfondir davantage encore la relation transatlantique.
I. L. — N’espériez-vous pas plutôt une victoire de Kamala Harris, notamment s’agissant de l’Ukraine, que vous soutenez depuis le début du conflit ?
E. V. — Je refuse de spéculer sur les actions futures du prochain président des États-Unis. Donald Trump, certes, a dit beaucoup de choses sur l’Ukraine, dont certaines ont pu inquiéter. Il a affirmé qu’il imposerait la paix en 24 heures et s’est prononcé contre la poursuite de l’aide. Mais, en même temps, il faut se rappeler qu’au cours de son premier mandat il a plus investi dans la sécurité européenne, particulièrement en faveur de nos amis baltes, que son prédécesseur Barack Obama ou que son successeur Joe Biden. La ligne centrale de Donald Trump, qui est aussi celle de tous les Américains, c’est que l’Europe doit faire davantage pour sa sécurité, partager le fardeau et assumer sa défense. Comment lui donner tort ? C’est vrai, nous devrions faire tellement plus ! Il est tout à fait normal, quand on appartient à une alliance, l’OTAN, qui prévoit que chacun consacre au moins 2 % de son budget à la défense, d’exiger que tous ses membres respectent la règle. Surtout en ces temps troublés. C’est aussi simple que cela. Je ne vois pas ce qui est choquant.
I. L. — Qu’est-ce qui a changé concrètement pour vous depuis que la Finlande est devenue membre de l’OTAN ?
E. V. — Depuis notre entrée dans l’Alliance, notre détermination à sauvegarder les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme s’est encore renforcée. Les Finlandais soutiennent aussi très fortement la cause ukrainienne, pour laquelle ils éprouvent une réelle sympathie. D’une façon générale, ils sont encore bien plus investis dans la défense de leur pays et de la région qu’ils ne l’étaient auparavant. Selon les …
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