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Iran : un régime à bout de souffle

S’il fallait retenir un signe de l’état catastrophique dans lequel est plongée la République islamique d’Iran — outre sa débâcle en Syrie, la mise à mal de l’« axe de la résistance » à Israël et aux États-Unis qu’elle incarnait et son isolement sur la scène internationale —, ce serait son incapacité à répondre aux besoins de sa population. Alors que l’Iran possède les deuxièmes plus grandes réserves de gaz au monde et les troisièmes plus grandes réserves de pétrole, le régime doit faire face à une pénurie d’énergie sans précédent qui a affecté la majorité des provinces iraniennes ; et cela, au moment où le pays est confronté à un hiver des plus rudes avec une chute brutale des températures (jusqu’à -20 degrés) enregistrées dans de nombreuses villes.

Cette pénurie a provoqué la fermeture en décembre pendant plusieurs jours des écoles, des universités et des administrations, provoquant des manifestations dans certaines localités. Les coupures d’électricité continuent sur l’ensemble du territoire, y compris à Téhéran, obligeant de nombreuses entreprises à réduire leurs activités. L’Iran a même dû interrompre un temps ses exportations de gaz vers la Turquie alors que celles-ci constituent l’une de ses principales sources de revenus.

Impossible pour le gouvernement du président « réformiste » Massoud Pezeshkian de décider de hausses des tarifs pour limiter la consommation : il craint que la population ne descende massivement dans la rue.

Non content d’apparaître comme le plus grand perdant du formidable bouleversement géopolitique et stratégique provoqué par la chute du régime syrien, Téhéran paie aussi au prix fort sur la scène intérieure le soutien militaire et économique qu’il a apporté sans réserve à Damas depuis 2011.

Certes, le coût des sanctions économiques internationales, en particulier américaines, est largement responsable du manque d’investissements dans le secteur de l’énergie, à commencer par les raffineries, et de l’état de délabrement des infrastructures dont l’obsolescence entraîne la perte de près de 25 % du gaz produit dans le pays. Dans une interview accordée fin décembre à la télévision d’État, un dirigeant de l’immense complexe industriel d’Abbas Abad, au sud-est de Téhéran, faisait ainsi savoir que les industries qui y sont localisées étaient confrontées à des coupures de courant pouvant aller jusqu’à quatorze heures par jour.

Dans l’industrie sidérurgique, les pertes dues à la pénurie sont estimées sur un an à environ 4 milliards de dollars par le directeur de la chambre de commerce d’Ispahan, Amir Kashani, cité par l’agence économique Bourse Press. Et selon le représentant des employeurs au Conseil suprême du travail, Ali-Asghar Ahaniha, « 50 % des parcs industriels iraniens ont été contraints de cesser leurs activités en raison de coupures de courant ».

Plus de 80 centrales électriques ont aussi fermé, a-t-il ajouté dans une interview accordée le 11 janvier à l’agence de presse Tasnim. Les élevages industriels de poulets et les laiteries sont également complètement dévastés.

Mais la crise que traverse l’Iran serait cependant moins aiguë s’il n’avait pas dépensé, en prêts et fournitures d’armes ou d’équipements, entre 30 milliards (selon des chiffres donnés par la presse iranienne) et …