Isabelle Lasserre — Comment définiriez-vous aujourd’hui Vladimir Poutine ?
Stéphane Séjourné — Poutine, dirigeant actuel de la Fédération de Russie, est le chef d’un régime autoritaire et le responsable de souffrances dignes d’un autre temps, en Russie comme dans les pays voisins.
I. L. — Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième année, quels sont, à vos yeux, les risques de contagion du conflit aux pays limitrophes ?
S. S. — Dans les faits, la situation est claire : la Russie, en violation des normes internationales les plus fondamentales, poursuit l’invasion impérialiste d’un État souverain. Si elle l’emportait en Ukraine, elle ne s’arrêterait pas là. Les pays européens frontaliers de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie sont particulièrement inquiets. C’est pourquoi notre soutien collectif à l’Ukraine n’est pas uniquement un acte d’altruisme : il montre clairement notre détermination à défendre nos intérêts de sécurité. Ne pas laisser gagner la Russie, c’est aussi limiter l’extension potentielle du conflit aux régions adjacentes. C’est protéger les Français. C’est éviter le coût exorbitant qu’impliquerait une victoire de la Russie.
Nous sommes face à un président russe qui ne fait pas mystère de ses intentions : il évoque une « Russie sans frontières », dénonce la menace occidentale et se projette bien au-delà de l’Ukraine. Nous devons prendre au sérieux ce corpus idéologique.
I. L. — La Moldavie est-elle, selon vous, la prochaine cible de Poutine ?
S. S. — La Moldavie fait aujourd’hui l’objet de nombreuses attaques hybrides de la part de la Russie. Son espace aérien a déjà été violé par des missiles et des drones russes. Des campagnes d’ingérence et de désinformation visent à déstabiliser le gouvernement et la société moldaves, qui ont fait le choix de l’Europe et de la liberté. L’ouverture des négociations d’adhésion par la Commission a envoyé un signal clair : la Moldavie va rejoindre notre famille européenne. C’est pourquoi nous réaffirmons notre soutien indéfectible à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Moldavie. Les forces russes illégalement stationnées sur son territoire constituent une menace de premier ordre. C’est pour cette raison que, parmi les nombreux consensus qui ont émergé lors de la réunion du 26 février (1), figure la nécessité d’œuvrer au renforcement de la sécurité de la Moldavie — ce que réalise pleinement l’accord bilatéral de coopération de défense signé par le président de la République et la présidente Sandu le 7 mars. Les Moldaves savent qu’ils peuvent compter sur la France.
I. L. — Les Russes pourraient-ils tester l’Otan en s’en prenant aux pays baltes ?
S. S. — La politique de défense collective de l’Otan est très claire : nous défendrons chaque centimètre carré du territoire de l’Alliance. Ni la Russie ni aucune autre puissance ne saurait mettre en doute notre résolution à cet égard, que ce soit dans les pays baltes ou ailleurs. La France est pleinement engagée en faveur de la sécurité et de la stabilité dans la région, notamment à travers sa participation aux missions de police du ciel et à la Présence avancée renforcée (eFP) …
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