Politique Internationale — Selon vous, Trump sera-t-il le prochain président des États-Unis ?
Nicole Bacharan — Je n’ai pas la réponse. À cinq mois de l’échéance les sondages ne bougent pas et le résultat sera probablement très serré. En fait, le plus choquant est la possibilité même que Trump puisse être élu président des États-Unis. Cela reste stupéfiant quand on pense à ce qui s’est passé le 6 janvier 2021, cette authentique tentative de coup d’État perpétrée par un président qui avait perdu les élections, ne reconnaissait pas les résultats et qui voulait se maintenir au pouvoir. Eh bien, cet événement hors norme, contraire à toute la tradition démocratique, n’empêche pas des millions d’Américains de se préparer à voter à nouveau pour lui. C’est le signe d’une dégradation très profonde du civisme et de la morale publique.
P. I. — Y voyez-vous une adhésion à ce qu’il représente ou plutôt le produit du désenchantement suscité par les professionnels de la politique ?
N. B. — Les causes sont multiples, mais le fait même d’envisager Donald Trump comme une alternative crédible est un échec démocratique, un renoncement aux valeurs fondamentales de la républicaine américaine fondée sur l’État de droit, l’égalité des citoyens, la recherche du compromis, l’impartialité de la justice, et la limitation du pouvoir exécutif. Au-delà, le désenchantement est réel et largement partagé : 70 % des Américains, toutes opinions confondues, ne voulaient ni de Trump ni de Biden.
P. I. — Y a-t-il un autre candidat qui sorte du lot ? Robert Kennedy Jr ?
N. B. — Kennedy est crédité de 12 % à 13 % des voix, mais reste une sorte d’hurluberlu. Il cristallise sur son nom – mythique - un vote de protestation, il peut jeter le trouble dans une élection si serrée, mais il ne sera pas président des Etats-Unis. Pour l’avenir, on discerne déjà quelques figures montantes qui s’affirmeront après l’élection, lorsqu’on aura un gagnant et un perdant. La prochaine campagne électorale commencera immédiatement après le scrutin.
En attendant, une interrogation plane sur les résultats : seront-ils acceptés, quels qu’ils soient ? Si Trump perd, tout indique qu’à nouveau, il les contestera. D’autant qu’un certain nombre de leaders républicains ont déjà commencé à jeter la suspicion sur une éventuelle défaite avant même l’élection !
P. I. — Quel profil de candidat ou de candidate à la vice-présidence Trump devrait-il choisir pour accroître ses chances ?
N. B. — Habituellement, le choix d’un vice-président fait l’objet de tractations discrètes. Dans les appareils, on consulte, on pèse le pour et le contre. Avec Trump, on assiste à un véritable concours d’allégeance. Les candidats se succèdent sur les plateaux télé pour fustiger la « parodie de justice » dont il est victime, expliquer à quel point il est formidable, et affirmer qu’il a gagné l’élection de 2020. Mais parmi tous ceux qui s’imaginent vice-présidents, très peu ont la capacité d’élargir l’électorat de Trump. Peut-être J. D. Vance, le sénateur de l’Ohio… Il s’était fait connaître par un livre brillant adapté au cinéma sous le titre Une ode américaine …
Ce site est en accès libre. Pour lire la suite, il vous suffit de vous inscrire.
J'ai déjà un compte
M'inscrire
Celui-ci sera votre espace privilégié où vous pourrez consulter à tout moment :
- Historiques de commandes
- Liens vers les revues, articles ou entretiens achetés
- Informations personnelles