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Parer au risque social : le rôle clé des territoires

Politique InternationaleJusqu’à quel point le risque social est-il aujourd’hui prégnant ?

Christian Le Roux — Nos compatriotes, contrairement aux habitants d’autres pays voisins, ont depuis plusieurs années un sentiment de déclassement de plus en plus présent. Peur de perdre son pouvoir d’achat, peur de l’étranger, peur du voisin, peur de l’avenir, peur de la science, peur environnementale, en fait peur de l’inconnu. Pourtant, jamais notre société n’a développé autant d’outils de solidarité et de proximité. C’est l’un des paradoxes des Français qui bénéficient d’un système de protection sociale solide, d’un système de santé que beaucoup nous envient, d’une situation de l’emploi favorable, d’un système éducatif pour tous… Le monde associatif est donc devenu une boussole et un repère pour bon nombre de nos concitoyens qui se sentent délaissés. C’est la mission de Bleu Blanc Zèbre de recenser, de réunir et de dupliquer toutes les actions positives qui fleurissent dans tous les territoires, ruraux, péri-urbains, urbains.

P. I.Votre engagement est fort et ancré dans le temps, depuis dix ans déjà. Quels sont ses ferments ?

C. L. R. — En 2014, le Front national arrive en tête à l’issue des élections européennes. L’événement, déjà, résonne fort. Il soulève aussi des inquiétudes. L’écrivain Alexandre Jardin vient alors me voir au Conseil économique, social et environnemental (CESE), où je travaille comme directeur de cabinet du président Jean-Paul Delevoye. Il est remué par le score des élections, mais sait aussi que les territoires fourmillent d’initiatives susceptibles de redonner de l’espoir et de l’énergie à des gens en proie à un sentiment d’abandon et à une peur du déclassement. Les ferments de Bleu Blanc Zèbre sont là : comment réinsuffler du dynamisme grâce aux forces portées par tout le tissu associatif.

En moins de trois mois, nous allons donner une traduction opérationnelle à cette belle aspiration. Les politiques jouent un rôle important : lors d’un événement au CESE, des personnalités comme Alain Juppé, Anne Hidalgo, Jean-Paul Delevoye ou encore Xavier Bertrand appuient cet engagement. Les uns et les autres, nous sommes convaincus qu’une association qui serait en quelque sorte la plateforme des associations est un outil très pertinent pour fédérer les énergies. Cette approche peut sembler théorique, mais elle se nourrit de quantité de cas pratiques observés au quotidien : par exemple, la famille dont un enfant vient d’être sévèrement accidenté et qui se mobilise pour lui trouver un cadre de vie ; dans une autre veine, moins dramatique, les adeptes d’un sport méconnu qui cherchent à étoffer le vivier des pratiquants ; ou encore ces personnes qui, pour pallier les difficultés de segments de la population à utiliser Internet, entendent les aider. Autant de démarches collectives dont nous nous disons, chez Bleu Blanc Zèbre, qu’elles pourraient être dupliquées avec profit, à la condition bien sûr que la communication circule et que les gens soient avertis de ce qui se passe ailleurs.

P. I.Si vous deviez dresser le bilan des actions entreprises, sur quels dossiers insisteriez-vous en priorité ? …