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Hauts-de-France/Maryland : une coopération régionale exemplaire

Politique Internationale — Comment la coopération entre les Hauts-de-France et le Maryland a-t-elle commencé ?

Boyd Rutherford — En 1981, le Maryland et la région Nord-Pas- de-Calais ont établi un jumelage (« Sister-State »). Ces relations de jumelage s’inscrivent dans le prolongement du programme

« Citizen-to-Citizen » lancé par le président Dwight Eisenhower pendant la guerre froide. Elles visent à promouvoir la coopération et les échanges au niveau des entreprises, des structures éducatives et culturelles, ainsi qu’entre citoyens.

En 2016, la carte des régions françaises a été réformée, et la région Nord-Pas-de-Calais a fusionné avec la Picardie pour former les Hauts-de-France. Un nouveau protocole d’accord était donc nécessaire pour poursuivre la relation. La création de la nouvelle région a également été l’occasion de redynamiser notre partenariat. Des deux côtés, nous avons constaté qu’il y avait un réel intérêt pour renforcer nos liens culturels, historiques et économiques.

L’accord officiel a été signé par le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, et le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, le 2 décembre 2020.

François Decoster — La signature de cet accord de coopération s’est faite sous une forme originale, par visioconférence, pour tenir compte des restrictions de déplacements internationaux en raison de la situation sanitaire : le gouverneur Hogan était présent à la Résidence de France à Washington, accueilli par notre ambassadeur Philippe Étienne, tandis que Xavier Bertrand, que j’accompagnais, était accueilli par l’ambassadrice des États-Unis en France, Jamie McCourt, à l’ambassade des États-Unis à Paris. C’était un geste fort ! Alors même que les contacts internationaux étaient limités, nous choisissions, nous, de dire combien la coopération entre une région française et un État américain gardait tout son sens, et combien il était indispensable de la renforcer, notamment dans les domaines du commerce, de la cybersécurité et des nouvelles technologies, de la filière équine, de la bio-santé et du secteur portuaire. En quelque sorte, nous disions que, malgré la distance, nos liens étaient suffisamment forts pour envisager l’avenir de nos coopérations. C’était aussi le reflet de notre histoire commune : aux XVIIe et XVIIIe siècles, les familles du territoire britannique qui deviendra le Maryland envoyaient leurs enfants outre-Atlantique, et tout particulièrement au collège des Jésuites anglais de Saint- Omer, pour y suivre l’éducation qu’ils leur avaient choisie. Déjà, à l’époque, la distance n’empêchait pas la confiance !

P. I. — Qu’est-ce que ce partenariat avec les Hauts-de-France a apporté au Maryland ?

B. R. — Le « Global Gateway Partnership » est un partenariat qui permet aux petites entreprises désireuses de pénétrer le marché américain d’accéder à des pépinières d’entreprises et à des subventions pour compenser le coût du loyer, des licences commerciales et autres dépenses liées à leur installation au Maryland. Le jumelage avec les Hauts-de-France a été déterminant pour le lancement de ce programme. Nous réfléchissons actuellement à la manière d’organiser un programme équivalent en France pour les entrepreneurs du Maryland.

Lors de sa mission commerciale en France en 2022, le gouverneur du Maryland, M. Hogan, a signé un protocole d’entente supplémentaire visant à établir des échanges éducatifs dans le domaine de l’équitation pour les étudiants et les cavaliers professionnels. Le protocole a également permis d’inviter des spectateurs et des participants à prendre part à des événements internationaux organisés dans le Maryland, comme le Maryland Five Star ou le Washington International Horse Show.

En octobre 2022, le vice-président Decoster s’est rendu dans le Maryland à la tête d’une délégation d’acteurs académiques et d’entrepreneurs. Ils ont visité plusieurs universités et collèges ainsi que des centres de recherche et développement affiliés à des universités et à des structures publiques, tous spécialisés dans les sciences de la vie. Les acteurs académiques des Hauts-de-France ont discuté avec leurs homologues du Maryland des possibilités d’échanges d’étudiants et d’enseignants. De même, des spécialistes des sciences de la vie des Hauts-de-France et du Maryland se sont rencontrés pour mettre en place des partenariats de recherche et développement.

L’un des premiers actes de coopération culturelle réussis dans le cadre du programme Sister-State a été, en 2019, la tournée de l’Orchestre à vent de Saint-Omer dans le Maryland et à Washington D.C. Pour de nombreux musiciens, c’était la première fois qu’ils venaient au Maryland et même aux États-Unis. Et ce fut, pour nous, l’occasion d’assister à de magnifiques représentations.

Ce partenariat nous a également permis de redécouvrir des liens culturels entre les deux régions, à commencer par l’histoire de la famille Carroll, qui est l’une des familles fondatrices des États- Unis d’Amérique. L’aîné, Charles Carroll, ou « Charles le Colon », était un Irlandais qui a immigré en Amérique en 1688 et s’est s’installé dans la colonie anglaise du Maryland. Quelques années plus tard, ses deux petits-fils traverseront l’Atlantique pour venir étudier au collège des Jésuites anglais de Saint-Omer.

Daniel Carroll, l’aîné, a commencé à fréquenter le collège en 1742. De retour en Amérique, il sera élu au Sénat de l’État du Maryland, avant de devenir délégué au Congrès constitutionnel. Il fut l’un des signataires de la Constitution des États-Unis.

Son frère, John, a rejoint le collège aux alentours de 1747. John a consacré sa vie à la foi et a étudié la théologie et la philosophie. Lui aussi acquis à la cause de l’Indépendance, il fut en contact avec le marquis de La Fayette et contribua à pousser les Français à entrer en guerre aux côtés des patriotes américains. John devint ensuite le premier évêque catholique des États-Unis, à Baltimore. La même année, il fonda l’Université de Georgetown, aujourd’hui connue pour ses programmes de relations internationales et ses diplômés aux trajectoires prestigieuses tels que l’ancien président Bill Clinton, l’ancien président salvadorien Alfredo Cristiani, d’innombrables membres, actuels et anciens, du Congrès des États-Unis, ainsi que nombre de hauts fonctionnaires.

L’évêque Carroll joua également un rôle déterminant dans la conception de la basilique de l’Assomption, à Baltimore. Elle fut la première cathédrale américaine construite après l’adoption de la Constitution des États-Unis, et un symbole de la liberté religieuse retrouvée de l’Amérique. C’est là où, en 2019, s’est produit l’Orchestre d’harmonie de Saint-Omer lors de sa tournée américaine.

En 1808, John a reçu du pape la permission d’ériger l’archidiocèse de Baltimore, divisé en quatre diocèses : Boston, New York, Philadelphie et Bardstown. Il devint alors le premier archevêque des États-Unis.

Et ce n’est pas tout : le cousin de John et Daniel, Charles de Carrollton, est arrivé en France en 1748. Il a, lui aussi, étudié au collège des Jésuites, puis au lycée Louis-le-Grand, à Paris, en 1755. À son retour en Amérique, il est devenu l’homme le plus riche des colonies. Ce qui ne l’a pas empêché de s’engager dans la cause patriotique à travers divers écrits. Bien qu’on lui ait refusé le droit de vote en tant que catholique, il fut élu au Congrès continental et au Sénat de l’État du Maryland. En 1776, Charles a signé la Déclaration d’indépendance, sachant que cet acte mettrait en péril ses biens, sa richesse et sa vie. Il fut le seul catholique à signer le texte.

P. I. — Quels sont les bénéfices qu’a retirés la région Hauts-de France de ce partenariat avec le Maryland ?

F. D. — Comme vient de le souligner le lieutenant-gouverneur, notre partenariat a tout d’abord permis de valoriser nos liens historiques. C’est en 2009, grâce à Anne Vanhaecke, alors directrice adjointe de l’agence de développement économique de l’agglomération de Saint-Omer, que l’épopée de la famille Carroll a été ressuscitée.

Nous avons également rappelé que la région Hauts-de-France avait accueilli des centaines d’élèves venus d’outre-Atlantique, principalement dans les collèges de Jésuites anglais de Saint-Omer et de Douai. C’est tout un pan de notre histoire que nous avons retrouvé ! Chaque année, désormais, un groupe de lycéens de notre région se rend au Maryland tandis qu’une quinzaine d’étudiants de la prestigieuse Université de Georgetown viennent en stage pendant six à huit semaines à Saint-Omer. Ce programme, développé par Farima Mostowfi du Département de français de l’Université de Georgetown, est un vrai pari sur l’avenir : il permet à de futurs leaders américains de créer un lien particulier avec notre région.

Notre accord de coopération a aussi permis d’identifier des secteurs de spécialisation de nos économies respectives. C’est vrai, notamment, dans le domaine de la cybersécurité : le Maryland est un État pionnier dans ce domaine, et Lille accueille chaque année le Forum international de la cybersécurité, qui est devenu le principal événement européen sur les questions de sécurité et de confiance numérique. Travailler ensemble permet de rassembler des talents d’envergure mondiale. Nous avons organisé en mai 2022 un premier webinaire qui a réuni une vingtaine d’entreprises et d’universités de nos territoires respectifs. Une coopération universitaire est en construction grâce à l’engagement de l’université de Lille et de Centrale Lille.

Il en est de même de notre coopération dans la filière équine : le Maryland organise chaque année, à Fair Hill, l’une des plus importantes manifestations hippiques au monde, et la réputation de nos hippodromes n’est plus à faire. C’est d’ailleurs à Chantilly, à l’occasion du dernier prix de Diane, que j’ai signé — au nom de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France — avec le gouverneur Larry Hogan un accord de coopération spécifique dans la filière équine.

Autre domaine d’excellence au cœur de notre coopération : la santé. Depuis 2017, nous avions l’habitude des événements communs lors des grands salons internationaux dans le domaine de la santé, en particulier Medica à Düsseldorf. La crise sanitaire a montré la nécessité d’accélérer nos coopérations internationales. Grâce à notre partenariat, les entreprises domiciliées dans notre incubateur Eurasanté sont mises en relation avec les autorités du Maryland qui organisent pour elles un séjour de découverte du marché de quelques semaines, voire plusieurs mois. Trois entreprises de notre région étaient ainsi présentes lors de mon dernier déplacement au Maryland, en lien avec la Team France Export, et nous envisageons la participation d’une délégation régionale à la Maryland Life Sciences Bio Innovation Conference.

Plus globalement, sur la base des premières déclinaisons de notre nouvel accord, nous souhaitons faciliter un accès réciproque à nos marchés : le Maryland vient de lancer un programme de soft landing à destination des entreprises étrangères qui souhaitent s’y implanter. Nous avons choisi de diffuser cette opportunité aux entreprises des Hauts-de-France, en attendant de mettre en place le pendant français de ce programme. D’ores et déjà, deux entreprises régionales sont candidates à cet accueil de plusieurs mois au Maryland : c’est pour elles une chance de pouvoir accélérer leur développement à l’international.

P. I. — En quoi ces liens privilégiés entre une région française et un État américain contribuent-ils à resserrer les liens transatlantiques ?

B. R. — Les accords du type de celui que nous avons conclu avec les Hauts-de-France, à l’échelon régional, ont naturellement des répercussions positives à l’échelon national. Le développement d’une coopération dans les domaines de l’économie, de l’éducation ou de la culture rallie à la cause de l’amitié franco-américaine quantité d’acteurs qui ont tout intérêt à ce que ces relations se poursuivent. C’est exactement ce qu’avait en tête le président Eisenhower lorsqu’il a lancé le programme « Citizen-to-Citizen ». C’était un moyen de favoriser la paix et la prospérité en créant des liens entre les différentes communautés dans le monde.

F. D. — Notre partenariat est dans une large mesure adossé à une histoire commune, qui a débuté bien avant la fondation des États- Unis. On ne peut s’empêcher de penser que John Carroll — dont Boyd Rutherford a parlé il y a un instant — se souvenait de ses années passées au collège de Saint-Omer lorsqu’il a posé la première pierre de l’Université de Georgetown. Et l’éducation que Charles Carroll a reçue en France a sans doute joué un rôle dans son engagement politique. Son empreinte sur les débuts des États-Unis a été si forte qu’à sa mort un deuil national a été décrété.

Cette histoire commune s’appuie sur des valeurs de liberté, de tolérance et de solidarité qui sont toujours aujourd’hui au cœur de la relation transatlantique. La visite d’État du président Macron en décembre dernier l’a rappelé avec éclat. C’est aussi la raison de la création, en 2017, d’une Fondation Saint-Omer valeurs transatlantiques, en présence du lieutenant-gouverneur, du secrétaire d’État du Maryland, John Wobensmith, qui a tant fait pour le développement de notre coopération, et de l’archevêque de Baltimore, monseigneur Lori. La Fondation, hébergée d’abord par l’Académie des sciences morales et politiques et désormais par la Fondation de Lille, est animée par Édouard de Lencquesaing, très engagé dans les relations transatlantiques. Elle facilite les échanges culturels et académiques. C’est par son intermédiaire que la restauration de la chapelle des Jésuites de Saint-Omer a pu bénéficier d’un mécénat important (250 000 dollars) de la Fondation Florence Gould et que la Fondation Mona Bismarck a financé des résidences d’artistes américains dans notre région. Cette dernière organise aussi chaque été une Master class qui rassemble une soixantaine de participants sur un thème d’actualité lié à la relation transatlantique.

À titre d’exemple, à chacun de mes déplacements au Maryland, je prolonge mon séjour par une visite auprès d’investisseurs américains qui envisagent de développer un projet dans les Hauts-de-France. En octobre 2021, je m’étais ainsi rendu avec mon collègue Jean-Paul Mulot au siège de la société Corning à Boston, alors qu’elle projetait d’implanter une nouvelle usine en Europe et hésitait entre plusieurs options. Quelques mois plus tard, ses dirigeants ont retenu un site sur le territoire de l’agglomération de Béthune-Bruay, dans notre région. Un an plus tard, j’étais au siège d’une autre grande entreprise américaine, Chemours, située dans le Delaware, pour un processus identique. En quelques années, les Hauts-de-France sont devenus la région européenne qui attire le plus grand volume d’investissements directs étrangers dans le domaine industriel : le nombre de projets américains qui s’y développent contribue naturellement à ce résultat exceptionnel !

P. I. — D’après votre expérience, à quelles conditions la relation transatlantique peut-elle prospérer ?

B. R. — Une relation transatlantique réussie commence par une implication aux plus hauts niveaux du gouvernement, de la région ou de l’État. Les responsables politiques doivent s’engager, apporter leur soutien et, à tout le moins, comprendre la valeur de cette relation. Leurs administrations respectives doivent être en communication régulière avec leurs homologues.

D’autre part, nous avons constaté qu’il est très utile qu’un État dispose d’un organisme local dont la mission est de favoriser la relation. Dans le cas du Maryland, il s’agit du comité de jumelage Hauts-de-France. Ces comités sont des organisations bénévoles composées de « diplomates-citoyens » qui assurent la pérennité du partenariat quels que soient les changements politiques.

Enfin, il est important d’identifier les points de convergence. Si les partenaires souhaitent renforcer leurs liens économiques, ils doivent rechercher les secteurs industriels dans lesquels ils sont présents l’un et l’autre.

F. D. — La spécificité de la relation transatlantique repose sur son histoire et sur les valeurs qu’elle porte. Il est essentiel que cette mémoire soit préservée. Nous sommes des alliés. Nous avons combattu ensemble, au nom de ces valeurs, pour les défendre. Dans le monde contemporain, c’est un point essentiel qui nous rassemblera toujours car il est d’une dimension bien plus élevée que les différends ponctuels qui peuvent affecter nos relations commerciales.

C’est pour cette raison, aussi, que la relation transatlantique repose sur des relations interpersonnelles. Notre responsabilité politique est de les favoriser, malgré la distance et malgré les coûts que cela peut représenter. Notre coopération bénéficie, au-delà de nos institutions et du travail formidable de nos équipes respectives, de l’engagement de femmes et d’hommes qui la font vivre au quotidien, et souvent bien au-delà des programmes initiaux.

P. I. — Comment la coopération entre les Hauts-de-France et le Maryland peut-elle être améliorée ?

B. R. — On pourrait commencer par développer le tourisme. Pour de nombreux habitants du Maryland et pour les Américains en général, la France se résume à Paris ou à la Côte d’Azur ! Or les Hauts- de-France possèdent de nombreux lieux d’intérêt historique pour un touriste américain, de l’endroit où Jeanne d’Arc a été capturée en 1430 au site de la capitulation allemande en 1918. La capitale régionale, Lille, forme avec Londres et Bruxelles un triangle très central qui constitue un excellent point de départ pour visiter l’Europe.

De son côté, le Maryland offre aux touristes français de nombreux attraits : outre la proximité de Washington, des villes uniques à explorer, notamment la capitale de l’État, Annapolis, avec son State House historique où fut signé le traité de Paris qui mit fin à la guerre d’Indépendance américaine.

F. D. — Notre coopération est finalement encore assez jeune, dans sa nouvelle formule. Elle s’est dotée d’objectifs clairs et d’outils opérationnels. Il est désormais essentiel d’inscrire cette dynamique dans la durée. Nous savons combien le développement de notre partenariat doit tout particulièrement à l’administration du gouverneur Hogan, au lieutenant-gouverneur Rutherford et au secrétaire d’État Wobensmith. Une nouvelle administration s’installe. Je ne doute pas que le gouverneur Wes Moore souhaitera poursuivre cet élan. Avec Xavier Bertrand, nous lui avons écrit en ce sens.

L’engagement des citoyens dans le programme des Sister Cities du Maryland — et notamment de Candice Kelly et de Patrick Capurro — est apparu comme un atout très fort pour assurer la continuité de nos échanges, malgré la crise sanitaire. Cette formule est très inspirante et mériterait d’être développée pour la région Hauts-de-France.

P. I. — D’un mot, si vous deviez tirer le bilan de cette jeune coopération, quel serait-il ?

B. R. — Ce partenariat m’a permis, outre la naissance d’une nouvelle amitié avec le vice-président François Decoster, de découvrir la beauté des paysages ruraux et l’histoire de cette région. Je ne vois plus la France à travers le seul prisme de Paris.

Il ne m’était jamais venu à l’esprit que Lille était appelée la « capitale des Flandres ». À vrai dire, je ne connaissais les Flandre qu’à travers la série In Flanders Fields tirée du poème de John McCrae, qui dépeint cette boucherie effroyable qu’a été la Première Guerre mondiale. Les petits cimetières que j’ai croisés au gré de mes déplacements dans la région portent la trace de toutes ces vies perdues.

J’ai également été frappé par ces photos sur plaques de verre de soldats afro-américains de la Première Guerre mondiale, exposées à la bibliothèque du Pays de Saint-Omer. Elles montrent des jeunes hommes bien accueillis par les habitants, alors que leur pays d’origine les traitait comme des citoyens de seconde zone. Ces images m’ont rappelé le chemin parcouru par les États-Unis dans la lutte contre la discrimination raciale.

F. D. — L’aspect humain a été, pour moi aussi, essentiel. Ce partenariat m’a d’abord permis de faire la connaissance du lieutenant- gouverneur Rutherford et du secrétaire d’État Wobensmith, qui sont devenus des amis. Grâce à eux, je connais mieux les États-Unis. J’ai découvert Annapolis, la capitale du Maryland, probablement l’une des plus jolies villes américaines, à la qualité de vie incroyable. J’ai aussi mieux compris comment fonctionnait un État fédéral, bien loin de notre centralisme à la française. Cette expérience a achevé de me convaincre de la nécessité de repenser très significativement notre modèle jacobin pour libérer les énergies régionales et locales. Le Maryland — dont une partie du territoire constitue le district de Columbia tel que nous le connaissons aujourd’hui — est un État qui prend des décisions au plus près de la réalité de ses habitants.

Comme toujours, l’ouverture à l’international permet d’appréhender d’autres réalités, mais surtout de mieux se connaître soi-même. Le partenariat entre les Hauts-de-France et le Maryland n’échappe pas à la règle !