Après les attentats du 11 septembre 2001 et la disparition du régime de Saddam Hussein en Irak, où en est le lien entre les États-Unis et l'Arabie saoudite ? De la réponse dépend largement l'avenir d'une région du monde structurée, depuis un demi-siècle, autour des alliances que Washington a conclues avec Tel-Aviv et Riyad. En dépit des apparences qui tendraient à faire croire que la " relation spéciale " entre les États-Unis et le Royaume s'est profondément et irréversiblement détériorée, la question est loin d'être tranchée.
Un lien mis à mal
Deux constats, a priori incompatibles, s'imposent. D'une part, les citoyens américains n'oublieront jamais que, parmi les dix-neuf kamikazes qui ont participé aux attentats du " 911 ", quinze étaient de nationalité saoudienne. D'autre part, le rôle que joue le Royaume dans les approvisionnements pétroliers des pays industrialisés et son statut au sein de l'islam en font un partenaire irremplaçable pour les États-Unis. Il y a fort à parier que la nation américaine devra vivre longtemps avec cette schizophrénie, qui renvoie d'ailleurs à celle qui caractérise l'Arabie saoudite : un pays où cohabitent les élites les plus américanisées du Moyen-Orient et le " peuple " le plus anti-américain de la région.
Washington ménage Riyad...
Pour répondre à la question posée, il convient de séparer avec soin, sans jamais se laisser influencer par les invectives et les gesticulations, deux phénomènes très différents : d'un côté, les vœux pieux d'un certain nombre de cercles idéologiques qui entourent le président Bush et réclament de mettre fin à la relation privilégiée que Washington entretient avec Riyad ; de l'autre, la politique réelle des États-Unis. Pour illustrer la difficulté de la tâche, prenons l'exemple du procès intenté en août 2002 par les familles des victimes du 11 septembre à plusieurs personnalités saoudiennes, dont au moins deux princes de très haut rang de la famille royale. L'acte d'accusation élaboré par l'avocat Ron Motley, coutumier des procès à très grand spectacle, stipule que le prince Sultan Ben Abdelaziz, frère du roi et ministre de la Défense, est complice des terroristes. Sollicité à l'époque par les médias, le département d'État, lui, n'hésite pas une seconde avant de réitérer la ligne officielle : l'Arabie saoudite est un allié indéfectible des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Mieux : le fameux rapport du Congrès sur les circonstances du 11 septembre a été rendu public le 24 juillet dernier... à l'exception d'une vingtaine de pages consacrées au rôle joué par des personnalités saoudiennes dans la tragédie. On le voit : le discours américain n'a pas changé ; pourtant, les attitudes sont en train d'évoluer, imperceptiblement, et le partenaire saoudien semble moins " intouchable " qu'auparavant.
Les attentats meurtriers perpétrés à Riyad le 12 mai 2003 (1) ont fourni un point de repère précieux pour juger de la vigueur du lien entre les deux pays. Ces attaques simultanées contre trois symboles de la présence étrangère en Arabie saoudite ont, en quelque sorte, rétabli une certaine solidarité entre le Royaume et la …
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