Ce Numéro d'automne s'ouvre sur un entretien décapant avec le roi de Jordanie, Abdallah II - l'une des rares interviews de fond que le jeune souverain hachémite ait consenti à accorder depuis sa prise de fonctions, en 1999.
Abdallah II est un homme à la fois sage, éclairé et courageux. En raison de l'œuvre réformatrice qu'il accomplit à l'intérieur et de la posture équilibrée qu'il a su adopter en politique étrangère.
Politique Internationale et l'Association de politique étrangère de la Sorbonne viennent, d'ailleurs, de lui décerner leur prestigieux " Prix du courage politique " en soulignant les vertus de ce chef d'État qui, dans un environnement régional incandescent et souvent incontrôlable, a pris le risque d'être modéré...
Voici douze questions clés :
Comment mettre un terme à l'Intifada ?
La " feuille de route " conçue par le Quartette États-Unis/
Russie/ONU/Union européenne permettra-t-elle une relance du processus de paix dans ce Proche-Orient de passions et de larmes ?
Un État palestinien est-il concevable à vue d'homme ?
Ariel Sharon est-il un homme de paix ?
Yasser Arafat finira-t-il par s'effacer au profit de leaders moins usés et plus capables ?
Damas et Téhéran ont-ils renoncé à soutenir le terrorisme ?
La Syrie sera-t-elle l'une des prochaines cibles du Penta-
gone ?
Les chiites irakiens constituent-ils un péril ?
La démocratisation de l'Irak, si elle se produit, aura-t-elle une incidence sur l'évolution de la mollarchie iranienne ?
La " relation spéciale ", vieille de soixante-quinze ans, entre Riyad et Washington est-elle en train de s'estomper ?
Quels objectifs précis la Turquie nourrit-elle envers l'Irak ? Les intérêts turcs dans la région coïncident-ils avec ceux des États-Unis ?
Que penser, enfin, de ce quarteron d'intellectuels européens qui s'élèvent contre l'américanophobie ambiante et s'efforcent de démontrer que, malgré ses défauts et ses faiblesses, l'Amérique a toujours défendu quelque chose de plus que son propre confort ?
À ces interrogations multiformes répondent, dans ces pages, Abdallah de Jordanie, mais aussi les personnalités les plus réputées du Vieux Continent et d'outre-Atlantique.
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Les analyses passionnées que suscitent ces complexes réajustements géopolitiques contrastent, on en conviendra, avec le silence qui entoure l'actualité russe.
À la veille des élections législatives et présidentielle, Vladimir Poutine verrouille avec application toute la société : partis politiques domptés, gouverneurs de région soumis, oligarques pourchassés, médias bâillonnés... Sans parler, bien sûr, de la frondeuse Tchétchénie, que le Kremlin normalise dans le sang et qu'il utilise pour ressusciter le vieux schéma soviétique de la " patrie en danger ".
Pourquoi les dirigeants du monde libre baissent-ils aussi pudiquement les yeux sur ces exactions d'un autre âge qui offensent à la fois leurs valeurs, leurs discours et leur combat ?
Un homme d'esprit a écrit, jadis, que " la liberté est un mot qui a fait le tour du monde et qui n'en est pas revenu "...
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Nos lecteurs découvriront également, dans cette livraison d'automne, des analyses fines et éclairantes sur la plupart des autres thèmes qui font la " Une " des journaux - de Chypre au continent africain.
Puis ils liront avec plaisir les commentaires de l'un des plus grands écrivains latino-américains de notre temps : le Péruvien Mario Vargas Llosa. Défenseur inlassable de la démocratie, Vargas Llosa est de ces hommes que nous aimons parce qu'ils ont compris - avec Condorcet - que " la vérité appartient à ceux qui la cherchent et non point à ceux qui prétendent la détenir ".
À toutes et à tous : bonne lecture.