Un pays qui nargue les États-Unis
L'Afghanistan en 2002. L'Irak en 2003. L'Iran en 2004 ?
Cette question se situe aujourd'hui au centre de la réflexion de nombreux think tanks de Washington, dont les membres - chercheurs, lobbyistes, hommes politiques - rêvent de remodeler le monde. Et, comme c'est souvent le cas aux États-Unis, ce débat n'échappe pas aux considérations électorales nationales.
Certes, il est trop tôt pour prévoir le rôle que jouera l'Iran dans la campagne présidentielle américaine de 2004. Celle-ci, en effet, pourrait fort bien donner la priorité à des préoccupations intérieures au détriment de la politique étrangère. Ce qui est certain, en revanche, c'est que l'administration Bush ne pourra pas se permettre, au cours des douze mois à venir, d'ignorer le problème iranien.
Une politique régionale hostile à Washington
L'Iran joue déjà un rôle ambigu en Irak, où il s'échine à exercer une pression maximale sur la coalition conduite par les États-Unis - tout en évitant de provoquer une guerre civile à grande échelle, dont il sait qu'elle deviendrait rapidement incontrôlable. D'une part, la propagande de la mollarchie iranienne est clairement opposée à la présence américaine en Irak. Mieux encore : l'Iran n'a pas hésité à infiltrer un grand nombre d'agents armés dans les régions à prédominance chiite de la Mésopotamie du Sud et du Centre. Mais, dans le même temps, il a recommandé à ses alliés, en particulier au Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak (SCIRI), de participer au gouvernement mis en place par la coalition à Bagdad...
L'Iran se montre également actif en Afghanistan. Dans les provinces de Maydan et de Bamiyan, à l'ouest de Kaboul, il a contribué à la création d'une armée de 10 000 hommes, composée de chiites hazara. Il a également forgé des liens étroits avec Ismaïl Khan, l'autoproclamé " Émir " d'Herat, qui contrôle six provinces de l'ouest de l'Afghanistan. Sans doute Ismaïl Khan n'est-il pas un laquais de l'Iran ; il n'en reste pas moins qu'il partage avec Téhéran le souhait de prévenir l'émergence à Kaboul d'un régime pro-américain et majoritairement pachtoune.
L'Irak et l'Afghanistan ne sont pas les seules régions où l'Iran est déterminé à s'opposer à la doctrine Bush. Le régime khomeyniste est tout aussi hostile à la " feuille de route " proposée par le président américain dans le but de mettre fin au conflit israélo-palestinien. Le " Guide suprême " du régime, Ali Khamenei, a même déclaré que ce document était un scénario destiné à " liquider la question palestinienne " (1). Au mois de juin dernier, son principal conseiller pour les affaires internationales, l'ancien ministre des Affaires étrangères Ali Akbar Velayati, a publiquement appelé à ouvrir " un nouveau front " contre les États-Unis et leurs alliés en reprenant les attaques lancées par le Hezbollah contre Israël depuis le Liban (attaques qui recommencèrent effectivement en août). D'après des sources iraniennes aussi bien qu'occidentales, l'Iran aurait fourni entre 8 000 et 10 000 missiles Fajr IV à la branche libanaise du Hezbollah (2). …
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