Les Grands de ce monde s'expriment dans

POUR EN FINIR AVEC LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE

Après la chute de Saddam Hussein, Hussein Khomeiny a quitté la ville de Qom, en Iran, pour s'installer en Irak (1). Âgé de quarante-six ans, ce petit-fils du fondateur de la République islamique d'Iran, l'ayatollah Ruhollah Khomeiny, ne doit pas seulement sa notoriété au nom de son grand-père ; il s'est rendu célèbre par des prises de position qui surprennent même des observateurs avertis. Religieux chiite, il n'en exige pas moins pour l'Iran la fin de la théocratie et l'établissement d'un État de droit laïque. Loin de lui l'idée de considérer les États-Unis comme le " grand Satan ". Bien au contraire : il voit en l'Amérique une véritable démocratie libérale, un exemple à suivre, et n'hésite pas à affirmer que son intervention contre le régime de Saddam Hussein doit être considérée comme une authentique libération.
En 1977, la mort de son père - le fils aîné de l'ayatollah Khomeiny - le rapproche, pendant un certain temps, de son grand-père (celui-ci lui conserva, dit-on, une affection particulière jusqu'aux derniers instants de sa vie). Mais dès la prise du pouvoir par les mollahs, des divergences de vues ne tardent pas à se faire jour entre les deux hommes. La position de Hussein Khomeiny - ou plutôt son opposition à la ligne officielle du régime - sur des questions aussi importantes que le rôle politique du clergé, le traitement des prisonniers d'opinion ou encore la guerre contre l'Irak lui vaut plusieurs rappels à l'ordre de la part du Guide suprême de la révolution. Finalement, le patriarche impose le silence à son turbulent petit-fils en l'envoyant dans la ville sainte de Qom, où il passera près de deux décennies.
C'est avec une grande discrétion qu'il est revenu en Irak (où il avait vécu jusqu'à la chute du Shah en Iran), quelques semaines seulement après le renversement de Saddam. Si la raison officielle de ce retour est le pèlerinage aux lieux saints chiites, il se murmure aussi qu'il souhaite se rapprocher des Américains pour, éventuellement, jouer un rôle politique dans l'Iran de demain... Dans cet entretien exceptionnel, Hussein Khomeiny brosse un tableau sans concessions du régime de Téhéran et s'interroge sur l'évolution de l'islam chiite - en Iran aussi bien qu'en Irak. À leur manière, ses réflexions sonnent le glas de la théocratie iranienne fondée par son grand-père. Quant au chiisme, ce dignitaire religieux le dit clairement : s'il souhaite sortir du discrédit qui pèse sur lui depuis l'avènement du régime islamique en Iran, il doit impérativement accepter la sécularisation du pouvoir.

Nasser Etemadi - Que ressentez-vous en retrouvant un Irak débarrassé de Saddam Hussein ?
Hussein Khomeiny - Je suis effectivement rentré en Irak cet été, principalement pour y accomplir les pèlerinages des saints mausolées de Nadjaf et de Kerbala. Comment pourrais-je oublier que j'ai grandi dans ce pays et que j'ai été témoin des exactions du régime baasiste ? Je connaissais son caractère violemment répressif. Malheureusement, le monde entier - y compris le régime islamique iranien - a gardé le silence sur …