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IRAK : RÉPONSE AUX ANTI-GUERRE

"Pourquoi sommes-nous entrés en guerre ?" Tel est le titre d'un pamphlet publié en mai dernier par l'écrivain américain Norman Mailer. Et nombreux sont ceux qui se posent cette même question, en particulier aux États-Unis et au Royaume-Uni, puissances qui se sont alliées pour libérer l'Irak de la tyrannie de Saddam Hussein.
Dans ces deux pays, la décision d'entrer en guerre avait fait l'objet d'un vaste débat. Y compris au Congrès américain et au Parlement britannique. Mais il n'en reste pas moins légitime de s'interroger sur la justesse de l'intervention. Ne serait-ce que parce qu'il est toujours utile de revenir sur les arguments qui ont présidé à une décision aussi cruciale que l'engagement d'un État dans une opération armée. Malheureusement, force est de constater que des objectifs politiques qui n'ont rien à voir avec l'Irak sont venus se mêler à cette discussion : certains en profitent pour tenter d'obtenir la démission de Tony Blair ; d'autres font feu de tout bois afin d'empêcher la réélection de George W. Bush.
Lorsque l'on étudie attentivement l'autoproclamé " camp de la paix ", on se rend compte que, en Occident et dans le monde musulman, une alliance très hétéroclite s'est réunie sous le flambeau de l'opposition à la guerre en Irak.
Saddam Hussein, c'est indéniable, avait peu d'amis dans l'arène internationale. Mais, à la veille de sa chute, de nombreux gouvernements étrangers s'accommodaient, tant bien que mal, de sa présence au pouvoir.
Les mollahs iraniens préféraient voir régner à Bagdad le Baas plutôt qu'un gouvernement pro-américain, même si celui-ci devait être dominé par les chiites. Un gouvernement chiite installé à Bagdad pourrait prétendre à exercer un rôle dominant auprès de tous les musulmans chiites du monde, une position que l'Iran revendique depuis la Révolution islamique, en 1979.
Pour les Syriens, il valait mieux que l'Irak fût dirigé par leur frère ennemi baasiste que par un régime pluraliste.
Quant aux despotes arabes, du golfe Persique à l'Afrique du Nord, ils considéraient, eux aussi, d'un bon œil ce dictateur sanguinaire : ses excès parvenaient presque à faire passer leurs régimes pour des modèles de vertu !
Saddam convenait également aux Français et aux Russes. Après l'avoir fréquenté et soutenu pendant des décennies, Paris et Moscou craignaient, en effet, que son successeur éventuel ne décide de se tourner vers " les Anglo-Saxons " et d'établir avec ceux-ci une " relation spéciale ", surtout dans le domaine délicat de l'exploitation des réserves pétrolières.
Enfin, les Turcs l'appréciaient car ils savaient parfaitement que, si un autre gouvernement était installé à Bagdad, jamais leurs troupes ne pourraient aller et venir à leur guise dans le nord de l'Irak afin d'y assassiner les Kurdes, ce malheureux peuple haï aussi bien par les dirigeants irakiens que par les autorités d'Ankara.
Quand les tambours de la guerre se mirent à résonner, nombre de libéraux (au sens américain du terme), des deux côtés de l'Atlantique, voulurent voir en Saddam Hussein l'incarnation de la figure héroïque du leader du tiers-monde dressé face au Premier …