Violences en net recul ; aisance financière unique depuis l'indépendance ; régime redevenu si "fréquentable" après une décennie d'embargo moral pour cause de sale guerre qu'Américains et Français se disputent ouvertement ses faveurs : l'Algérie, en ce début d'année 2004, est plus que jamais fidèle à sa réputation de pays Potemkine.
Difficile, en effet, de voir dans ce paysage quasi idyllique le reflet d'une nation minée par une instabilité politique chronique et où le pouvoir, sans autre projet que sa propre survie, génère crise sur crise. L'inflation de scrutins - sept au cours des sept dernières années -, ainsi qu'un impressionnant défilé de gouvernements et de présidents témoignent de la fragilité des institutions. Depuis l'" ouverture politique " initiée en 1989, l'Algérie a " usé " pas moins de dix gouvernements et de cinq présidents, dont aucun n'est allé jusqu'au bout de son mandat, à l'exception du dernier : Abdelaziz Bouteflika. Mais sa volonté de faire " encore mieux " en se succédant à lui-même provoque un conflit si aigu au sommet de la haute hiérarchie militaire - et du FLN, l'ancien parti unique - qu'il inquiète jusqu'aux chancelleries étrangères, pourtant promptes à dédramatiser toute crise majeure...
Lutte féroce pour le pouvoir
La bataille pour l'investiture en vue du scrutin présidentiel, prévu pour avril 2004, pèse sur la vie politique algérienne depuis plusieurs mois. Les généraux ne semblent toujours pas s'être résignés à un second mandat de Bouteflika qu'ils ont pourtant fait roi en 1999. Que ce conflit n'oppose pas deux projets de société différents n'enlève rien à sa férocité. Au contraire, il s'agit pour les " décideurs ", comme on appelle à Alger la poignée de généraux qui détient la réalité du pouvoir, de défendre un principe régissant le fonctionnement même du système : empêcher l'un d'entre eux - ou l'un de ceux qu'ils soutiennent - de s'emparer de tous les leviers de commande.
Le président se doit, en effet, d'être l'expression du (fragile) équilibre des " décideurs " et ne doit en aucun cas pouvoir être tenté de devenir le chef à part entière. Cet impératif est à l'origine de la plupart des conflits qui s'expriment au sommet de l'Etat. La volonté d'Abdelaziz Bouteflika de transgresser cette règle, déstabilisant du même coup les équilibres du sérail, inquiète aujourd'hui au plus haut point les généraux. Car le divorce patent entre la société et l'ensemble du système risque de conduire le clan vainqueur en 2004 à vouloir sacrifier les vaincus.
L'enjeu est crucial. Du coup, une bonne partie de la presse privée n'en finit pas d'égrener les turpitudes financières, réelles ou exagérées, du chef de l'Etat et de ses frères-conseillers. Cette campagne n'y suffisant pas, le général (en retraite) Khaled Nezzar, ancien homme fort du régime qui se comporte toujours comme tel, ainsi qu'Abdelmoumène Khalifa sont venus relayer ces assauts médiatiques. Pour accabler Bouteflika, l'ex-milliardaire algérien en faillite et en fuite est sorti d'un silence qu'il n'avait même pas jugé utile de rompre pour expliquer à des centaines de milliers …
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